La maison brûle et nous nous disputons pour le partage des bibelots

En 2002, Jacques Chirac déclarait au sommet de Johannesburg, « La maison brûle et nous regardons ailleurs ». Aujourd’hui, nous ne voyons même plus à travers les vitres de l’habitat tant celui-ci est enfumé. Et nous commençons à toussoter. Cependant, plutôt que de chercher à éteindre l’incendie, nous discutons, à l’intérieur, du partage de l’héritage. A quoi les migrants ont-ils droit, chez nous, en vertu de ce que nous leur avons pris, à travers la colonisation, la mondialisation et le consumérisme ?

La fourmi n’est pas prêteuse, les possesseurs ne veulent rien céder. Et se tournent avec fascination vers les dirigeants populistes qui leur rappellent les années 30 du XXe siècle.

La deuxième guerre mondiale et la période qui l’a précédée, ne cesse de fasciner. Un libraire néerlandais, surpris par le succès des ventes de Mijn strijd, traduction commentée de Mein Kampf, relayait l’avis d’un de ses clients : « C’est plein de bonnes idées là-dedans »[1].

Ce sombre passé a cet avantage sur l’avenir qu’il est bien connu. Poursuivre son exploration rassure visiblement un grand nombre de citoyens pour lesquels la RTBF programme, très régulièrement, des documentaires sur la 3, revenant sur la guerre 40-45. Hitler est honni et adulé en même temps.

Pendant ce temps, les alertes concernant les menaces sur le vivant, les changements climatiques, la perte de biodiversité, la raréfaction des ressources, se multiplient de jour en jour. Ces alertes lancées depuis belle lurette par nombre de scientifiques, experts, acteurs de la société civile et certains partis politiques, semblent butter contre l’inertie voire la surdité et l’aveuglement volontaire d’une grande partie de l’opinion publique et de ceux qui les représentent.

Les autruches

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Antoinette Brouyaux


[1]Hitlers Mijn strijd verkoopt als een trein: klant zei dat het vol goeie ideeën staat”. De Morgen, 14/09/18