Travailler sur et avec l’OIT

Cet ouvrage rassemble une partie des contributions présentées lors du colloque international qui s’est tenu durant trois jours en juin 2019 à Paris pour célébrer le centenaire de l’OIT à l’initiative du ministère du Travail français, et en son sein du Comité d’histoire des administrations chargées du travail de l’emploi et de la formation professionnelle (CHATEFP)1. Ce colloque, intitulé « Justice sociale et travail décent : 100 ans d’action de l’OIT », fut l’occasion de souligner la vitalité de la recherche sur l’OIT et d’interroger la manière dont elle a récemment analysé les missions qui sont au cœur de la constitution de 1919, tout particulièrement la justice sociale, la démarchandisation du travail et l’universalité. Il convient d’emblée d’exprimer notre reconnaissance envers les nombreuses institutions (inter)gouvernementales, associatives et scientifiques, qui ont soutenu cette entreprise de longue haleine amorcée au début de l’année 20182.

 

Marine Dhermy-Mairal, Sandrine Kott, Isabelle Lespinet-Moret, Marieke Louis,
2024, Éditions de la Sorbonne.

Notes de bas de page

1Voir le programme du colloque en annexe.

2Outre le ministère du Travail, ce colloque a bénéficié du soutien matériel, logistique et financier des institutions suivantes, sans ordre de priorité : l’OIT, le Bureau de l’OIT pour la France et son directeur Cyril Cosme, l’Association française pour l’OIT, le Conseil économique, social et environnemental, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, le Groupe d’études sur le travail et la santé au travail (Gestes), le laboratoire PACTE, le Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (CHS) et l’université de Genève. Le rôle du Comité d’histoire des administrations chargées du travail de l’emploi et de la formation professionnelle (CHATEPF) et de sa présidente Agnès Jeannet a été particulièrement décisif pour permettre la tenue du colloque.

3Un numéro spécial de la revue Le mouvement social avait constitué une étape scientifique en vue de ce centenaire sous la direction de Sandrine Kott, « La justice sociale dans un monde global. L’Organisation internationale du travail (1919-2019) », Le mouvement social, 263, 2018, p. 3-14.

4Marieke Louis, « Le parent pauvre de la gouvernance économique mondiale ? L’Organisation internationale du travail face aux crises de 1929 et de 2008 », Le mouvement social, 263, 2018, p. 45-60.

5Jasmien Van Daele, « The International Labour Organization (ILO) in Past and Present Research », International Review of Social History, 53/3, 2008, p. 485-511.

6Pour une histoire et une bibliographie complète, voir la dernière synthèse de Daniel Maul, L’Organisation internationale du travail. 100 ans de politique sociale à l’échelle mondiale, Genève, Bureau international du travail, 2019.

7Voir la contribution de Natali Stegmann dans ce volume.

8Isabelle Lespinet-Moret, Vincent Viet (dir.), L’Organisation internationale du travail. Origine, développement, avenir, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 14.

9Alya Aglan, « Albert Thomas, historien du temps présent », Les cahiers Irice,2,2008, p23-38 et la contribution de Adeline Blaskiewicz dans ce volume.

10Voir à cet égard : Bureau international du travail, Dix ans d’organisation internationale du travail, préface par Albert Thomas, Genève, Bureau international du travail, 1931. Voir aussi sur la politique de la mémoire au BIT : Sandrine Kott, « Kann es transnationale Erinnerungsorte geben? Das Beispiel der International Labour Organisation », dans Kirstin Buchinger, Claire Gantet, Jakob Vogel (dir.), Europäische Erinnerungsräume, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2009, p. 281-296.

11Voir la contribution de Roser Cusso dans ce volume.

12Manuela Tortora, Institution spécialisée et organisation mondiale. Étude des relations de l’OIT avec la SDN et l’ONU, Bruxelles, Bruylant, 1980.

13Sur la déclaration de Philadelphie comme symbole et promesse, voir Alain Supiot, L’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total, Paris, Seuil, 2010.

