Piazza della Loggia, une histoire militante

Le 28 mai 1974, une bombe explosait à Brescia (Lombardie)  lors d’une manifestation antifasciste organisée par les syndicats italiens et le Comité antifasciste, faisant 8 morts et 102 blessés. Ce 3 avril 2025, 51 ans après les faits, suite à la 4eme instruction pénale, le tribunal pour mineur de Brescia a condamné pénalement à 30 ans de prison Marco Tofolani, 68 ans aujourd’hui, 17 ans à l’époque, militant de l’organisation néofasciste Ordine Nuovo, comme exécutant ayant posé la bombe.

Le procès se poursuit quant au jugement d’un second accusé devant la Cour d’assise de Brescia.
L’information a été diffusée par l’avocat de la CGIL, syndicat italien anciennement proche du Parti Communiste Italien (PCI) aujourd’hui disparu, et de la Chambre du Travail de Brescia, parties civiles.
L’attentat de Brescia faisait partie d’une série d’actions violentes (dont une tentative de coup d’état) et d’attentats (outre Brescia, notamment, l’attentat de la Piazza Fontana à Milan, 16 morts et 88 blessés, l’attentat de la Gare de Bologne, 85 morts et 200 blessés, l’attentat du train Italicus Express, 12 morts et 48 blessés, le massacre d’Acca Larenzia, 3 morts et 1 blessé, la liste est longue) en Italie menés par l’extrême-droite néofasciste italienne Ordine Nuovo et d’autres organisations néofascistes, dont la responsabilité est établie, connue sous le nom de stratégie de la tension et dont le but était de favoriser la mise en place d’un Etat autoritaire et de contrer l’arrivée pressentie du PCI au pouvoir.
Les condamnations ont été rares, essentiellement des exécutants, de nombreux organisateurs et responsables ayant pu fuir, l’Etat italien ayant traité avec un laxisme certain, tant au niveau des instructions judiciaires qu’au niveau des jugements (lors du premier procès de Brescia, tous les accusés furent relâchés malgré les preuves), les violences et les  attentats de l’extrême droite néofasciste, qui ont par ailleurs fait plus de morts et de blessés que ceux de l’extrême-gauche armée, telle les Brigades Rouges, traitée elle judiciairement et pénalement avec une forte sévérité.
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Victor Serge,
chroniqueur POUR,
25 mai 2025 .

Il y a cinquante ans, le massacre fasciste de Brescia : il servait à mettre fin aux luttes et à bloquer le glissement vers la gauche de l’Italie

Le matin du 28 mai 1974, sous une pluie battante, se tient sur la Piazza della Loggia, à Brescia, le rassemblement antifasciste organisé par le Cupa (Comité unitaire permanent antifasciste) à la suite de la montée des violences fascistes qui se sont succédé ces derniers mois dans la ville et la province : agressions contre des piquets de grève devant les usines et des élèves, attentats contre des sièges de partis de gauche et lettres de menace envoyées aux journaux. Dans la nuit du 19 mai, Silvio Ferrari, membre d’Ordine Nuovo, meurt dans un attentat à la bombe dans le centre-ville, sur la Piazza del Mercato. Il transportait une bombe à retardement sur sa Vespa.

À 10 h 12, ce 28 mai, une bombe explose sur la Piazza della Loggia. Six manifestants sont tués sur le coup, plus d’une centaine sont blessés. Deux autres antifascistes mourront par la suite. L’engin explosif avait été placé dans une poubelle, à côté d’une colonne de l’arcade qui délimite le côté est de la place. Sous les Macc de le ure. Cinquante ans plus tard, la colonne est toujours ébréchée, rappelant aux passants distraits l’horreur du massacre.

 

Anna Clara Basilico et Michele Borra,
28 mai 2024,
traduction POUR Press


*Michele Borra, diplômé en sciences philosophiques à l’université de Vérone, est rédacteur à Radio Onda d’Urto. En 2022, il a suivi un cours de perfectionnement en théorie critique de la société à l’université de Milan-Bicocca.
Anna Clara Basilicò est doctorante à l’université de Padoue et à Ca’ Foscari. Elle s’intéresse à l’histoire de la prison au début de l’ère moderne, en particulier aux prisons du Saint-Office.
Cet article est le fruit des réflexions collectives qui ont émergé lors de la préparation et du déroulement du colloque
28 mai 1974-2024. 50 ans après le massacre de la Piazza della Loggia organisé par Radio Onda d’Urto le 11 mai dernier. La photo est de Gabriele Chiesa.

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Source :
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Article en accès libre sur Jacobin Italie et à diffusion autorisée sur les réseaux sociaux.
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A LIRE, en accès libre, sur Pressenza Italie, par Alessandro Marescotti, président de PeaceLink Italie.
■”Massacre fasciste de Brescia : la condamnation après 51 ans confirme les complicités institutionnelles et atlantiques”, 4 avril 2025, article en italien.
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A LIRE, en accès libre, les articles en français de Marco Tagliabue, journaliste suisse.
́Le premier article, accompagné d’une vidéo, retrace avec précision le dossier de Marco Toffaloni, militant d’Ordine Nuovo, organisation néofasciste, les preuves de sa présence et d’avoir posé la bombe en 1974 à Brescia, sa présence en Suisse et une naturalisation mystérieuse qui interdit aujourd’hui son extradition.
■Sur le site de RTS.
●”Condamné à 30 ans de prison pour un attentat meurtrier en Italie en 1974, il vit tranquillement en Suisse”, Marco.Tagliabue, 14 avril 2025.
■ Sur le site de SwissInfo.
●”L’auteur condamné du massacre de Brescia vit à Landquart”, Marco Tagliabue, 17 avril 2025.

 


By Jacobin

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