Des lits, pas des applis ! 

 

Les services de réanimation des hôpitaux sont actuellement surchargés, c’est la chose la plus connue en France ces jours-ci. Pour plusieurs raisons: parce que les malades atteints le plus gravement par le Covid-19 nécessitent un séjour très long, semaines, parfois un mois  parce que le nombre de lits d’hôpital et de personnel est en constante diminution depuis des décennies, et enfin parce que la politique de prévention est presque inexistante (elle se limite au confinement, faute de mieux et de tests). 

Malgré tout, l’hôpital a «tenu». Pourquoi? Un peu grâce au confinement, un peu parce qu’on a réorienté certains malades depuis les régions les plus touchées par le Covid-19 vers celles qui l’étaient moins, beaucoup grâce à l’abnégation du personnel et, aussi et peut-être surtout, parce que la technocratie a, contrainte et forcée par la situation, desserré sa contrainte sur l’organisation du travail à l’hôpital et laissé un peu de marge de manœuvre aux soignants. 

De nombreux témoignages confirment le surgissement d’une liberté inédite. Le directeur du centre hospitalier universitaire de Bordeaux constate l’arrêt de la tarification à l’acte (la fameuse et honnie T2A): «Ce mécanisme ne fonctionne plus [1].» Un chef de cardiologie à l’hôpital Bichat : «Dans cette crise, plus de temps pour les divisions et les obstacles entre les différents acteurs de l’hôpital. L’urgence a prévalu. Cette solidarité a d’ailleurs fait resurgir au sein de l’hôpital un climat étrange de “bienveillance mutuelle”, où ce qui était compliqué et bureaucratique quelques jours plus tôt devenait subitement plus fluide et simple [2].»