14Sur David Morse, voir Daniel Maul, « The Morse Years: the ILO 1948-1970 », dans Jasmien Van Daele et al(dir.), ILO Histories: Essays on the International Labour Organization and Its Impact on the World during the Twentieth Century, Berne, Peter Lang, 2010, p. 365-400.

15On mentionnera ici la contribution de Michele Sollai sur cette question lors du colloque mais non reproduite dans cet ouvrage.

16Thomas Cayet, Rationaliser le travail, organiser la production, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

17Antony Alcock, History of the International Labour Organisation, New York, Octagon Books, 1971 ; Victor-Yves Ghebali, Organisation internationale et guerre mondiale. Le cas de la Société des nations et de l’Organisation internationale du travail pendant la Seconde Guerre mondiale, thèse de doctorat soutenue à l’université de Grenoble en 1975 qui sera publiée bien plus tardivement sous le titre : The International Labour Organisation: A Case Study on the Evolution of UN Specialized Agencies, Dordrecht, Martinus Nijhoff Publishers, 1989.

18Voir en particulier Ernst Bernard Haas, Beyond the Nation-State, Stanford, Stanford University Press, 1964. Dans un article de 1948, David Mitrany faisait de l’OIT l’organisation fonctionnaliste par excellence : David Mitrany, « The Functional Approach to World Organization », International Affairs, 24/3, 1948, p. 350-363.

19Yves Beigbeder, « The United States’ Withdrawal from the International Labor Organization », Relations industrielles/Industrial Relations, 34/2, 1979, p. 223-240.

20Voir la contribution de Luciana Zorzoli dans ce volume.

21Voir en particulier Robert Cox, « Labor and Hegemony », International Organization, 31, 1977, p. 385-424.

22Jasmien Van Daele et al. (dir.), ILO Histories, op. cit. ; voir aussi Stefano Bellucci, Holger Weiss (dir.), The Internationalisation of the Labour Question: Ideological Antagonism, Workers’ Movements and the ILO since 1919, Londres/New York, Palgrave McMillan, 2020.

23Isabelle Lespinet-Moret, Vincent Viet (dir.), L’Organisation internationale du travail, op. cit. ; Sandrine Kott, Joëlle Droux (dir.), Globalizing Social Rights: The International Labour Organization and Beyond, Londres/New York, Palgrave Macmillan, 2013.

24https://www.ilo.org/century/lang–en/index.htmVoir aussi l’ouvrage produit par le BIT : Gerry Rodgers et al., The International Labour Organization and the Quest for Social Justice, 1919-2009, Genève, Bureau international du travail, 2009.

25Voir une liste non exhaustive sur https://www.ilo.org/century/publishing​/selectedacademicpublications/lang–en/index.htm .

26BIT, Edward Phelan and the ILO: the Life and Views of an International Social Actor, Genève, International Labour Office, 2009 ; Dorothea Hoehtker, Sandrine Kott (dir.), À la rencontre de l’Europe au travail. Récits de voyages d’Albert Thomas (1920-1932), Paris, Presses de la Sorbonne/OIT, 2015.

27Jill M. Jensen, Nelson Lichtenstein (dir.), The ILO from Geneva to the Pacific Rim: West Meets East, Londres/New York, Palgrave Macmillan/ILO, 2016.

28Daniel Maul, Human Rights, Development and Decolonization: The International Labour Organization, 1940-1970, Londres/New York, Palgrave Macmillan/ILO, 2012.

29Eileen Boris, Dorothea Hoehtker, Susan Zimmermann (dir.), Women’s ILO: Transnational Networks, Global Labour Standards and Gender Equity, 1919 to Present, Leyde, Brill, 2018.

30Jean-Michel Bonvin, L’Organisation internationale du travail. Étude sur une agence productrice de normes, Paris, Presses universitaires de France, 1998.

