Le SEMESTRE d’EQUAL TIMES (arrêté au 01/01/2025)

 ARTICLE 1 

L’inquiétante explosion des actes violents envers les travailleurs – et surtout les travailleuses – de la santé

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Teresa Valle a subi plusieurs agressions, mais elle se souvient de la première beaucoup plus clairement que des autres. C’était en 2007, dans la salle d’attente du service des urgences. Alors enceinte de huit mois, elle s’approche d’un patient souffrant d’une forte rage de dents. Pour le soulager pendant l’attente, elle lui apporte un analgésique et un verre d’eau. « Il me l’a jeté au visage », explique la doctoresse en revivant la scène, 17 ans plus tard. « Cela ne m’a pas blessé physiquement, mais cela m’a blessé en mon for intérieur. »

Après cette première agression, il y en a eu une deuxième, une troisième, puis une quatrième. Il y a eu des menaces de mort, des insultes, des tentatives de gifles. Il y a eu plusieurs procès et plusieurs ordonnances d’éloignement. Tel est le bilan de 20 ans d’exercice de la médecine, l’envers d’une vocation auquel elle ne s’attendait pas. « Je n’étais pas la seule touchée, tous mes collègues l’étaient aussi. À la fin de notre service en fin début de soirée, nous avions l’habitude de nous raccompagner les uns les autres jusqu’à la voiture, par précaution ».

Les professionnels de la santé sont régulièrement victimes de violences ; ils sont la cible facile d’une société qui a choisi de décharger sa colère sur ceux qui sont là pour la soigner. Ce phénomène touche le monde entier.

À travers le monde, 25 % des victimes de violence au travail sont des soignants, et plus de 60 % d’entre eux ont subi une forme ou autre de violence.

C’est le symptôme d’une pathologie sociale (de manière générale, la violence au travail touche aujourd’hui un travailleur sur cinq) qui se propage de manière plus virulente dans le domaine de la santé. Plus que dans l’enseignement (qui représente 7 % des agressions), les transports (également 7 %) ou la police (5 %) à titre d’exemple.

Des institutions telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT) la qualifient d’« urgence internationale », avec des implications pour les professionnels eux-mêmes, mais aussi pour l’ensemble des systèmes de santé. « Un jour, un patient nous a menacés avec une paire de ciseaux », explique la Dr Valle. « Je me suis enfermée dans les toilettes, j’étais morte de peur. Pourquoi dois-je subir une telle expérience alors que je ne fais que mon travail ? »

 

Un manque de données

Pendant longtemps, les agressions contre le personnel soignant sont restées un problème dont on ne parlait qu’à voix basse entre collègues. « Comme pour la violence de genre, tout était caché. Le professionnel souffre parce que son rôle de guérisseur est remis en question. La victime elle-même se sent coupable. Elle sent qu’elle s’est fourvoyée et elle en a honte », analyse pour Equal Times José Manuel Bendaña, membre de l’Observatoire des agressions de l’Ordre des médecins espagnols.

Ce n’est qu’au tournant du siècle que le phénomène a été porté à la connaissance du public. En 2002, l’OMS et l’OIT ont publié les premiers « Directives cadres pour lutter contre la violence au travail dans le secteur de la santé ». Depuis lors, la priorité a été accordée à la quantification de cette violence, afin de déterminer son étendue. En 2010, l’Espagne a été l’un des premiers pays à se doter d’un observatoire. Celui-ci a été mis en place par l’Ordre des médecins après l’assassinat d’une collègue médecin perpétré par un patient.

 

 ARTICLE 2 

La Turquie est l’un des endroits les plus dangereux au monde pour travailler (et l’un des plus hostiles envers les syndicats)

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De tous les accidents du travail mortels dont il a été témoin et qu’il a recensés dans son pays, la Turquie, Murat Çakir ne saurait effacer de sa mémoire celui qui a coûté la vie à un enfant nommé Ahmet Yıldız. Il regarde avec tristesse les photos qu’il a conservées de lui sur son téléphone portable. Ahmet avait seulement 13 ans lorsqu’il est mort écrasé par une machine de pressage dans l’usine d’Adana où il travaillait. Il y touchait une cinquantaine d’euros par semaine, qui lui servaient à payer son école. Malgré la gravité du drame, l’employeur a tenté d’étouffer l’affaire : lors de l’admission de l’enfant à l’hôpital, il a déclaré qu’il s’agissait d’un accident de la route. Malgré la gravité des faits et ses déclarations mensongères, le propriétaire, Ali Koç, n’a passé que trois mois en prison sur les cinq ans auxquels il avait été initialement condamné pour homicide involontaire. Le tribunal a commué cette peine au versement d’une amende de 30.040 livres turques (environ 790 euros au cours de 2013), payable en 24 mensualités.

