Dans un précédent article sur l’impact néfaste de l’espèce humaine sur les écosystèmes terrestres, nous concluions qu’une très bonne manière d’être moins destructeurs des environnements qui assurent notre survie était de cultiver et de manger autrement. La malbouffe industrielle étant clairement aussi mauvaise pour notre santé que pour celle de la planète, beaucoup de nos contemporains commencent, lentement, à modifier leurs comportements liés à l’alimentation.
Hélas, pour manger alternatif, il faut trouver des filières de production et de commercialisation qui ne soient pas récupérées par le système productiviste. Dans son n°9 de l’hiver 2017-2018 notre confrère Médor y allait rudement : « Le bio à la masse » titrait-il pour dénoncer « les dérives d’un marché en explosion ». De fait, il aurait été bien naïf de croire que le capitalisme, qui a la redoutable capacité de tout récupérer, n’allait pas tenter de s’emparer d’un marché potentiellement aussi « juteux ».
Déjà, en mai 2017, POUR rencontrait les Paysans-Artisans installés à Floreffe et présentait leur vision de ce que devrait être une agriculture paysanne et coopérative. Benoit Dave, fondateur et administrateur de la coopérative à finalité sociale résumait bien les grands types de motivations qui font qu’un nouveau marché émerge dans le secteur de l’agriculture et de l’alimentation. Il y a ceux qui sont d’abord concerné par leur santé et celle de leur famille. Ceux-là s’orientent vers le bio mais ne se préoccupent pas trop des conditions sociales et économiques qui président à la production de leurs aliments. Il y a aussi ceux qui soutiennent des circuits courts et donc les productions locales dans une logique de soutien économique régionale qui parfois dérive par la dangereuse « préférence nationale (avez-vous fleurir ces petits drapeaux nationaux sur les emballages dans les supermarchés – make our nation great again ? ). Enfin, il y a, hélas peut-être pas majoritaires qui réfléchissent à un projet de société global, avec des objectifs de mieux sur les plans social et environnemental et de santé publique, pas seulement individuelle. Voyons d’abord la réalité du secteur.
Des données impressionnantes pour le bio
Pour ce qui est de l’alimentation bio, les chiffres (Les Carnets de l’Agence bio – France) reflètent une accélération rapide en Europe, tant pour la production que pour la consommation.
Pour ce qui est de la production, fin 2015, près de 269.000 exploitations agricoles cultivaient 11,2 millions d’hectares en bio, soit 6,2% de la surface agricole utile de l’Union européenne. Entre 2014 et 2015, le nombre de fermes et la surface bio ont progressé de 4,7 et 9,2%. Ces chiffres encourageants masquent cependant des réalités fort différentes comme le révèle la carte ci-dessous.
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Alain Adriaens