31Georges Scelle, L’Organisation internationale du travail et le BIT, Paris, M. Rivière, 1930. Sur le rôle des juristes et du droit international et social, voir notamment Dzovinar Kévonian « Les juristes de l’Organisation internationale du travail, 1919-1939. Processus de légitimation et institutionnalisation des relations internationales », Journal of the History of International Law,12/2, 2010, p. 227-266.

32Francis Maupain, « Revitalization Not Retreat: the Real Potential of the 1998 ILO Declaration for the Universal Protection of Workers’ Rights », European Journal of International Law, 16/3, 2005, p. 439-466.

33Francis Maupain, The Future of the International Labour Organization in the Global Economy, Oxford, Hart Publishing, 2013.

34Anne Trebilcock, Decent Work and the Informal Economy, New York, United Nations University, 2005.

35On pourra aussi mentionner les travaux d’autres juristes reconnus et régulièrement cités sur (et par) l’OIT : Philip Alston (dir.), Labour Rights as Human Rights, Oxford, Oxford University Press, 2005 ; Steve Charnovitz, « Promoting Higher Labor Standards », The Washington Quarterly,18/3, 1995, p. 167-190 ; Isabelle Duplessis, « La déclaration de l’OIT relative aux droits fondamentaux au travail : une nouvelle forme de régulation efficace ? », Relations industrielles, 59/1, 2004, p. 52-72.

36Nicole Maggi-Germain (dir.), L’impact des normes de l’OIT sur la scène internationale, Paris, Mare et Martin, 2021.

37Voir entre autres, mais tout particulièrement, l’article de Dorothea Hoehtker, « Un siècle de recherche sur le monde du travail : un regard historique sur la Revue internationale du travail (1921-2021) », Revue internationale du travail (publié en ligne le 27 juin 2022, https://​onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ilrf.12247 )

38Robert W. Cox, « ILO: Limited Monarchy », dans Robert W. Cox, Harold K. Jacobson (dir.), The Anatomy of Influence. Decision Making in International Organizations, New Haven, Yale University Press, 1973.

39Guy Standing, « The ILO: An Agency for Globalization? », Development and Change, 39/3, 2008, p. 355-384.

40Deux manuels écrits par des historiennes et historiens illustrent cette approche : Madeleine Herren, Geschichte Der Internationalen Organisation, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2009 ; Bob Reinalda, Routledge History of International Organizations: From 1815 to the Present Day, Londres/New York, Routledge, 2009. Pour l’OIT, voir la bibliographie dans l’ouvrage cité supra de Daniel Maul.

41Sur ce point, voir Martin H. Geyer, Johannes Paulmann (dir.), The Mechanics of Internationalism: Culture, Society, and Politics From the 1840s to the First World War, Oxford, Oxford University Press, 2001. Voir aussi un exemple dans Sandrine Kott, « Dynamiques de l’internationalisation : l’Allemagne et l’Organisation internationale du travail (1919-1940) », Critique internationale, 52/3, 2011, p. 69-84. Voir aussi Glenda Sluga, Internationalism in the Age of Nationalism, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2013.

42La discussion sur ce thème a pris des formes différentes depuis la fin du xixe siècle. À titre d’exemple, le point de vue de Gunnar Myrdal, Beyond the Welfare State, New Haven (Connecticut), Yale University Press, 1960. Gunnar Myrdal, social-démocrate suédois, a dirigé la United Nations Economic Commission for Europe de 1947 à 1957. Il invite à dépasser le Welfare State qui serait selon lui trop étroitement centré sur la nation.

43Edward Weisband, « Discursive Multilateralism: Global Benchmarks, Shame, and Learning in the ILO Labor Standards Monitoring Regime », International Studies Quarterly, 44/4, 2000, p. 643-666.