Dans un entretien avec Equal Times à Istanbul, M. Murat Çakir, coordinateur et bénévole de la plateforme İşçi Sağlığı ve İş Güvenliği Meclisi (ISIG) (Observatoire de la santé et de la sécurité au travail) a expliqué que les parents d’Ahmet ne pouvaient pas parler aux médias, le propriétaire de l’usine ayant offert une somme d’argent en échange de leur silence. Pour M. Çakir et sa plateforme, plus que de simples accidents du travail, il conviendrait de parler de « meurtres liés au travail ». « Nous préférons les qualifier ainsi car ces décès auraient pu être évités si des mesures de sécurité adéquates avaient été prisesC’est l’employeur qui est en faute », explique-t-il.

 

Le pire pays en termes de mortalité liée au travail

La Turquie affiche l’un des taux les plus élevés d’accidents du travail en Europe et dans le monde. Au cours des neuf premiers mois de 2024, au moins 1.371 travailleurs y ont perdu la vie dans des accidents du travail, selon les derniers chiffres de l’ISIG. Le nombre de décès enregistrés pour l’ensemble de l’année 2023 s’élève à 1.932. À titre de comparaison, le nombre total d’accidents du travail ayant entraîné la mort – recensés par an dans l’ensemble de l’UE – s’élevait à 3.347, selon les données les plus récentes d’Eurostat.

Les secteurs tels que la construction, l’agriculture et les services sont ceux qui enregistrent le plus grand nombre de décès. Le secteur de la construction reste le plus meurtrier – avec les chutes de hauteur parmi les accidents les plus fréquents – et l’agriculture l’un des moins protégés, où les travailleurs sont les plus vulnérables.

De fait, en Turquie, les employeurs réduisent souvent leurs coûts au détriment de la sécurité de leurs travailleurs. L’absence de dispositifs de protection et les mauvaises conditions de travail sont des facteurs qui contribuent directement au nombre alarmant de décès. Balim Idil Deniz, avocate et bénévole de l’ISIG, souligne que « si le travailleur porte un casque ou un harnais, il ne peut pas se déplacer aussi vite que l’exige l’employeurLes travailleurs se retrouvent donc à devoir choisir entre leur sécurité et leur travail. »

« Il ne s’agit pas de simples statistiques, mais de personnes, de pères, de mères et d’enfants qui partent travailler et ne reviennent jamaisLe système du travail en Turquie les considère comme remplaçables, mais pour leurs familles, ces décès détruisent toutIl s’agit de meurtres, et quelqu’un doit être tenu pour responsable », a déclaré M. Çakir.

Le coordinateur de l’ISIG accuse également les entreprises occidentales opérant en Turquie de faire passer leurs profits avant la sécurité des travailleurs, en réduisant les coûts dans ce domaine. « Les entreprises occidentales investissent en Turquie non pas en raison de la qualité du travail, mais parce qu’elles peuvent exploiter les travailleurs avec moins de règles de sécurité et des salaires plus bas », explique-t-il.

Les décès dus à des accidents dans des secteurs clés tels que la construction et l’agriculture représentent déjà près de 50 % de l’ensemble des accidents du travail mortels. Selon l’ISIG, cette hausse se doit, en partie, à l’augmentation du nombre d’emplois temporaires et faiblement rémunérés, qui ne sont pas assortis des mesures de sécurité requises.

 

 

 ARTICLE 4 

La souffrance des travailleurs d’Amazon en Inde alerte sur le besoin d’un traité mondial encadrant le pouvoir démesuré des multinationales

 

Alors que les températures autour du centre de distribution d’Amazon à Manesar, dans le nord de l’Inde, frôlaient les 45 degrés au début de l’été, Priyanka [nom d’emprunt] se souvient comment les responsables de la société ont réuni les travailleurs pour leur faire prêter serment de ne pas interrompre leur travail pour aller aux toilettes ou boire de l’eau, et ce, afin d’atteindre un objectif donné de production.

