Syndicalisme aux États-Unis : La dynamique est-elle croissante ou décroissante ?

Il y a deux ans, le Bureau of Labor Statistics a publié des chiffres actualisés sur le taux de syndicalisation pour 2022. Le nombre de syndiqués a augmenté de plusieurs centaines de milliers. Mais comme d’habitude, la part des travailleurs syndiqués dans l’ensemble de la main-d’œuvre américaine a diminué par rapport à l’année précédente, passant cette fois de 10,3 % à 10,1 %. (En raison de la croissance continue de la main-d’œuvre, qui s’élève en moyenne à 1,5 million de personnes par an, ce chiffre a atteint le niveau historiquement bas de 10 %).

Recension des livres :

Hamilton Nolan, The Hammer : Power, Inequality, and the Struggle for the Soul of Labor, Hachette Books, 2024, 260 pp.

Eric Blanc, We Are the Union : How Worker-to-Worker Organizing is Revitalizing Labor and Winning Big, University of California Press, 2025, 312 pp.

Par Steve Early, New Politics, Winter 2025 (New Politics Vol. XX No. 2, Whole Number 78), https://newpol.org/review/looking-up-or-down-for-labor-revitalization/

Comme le rapporte Hamilton Nolan, chroniqueur syndical à In These Times, dans son nouveau livre, The Hammer, il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle après « une année au cours de laquelle les syndicats ont été historiquement populaires auprès du public, les campagnes syndicales de haut niveau ont été largement couvertes par la presse grand public, et les démocrates ont contrôlé Washington ».

Deux dirigeantes syndicales, présentées dans le livre de M. Nolan, ont eu des réactions différentes. Liz Shuler, nouvelle présidente de l’AFL-CIO, a salué « l’élan du moment que nous vivons » et le grand nombre de « travailleurs qui se soulèvent malgré l’opposition illégale d’entreprises qui préfèrent payer des millions à des firmes antisyndicales plutôt que de donner aux travailleurs un siège à la table ».
Sara Nelson, présidente de l’Association of Flight Attendants/CWA et membre du conseil exécutif de l’AFL-CIO, s’est montrée plus critique. Selon elle, « ces chiffres sont incroyablement décevants » et indiquent que « le mouvement syndical n’est pas à la hauteur du moment ». Pour mieux répondre au « désir réel des travailleurs de se syndiquer », elle estime que ce dernier devra faire « quelque chose d’assez extraordinaire ».

Dans The Hammer et dans We Are the Union, qui vient d’être publié par Eric Blanc, les deux auteurs abordent une question récurrente à laquelle est confrontée la gauche syndicale, à savoir quel type de rupture avec les pratiques habituelles, au sein du mouvement syndical, permettrait à un plus grand nombre de travailleurs d’obtenir la reconnaissance de leur syndicat, de décrocher leur premier contrat et de faire grève.

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Sources :

■ Sur Presse-toi à Gauche ! (Canada), en français, traduction MG avec DeepL.et Google pour Presse-toi à Gauche.
■ Sur New Politics, en anglais, article original.
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Autorisation générale de publication intégrale des articles de Presse-toi à Gauche ! (Canada).
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A LIRE, en accès libre.
■”Comment les syndicats américains comptent résister à Trump”, interview de ́Marsha Niemeijer de Labor Notes par Ludovic Simbille, Rapports de Force, 26 mars 2025.
■”Dix fédérations syndicales nationales des USA , représentants plus de 3 millions de syndiqués, appellent à résister à Trump”, Labor Notes, Natasha Elena Uhlmann, 8 avril 2025, en anglais.
■”Etats-Unis. Pourquoi une grève générale est prévue le 1er mai 2028″’, Entretien avec Clément Petitjean, sociologue et maître de conférences en études américaines à l’université Panthéon Sorbonne, par Guillaume Bernard, Rapports de Force, 25 janvier 2025.
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A LIRE et A VOIR, en accès libre, sur l’action “Hands Off” (“Pas Touche”).  Ce n’était pas une action contre les augmentations des droits de douane et le “choix” entre le maintien d’un ordre économique multilatéral neolibéral ou un nouvel impérialisme douanier américain mais un vaste mouvement contre les mesures prises par Trump  de démantèlements juridiques, budgétaires, financiers et de l’emploi de l’Etat fédéral américain et de ses agences dans les aspects sociaux, de travail, environnementaux, des politiques de santé et d’égalité de genre. Ce mouvement était organisé le 5 avril 2025, dans 1400 (200 de plus que les 1200 pré-inscrites) villes dans 50 Etats des USA ainsi que dans certaines à l’étranger, à laquelle ont participé, selon Democracy Now (émission quotidienne radiophonique de gauche aux USA, relayée par 1500 radios et fréquences,.y compris internet) plus de un million de citoyens américains, dont plus de 60000 à Washington DC (selon notamment les syndicats américains affiliés à l’Internationale des Services publics, plus de deux millions de participants aux USA).
Une recherche simple via Google permet de visualiser diverses vidéos et divers reportages, présentant des prises de vues en hauteur et du ciel, qui montrent l’ampleur des rassemblements et la longueur des cortèges dans diverses villes américaines, dont Boston, Chicago, Détroit, Saint Paul, New York, Washington, San Francisco, San Diego, Denver, Philadelphie, Atlanta.
On est loin des comptes rendus rapides de la presse mainstream, sur base d’identiques communiqués d’agences,  systématiquement repris, à l’identique,  quelle que soit la langue,  annonçant “des milliers” au lieu “des centaines de milliers” ou “plus de un million”. Une sélection ci-après.
●”Photos.Des foules immenses lors des rassemblements anti Trump et Musk Touche pas aux États-Unis”, Newsweek, photos et 1 vidéo.
●”Photos.Des foules immenses se rassemblent dans tout le pays contre l’Administration Trump”,  ABC News, 9 photos, dont  New York, vue de la manifestation.