44Marieke Louis, Qu’est-ce qu’une bonne représentation ? L’Organisation internationale du travail de 1919 à nos jours, Paris, Dalloz, 2016 ; Marieke Louis, Coline Ruwet, « Representativeness From Within: A Socio-Historical Account of the Concept and its Uses through the Comparison of the ILO and the ISO », Globalizations, 14/4, 2017, p. 535-549.

45Jan Orbie, Lisa Tortell (dir.), The EU and the Social Dimension of Globalization. How the EU Influences the World,Londres, Routledge, 2009. Contrairement à ce que le titre peut laisser penser, plusieurs contributions portent sur le rôle de l’OIT.

46Bob Deacon, Global Social Policy in the Making: The Foundations of the Social Protection Floor,Bristol, Policy Press, 2013.

47Marine Dhermy-Mairal, « Du danger des enquêtes savantes. Faire œuvre de science dans l’entre-deux-guerres au Bureau international du travail », Revue d’histoire moderne et contemporaine,4/62, 2015, p. 7-32 ; Marine Dhermy-Mairal, Isabelle Lespinet-Moret, « Réalités de terrain et terrain des réalités. Les enquêtes du Bureau international du travail entre 1920 et 1940 », dans Eric Geerkens et al. (dir.), Les enquêtes ouvrières dans l’Europe contemporaine, Paris, La Découverte, 2019, p. 301-315.

48Jules Duchastel, René Audet, « Démocratie, société civile et institutionnalisation de la gouvernance mondiale à l’OIT et à l’OMC », Études internationales, 39/4, 2008, p. 511-536 ; Marieke Louis, L’Organisation internationale du travail et le « travail décent ». Un agenda social pour le multilatéralisme, Paris, L’Harmattan, 2011.

49Marieke Louis, Lucile Maertens, Why International Organizations Hate Politics. Depoliticizing the World,Londres, Routledge, 2021.

50Leah F. Vosko, « “Decent Work”: the Shifting Role of the ILO and the Struggle for Global Social Justice », Global Social Policy, 2/1, 2002, p. 19-46 ; Gerard W. Boychuk, « Social Protection Guarantees as Legal Rights? The International Labour Organization, the United States, and the American “National Context” », Global Social Policy, 14/3, 2014, p. 319-332 ; Marieke Louis, « The ILO, the Social Partners and the G20. New Prospects for Social Dialogue at the Global Level? », Global Social Policy, 16/3, 2016, p. 235-252.

51Karim Fertikh, Julien Louis, « Du droit international au droit européen. Une sociologie du droit social comme entreprise de cause », Revue française de science politique, 69/1, 2019, p. 137-156. Voir aussi à cet égard Sandrine Kott, Sylvain Leutwyler, « Juriste internationaliste et militant socialiste : l’engagement d’Alexandre Berenstein (1909-2000) en faveur de la protection sociale », Revue d’histoire de la protection sociale, 1, 2021, p. 50-69.

52Un autre volet des études sur les migrations a été abordé lors du colloque dans la contribution de Babacar Fall sur les migrations de travail des jeunes.

53C’était notamment l’objet de la contribution de Willetta Waisath, Bijetri Bose et Jody Heymann lors du colloque.

54Outre l’ouvrage déjà cité, signalons tout particulièrement les travaux de Françoise Thébaud qui était présente lors du colloque, et en particulier son ouvrage qui rend compte de manière magistrale de l’activité d’une fonctionnaire du BIT : Françoise Thébaud, Une traversée du siècle. Marguerite Thibert, femme engagée et fonctionnaire internationale, Paris, Belin, 2017. Voir aussi les contributions, lors du colloque, de Eileen Boris et Magaly Rodriguez Garcia sur le travail sexuel.

55Marieke Louis, « Emplois verts ou emplois tout court ? L’OIT et l’environnement (1970-2015) », Études internationales, 47/1, 2016, p. 81-105.

56Marieke Louis, « Le multilatéralisme social par temps de crise : l’Organisation internationale du travail à l’épreuve du Covid-19 », L’économie politique,87, 2020, p. 59-70.

Source :

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