« Personne n’a refusé de prêter serment », explique-t-elle à Equal Times par téléphone depuis Manesar. « Les travailleurs avaient peur de perdre leur emploi s’ils ne suivaient pas les injonctions des responsables. Ils sont soumis à une forte pression financière et ne comprennent pas que la société n’a pas le droit d’agir de la sorte ».

Priyanka explique qu’elle est tenue de déplacer et ranger 150 articles par heure, 10 heures par jour, sous peine d’être licenciée si elle baisse le rythme. Certains articles étant très lourds, le travail en est non seulement douloureux, mais aussi éreintant.

Ce jour-là, le 16 mai 2024, les températures locales étaient tellement élevées que des oiseaux tombaient littéralement du ciel. Et pourtant, « des responsables nous suivaient, surveillaient la liste [des articles à trier], alors nous nous sommes juste concentrés sur notre travail », déclare-t-elle. « Ils nous criaient dessus en nous poussant à en faire toujours plus, mais il faisait tellement chaud qu’il nous était difficile de faire quoi que ce soit ».

Sunniye, une employée de la zone de chargement de l’usine, explique que la chaleur était « si forte qu’il fallait se couvrir de vêtements pour éviter de brûler au soleil, mais cela voulait dire que les travailleurs transpiraient, étaient déshydratés et souffraient d’épuisement ».

Priyanka raconte qu’au cours des deux années qu’elle a passées dans l’entrepôt, une vingtaine de travailleurs se sont effondrés sur le sol et ont été envoyés à l’hôpital du fait qu’ils travaillaient dans une telle chaleur. Ces travailleurs (et les collègues qui les accompagnent à l’hôpital) voient leur salaire être réduit de façon régulière.

Un porte-parole d’Amazon India, qui a demandé à ne pas être nommé, a déclaré à Equal Times que l’entreprise se conformait à toutes les lois et réglementations et offrait à ses employés « un salaire compétitif, des conditions de travail confortables et une infrastructure spécialement conçue ». D’après lui, Amazon avait mis en place des mesures de refroidissement et de surveillance de la chaleur dans tous ses bâtiments, et avait également assuré « un approvisionnement plus que suffisant en eau froide et en boissons hydratantes, ainsi que des pauses régulières dans un environnement plus frais ».

Interrogé sur les événements du 16 mai, le représentant de l’entreprise a déclaré qu’Amazon avait « mené une enquête détaillée, trouvé un incident isolé de mauvais jugement de la part d’un individu qui était totalement inacceptable et contraire à [leurs] politiques, et pris des mesures disciplinaires ».

 ARTICLE 5 

En Italie, une banlieue postindustrielle de Naples se bat pour récupérer une mer saine

 

S’ouvrant sur les eaux turquoise de la Méditerranée, bordée de falaises, la plage de Bagnoli, à l’extrême ouest de Naples, a tout pour être un havre de sérénité. Or c’est loin d’être le cas.

« Nous ne pouvons pas nous baigner à cause de l’extrême pollution causée par l’ancienne zone industrielle », explique Anja Raggia, une résidente de la localité. « La pollution toxique est également propagée par le vent et provoque l’apparition de tumeurs et d’autres maladies parmi les habitants. »

Derrière la plage, l’horizon est hanté par les vestiges du passé industriel. Jusqu’en 1992, Bagnoli accueillait l’une des plus grandes aciéries d’Italie, gérée par l’entreprise nationale Italsider, dans une vaste zone industrielle qui produisait également du ciment et de l’amiante. Des années après la fermeture de ces usines, un grand nombre d’études évaluées par des pairs révèlent la persistance dans l’eau et le sol de concentrations élevées de substances dangereuses, souvent cancérigènes.

Cette pollution a également des répercussions sur les moyens de subsistance de la population : la pêche a été un secteur vital pour Naples depuis sa création en tant que ville et avant-poste de la Grèce antique. Pourtant, à Bagnoli, à l’instar d’autres anciens sites sidérurgiques en Italie, l’industrie a « gravement pollué » les zones côtières avoisinantes, entraînant des « effets génotoxiques sur les poissons et les mollusques ».

