Inviter l’intime en écologie : un acte politique de l’écoféminisme ?

Le projet de Mycelium est d’œuvrer à soutenir les mouvements divers qui s’appellent initiatives de transition, mouvements des communs, désobéissant.e.s, résistant.e.s, “effondristes”… Face aux destructions des modes de vies humains et autres qu’humains auxquels nous assistons, ces mouvements se créent, s’organisent, se connectent. Ils partagent une volonté de lutter contre ces destructions et dénoncent les systèmes de domination et d’exploitation (capitalistes, patriarcaux, (néo)-coloniaux).
Le texte ci-dessous aborde de manière approfondie le sujet de l’écoféminisme. Il a fait l’objet d’une publication sur le site de Mycelium (http://www.mycelium.cc/2020/06/29/inviter-lintime-en-ecologie-un-acte-politique-de-lecofeminisme-2/). POUR remercie l’auteure, Laura Silva Castañeda et Mycelium d’avoir autorisé la reprise de cette analyse en nos pages. Nous la publierons en deux parties.

Première partie – Le lien à la terre
Les mobilisations écoféministes surprennent par leur joie et leur inventivité
L’écoféminisme gagne du terrain dans nos contrées francophones[i], après une longue période d’indifférence, voire de rejet à son l’égard. Les barrières s’estompent, laissant place à une redécouverte enthousiaste et résolument bienvenue en ces temps de désastres écologiques. À l’instar du contexte de menace nucléaire ayant vu l’émergence de ce mouvement, notre époque engendre peur, colère, sentiment d’impuissance et de profonde tristesse. Et c’est sans doute de l’accueil et de la métamorphose de ces émotions qu’il tire l’une de ses forces. Les mobilisations écoféministes surprennent par leur joie et leur inventivité : la force de la vision et de l’imaginaire, de l’art, du théâtre, de l’esthétique, des rituels. L’expérience ressentie, le corps et l’émotion y reprennent leurs droits face aux chiffres et aux grands discours politiques. À la fois courant d’action et de pensée, l’écoféminisme suscite aujourd’hui un engouement certain dans divers milieux féministes et écologistes et ce pour de multiples raisons, chacun se le réappropriant à partir de ses propres sensibilités.