L’héritage de José Carlos Mariátegui

HOMMAGE.

José Carlos Mariátegui, né le 14 juin 1894 et mort le 16 avril 1930 à 36 ans, il y a 95 ans, surnommé “le premier marxiste sud américain”, également surnommé le “gramsci péruvien”, est né dans une famille péruvienne pauvre.
Référence incontournable des gauches marxistes et non marxistes latino-américaines, il reste peu connu en Europe.
Écrivain, journaliste (il a travaillé au début de sa carrière de journaliste pour les journaux La Prensa et El Tiempo) mais également organisateur politique (il est un des fondateurs en 1928 du Parti Socialiste péruvien qui deviendra en 1930 le Parti Communiste péruvien ), intellectuel (fondateur de la revue marxiste Labor) et organisateur syndical (il est un des fondateurs en 1930 de la CGTP), il a placé la question indigène au cœur de sa pensée.
Il est l’auteur notamment de Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne et de Défense du marxisme.

 

Assis dans le célèbre « Rincón Rojo » (coin rouge) de la maison-musée José Carlos Mariátegui, située dans le quartier de Jesús María à Lima, au Pérou, Jonce Palmer, de ¡Lucha y Resiste!, a eu le plaisir d’être aux côtés du Dr Ricardo Felipe Portoca26rrero Grados, directeur du musée de 2011 à 2014 et conseiller des archives José Carlos Mariátegui. Dans cette interview, nous avons discuté de la vie et de l’œuvre de Mariátegui, de son impact sur l’histoire du Pérou et de son héritage aujourd’hui pour la gauche révolutionnaire péruvienne et internationale.

Lucha y Resiste !: Qui était Mariátegui et comment est-il devenu important dans l’histoire du Pérou ?

Ricardo Portocarrero : José Carlos Mariátegui était un homme politique et un intellectuel péruvien considéré, selon une phrase très connue d’Antonio Melis, comme « le premier marxiste d’Amérique [latine] ». Il a été qualifié ainsi non pas parce qu’il y avait auparavant des personnes qui se déclaraient marxistes, mais parce que l’œuvre de Mariátegui est considérée comme une œuvre originale du marxisme latino-américain, pratiquement fondatrice d’un marxisme qui, bien que né en Europe, cherche à interpréter la réalité péruvienne afin de la transformer.

La portée de l’œuvre de Mariátegui est essentiellement due à la revue Amauta. C’est grâce à cette revue que Mariátegui a pris contact non seulement avec des intellectuels et des dirigeants ouvriers ou paysans de presque tout le Pérou, mais aussi avec des personnalités de presque toute l’Amérique latine : d’Argentine, du Chili, de Cuba, du Costa Rica et du Mexique. En Europe, il avait également des contacts, bien que la présence d’Amauta y fût moindre.

C’est ce vaste réseau d’échanges politiques et intellectuels qui s’est articulé autour du magazine Amauta qui a valu à Mariátegui, de son vivant, une telle reconnaissance au niveau national et international. C’est également grâce au magazine Amauta que les Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne ont été connus.