 

La plage appartient à tout le monde… en principe

Naples est la ville la plus importante du sud de l’Italie et la troisième plus grande ville du pays après Rome et Milan. Elle est connue pour sa gastronomie, ses rues chaotiques, sa riche histoire et son récent déclin économique.

« Naples est bordée par 25 kilomètres de côtes dont l’accès est interdit en raison de la pollution », explique Rossario Nasti à Equal Times. Originaire de Naples, il participe à Mare Libero (« Libérez la mer »), un mouvement citoyen italien qui lutte pour une mer saine et accessible.

« Le port est inaccessible à cause des navires de croisière et autres. D’autres parties sont inaccessibles car elles appartiennent à des propriétaires privés. »

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 ARTICLE 6 

En Australie, le soin aux personnes âgées entre avancées historiques et défis immenses

 

Linda Hardman commençait à trouver le temps long. Aide-soignante en maison de retraite depuis plus de 20 ans, jamais elle n’avait connu d’avancées aussi importantes que lors des deux dernières années pour ses conditions de travail.

Hausses de salaires et reconnaissance d’une profession « sous-évaluée » par les plus hautes instances australiennes, telles sont ces avancées. Le ciel semble enfin s’éclaircir pour Linda, et pour l’ensemble de sa profession, après des années de lutte. « [Par le passé], on a bien eu les augmentations habituelles obtenues par des négociations avec les entreprises, mais on a toujours été sous-payées », indique-t-elle.

Mais en mars dernier, la Fair Work Commission, tribunal chargé des relations de travail en Australie, a pris une décision historique pour les aides-soignantes et autres travailleuses en maison de retraite ou à domicile. Reconnaissant une « sous-évaluation » de l’ensemble des métiers du secteur, le régulateur ordonnait ainsi une augmentation des salaires de base, allant jusqu’à 28,5%. Une hausse prenant en compte une augmentation de 15% déjà annoncée fin 2022 par le gouvernement australien.

Une victoire pour les différents syndicats ayant porté l’affaire devant la Fair Work Commission, le Health Services Union (HSU) et la Nurses and Midwives Federation Association (NMFA), mais surtout pour les nombreuses employées de ce secteur essentiellement féminin.

 

Inflation et bas salaires

Il faut dire que ces dernières années, la situation était devenue invivable. Entre la pandémie de Covid-19, la hausse du coût de la vie en Australie, et des conditions de travail grandement détériorées, Linda accueille les décisions de la Fair Work Commission et du gouvernement avec joie.

« Je vis seule, je suis veuve, j’ai trois enfants adultes et cinq petits-enfants, je suis locataire… Ajoutez à cela l’augmentation du coût de la vie… Quand je vais recevoir cette augmentation, ça va améliorer ma qualité de vie, c’est certain », affirme l’aide-soignante. En Australie, l’inflation a atteint 7,8% à son pic en décembre 2022. Et les grandes villes du pays ont été frappées par une importante crise du logement. La région de l’Illawarra, au sud de Sydney, où habite Linda, n’a pas été épargnée.

« J’ai eu deux hausses de loyer successives. Avec ça vous faites des calculs, vous êtes obligée de faire attention… L’augmentation des salaires va rendre les choses un peu différentes », explique celle déléguée syndicale, qui doit prendre sa retraite dans trois ans.

Aussi loin qu’elle se souvienne, Jocelyn Hofman ne se rappelle pas, elle non plus, d’avoir déjà obtenu une victoire aussi significative. Elle se bat pourtant depuis de longues années pour l’obtention de meilleures conditions de travail avec le New South Wales Nurses and Midwives Association (NSWNMA), le principal syndicat des infirmières et des aides-soignantes dans l’état de Nouvelle-Galles du Sud.

 

 ARTICLE 7 

Stockage sûr des déchets nucléaires : Malgré des contextes sociaux et politiques très différents, l’Allemagne, la Finlande et la France confrontées au problème

 

« Cela ressemble à un tableau  », déclare Jean-Pierre Simon, en montrant du doigt la rangée d’arbres vert foncé qui sépare les champs et qui scintille à présent dans le soleil couchant. C’est un paysage qu’il admire depuis des décennies. « Mais bientôt, une ligne de chemin de fer et un train transportant des déchets nucléaires traverseront cet horizon », déplore l’agriculteur, le ton amer. Cela fait trois générations que sa famille vit ici, près de Bure, dans le département de la Meuse, dans le nord-est de la France. La question qui se pose aujourd’hui est combien de générations resteront encore ici pour cultiver ces champs à l’avenir.

