Éloge d’un printemps en voie de disparition

Et si le printemps pouvait disparaître? Cette question inquiète autant les scientifiques que les historiens et philosophes, qui rappellent les visages multiples de cette saison du renouveau, de la guerre et de la révolution. (Marie Dougnac)

 

La menace du dérèglement climatique

Si les scientifiques parlent d’une disparition du printemps, c’est que la saison intervient toujours plus tôt dans l’année et tend à raccourcir, prise en tenaille entre des hivers plus doux et des étés plus précoces. Une mutation qui n’est pas sans conséquences pour le monde vivant et agricole. Les plantes sont programmées pour déclencher leur croissance lorsqu’elles détectent une hausse de température et un allongement des jours (grâce à un pigment photosensible). Au fil des siècles, plantes et insectes pollinisateurs ont évolué pour émerger à la même période: les insectes disposaient alors de nectar pour se nourrir, et pouvaient féconder les plantes et assurer leur reproduction. Mais la rapidité du dérèglement climatique bouleverse cette synchronisation entre plantes et insectes, ce qui affecte leur développement, mais aussi les espèces qui s’en nourrissent, et dont dépend le reste de la chaîne alimentaire. En se développant plus tôt, les plantes exposent aussi leurs bourgeons à des orages ou des froids intenses – de plus en plus fréquents au printemps – avec des risques de pertes économiques importantes pour les agriculteurs, surtout quand leurs cultures sont peu diversifiées.