Les paysan∙ne∙s d’Europe disent « Non à l’accord UE-Mercosur »

La coopérative de presse POUR est née il y a 5 ans dans le cadre de la lutte de la société civile belge contre les traités de libre-échange dont on sait les ravages qu’ils causent à la majorité des secteurs économiques, au seul profit des grandes multinationales.Malgré des arguments forts et de vastes mobilisations dans tous les pays, alors que la crise sanitaire due au Covid-19 fait comprendre que les circuits courts et que la production locale de l’alimentation sont à soutenir en priorité, les dirigeants européens persévèrent dans la logique néolibérale et continuent à vouloir signer des accords de libre-échange dont les effets sociaux, économiques et environnementaux seront dévastateurs.

Devant la perspective d’un accord avec les pays d’Amérique du Sud regroupés dans le Mercosur, les agricult∙eur∙rice∙s et particulièrement les petits paysans savent qu’un tel accord menacera la survie des dernières exploitations qui ne sont pas soumises à la logique agro-industrielle. Dès lors, via un communiqué de presse conjoint de 43 organisations d’agriculteurs de 14 pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne (dont la Galice et le Pays basque), France, Italie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suisse – ainsi que les organisations faîtières Coordination européenne Via Campesina (ECVC), European Milk Board (EMB) et Biodynamic Federation – Demeter International), les familles d’agricult∙eur∙rice∙s d’Europe demandent à leurs gouvernements respectifs de rejeter l’accord UE-Mercosur, et ce 2 jours avant la réunion, les 20 et 21 septembre 2020, des ministres du Commerce de l’UE qui pourraient arrêter cette mise à mort de la petite agriculture européenne.

Guy Francq, membre du MIG-EMB (fédération des producteurs laitiers de Belgique explique : « L’accord UE-Mercosur prévoit d’accroître les importations, par exemple, de viande, de sucre et de soja en provenance des pays du Mercosur, dont la production devient de plus en plus industrielle en raison de l’orientation agressive vers l’exportation. L’Amazonie, pourtant cruciale pour le climat et la biodiversité, doit se plier à ce système. Cette évolution s’accompagne également de violations des droits humains. Les agricult∙eur·rice·s et les paysan·ne·s en Europe font face à des défis importants pour produire des aliments d’une manière respectueuse du climat et du bien-être animal, ce qui entraîne une augmentation des coûts pour les exploitations. Cependant, les importations croissantes et non qualifiées des pays du Mercosur intensifient la pression sur les coûts pour les familles d’agricult∙eur·rice·s et paysan·ne·s européen·ne·s. Cette politique commerciale et les écarts entre les normes environnementales, sociales et de production au profit de l’agro-industrie, accélèrent le déclin des agricult∙eur·rice·s et paysan·ne·s sur les deux rives de l’Atlantique. »

Des dizaines d’organisations européennes se sont dès lors unies pour demander une réorientation complète de la logique suicidaire du commerce international et donc « non pas des corrections mais un nouveau départ pour une politique commerciale qui permette des prix équitables, qui protège le climat et garantisse les droits humains ! »

Nous reproduisons ci-dessous l’appel à l’aide des associations paysannes.

A.A.

Les familles d’agricult∙eur∙rice∙s d’Europe demandent le rejet de l’accord UE-Mercosur

Le 28 juin 2019, la Commission européenne et les pays du Mercosur1 se sont entendus au niveau politique sur un accord de libre-échange. Celui-ci fera augmenter les volumes des importations vers l’UE de viande de bœuf, de volaille et de porc, ainsi que de sucre, de biocarburants et de soja en provenance de ces pays. Une ouverture bilatérale du marché est également prévue pour certains produits laitiers, bien que ces marchés soient déjà soumis à une pression intense. Pendant sa présidence du Conseil, l’Allemagne entend réaliser des « progrès rapides » vers la conclusion d’un accord.