« Notre objectif est de concilier l’économie et notre planète », a promis Ursula von der Leyen lorsqu’elle a présenté l’adoption du Pacte vert européen en 2019, peu après son arrivée à la présidence de la Commission européenne. Deux ans plus tard, le Parlement européen adoptait la Loi européenne sur le climat, qui promettait de rendre l’Union européenne neutre du point de vue climatique à l’horizon 2050. L’année suivante, en 2022, le Parlement européen convenait de classer les investissements dans le gaz naturel et l’énergie nucléaire parmi les sources d’énergie respectueuses du climat. Lors des dernières élections européennes, organisées en juin 2024, le Parti populaire européen (centre-droit), dirigé par Mme von der Leyen, a de nouveau obtenu la majorité des sièges.

Les États membres de l’UE restent toutefois divisés quant à la nécessité d’investir dans l’énergie nucléaire et de tabler sur elle. Il y a d’une part la France, qui produit actuellement environ 70 % de son électricité grâce à l’énergie nucléaire et qui a récemment adopté une loi visant à faciliter la construction de six (et jusqu’à 14) nouveaux réacteurs. En 2023, le premier réacteur européen à eau pressurisée (EPR) de Finlande, situé dans la seconde centrale nucléaire du pays, Olkiluoto, a commencé sa production régulière ; la première centrale nucléaire du pays, Loviisa, a été mise en service en 1977. Alors que certains pays de l’UE, comme la Pologne, prévoient de construire leur première centrale nucléaire dans les années à venir, d’autres, comme l’Allemagne, ont renoncé à la production d’énergie nucléaire. Les dernières centrales nucléaires du pays ont été fermées en avril 2023.

Mais le processus de production d’énergie nucléaire lui-même n’est pas le seul à susciter la controverse, surtout après les ravages causés par les accidents de Tchernobyl (en Ukraine, en 1986) et de Fukushima (au Japon, en 2011). Les pays qui ont produit et utilisé l’énergie nucléaire, comme la France, l’Allemagne et la Finlande, sont tous confrontés à la même question : comment traiter les déchets nucléaires en toute sécurité ?

 

Finlande : détracteurs réduits au silence et soutien massif

La Finlande est considérée comme l’un des précurseurs en matière d’énergie nucléaire. Il y a une vingtaine d’années, la municipalité d’Eurajoki, dans l’ouest de la Finlande, acceptait non seulement la construction d’un réacteur nucléaire EPR, mais aussi l’excavation d’Onkalo. Il s’agit d’un dépôt de combustible nucléaire irradié, dont le nom signifie « cave » en finnois. Ce dépôt deviendra le premier du genre au monde lors de son inauguration, prévue en 2025, au terme d’une construction dont le coût s’élève à 900 millions d’euros (999,53 millions de dollars US). Le coût total devrait atteindre 5 milliards d’euros (5,55 milliards de dollars US).

Géré par l’entreprise énergétique finlandaise Posiva Oy et situé à environ 240 kilomètres d’Helsinki, il est installé à 400 mètres sous terre, à même le socle de granit. Onkalo deviendra le lieu de stockage définitif des barres de combustible nucléaire usé provenant des cinq réacteurs du pays : trois sur l’île d’Olkiluoto, à proximité immédiate et deux à Loviisa, dans le sud-est du pays.

Le projet Onkalo fonctionne selon le modèle KBS-3, développé pour la première fois en Suède : les barres de combustible usé sont insérées dans des cylindres de cuivre, qui forment la première barrière afin qu’aucun rayonnement ne soit émis et qu’aucune matière radioactive rejetée. Les cylindres sont ensuite placés dans des fentes creusées dans le granit. Enfin, de l’argile bentonite scelle les capsules de cuivre dans leurs fentes, remplit les tunnels de dépôt et sert de tampon entre le cuivre et le granit.

 

Sélection de Victor Serge


 

Publication partielle avec l’aimable autorisation d’Equal Times.


By Equal Times, sélection par Victor Serge

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