Détricotage des politiques écologiques : le grand retour de bâton. Entretien avec François Gemenne

Alors que la troisième conférence de l’ONU sur l’océan vient de s’achever, en France, les reculs sur l’écologie se multiplient : « mise en pause » des aides à la rénovation thermique, restrictions des normes d’artificialisation des sols, autorisation de pesticides dangereux, suppression des zones à faible émission. Le « backlash » (retour de bâton) concernant l’écologie est spectaculaire, au niveau politique comme dans le monde des entreprises. Pourtant, l’opinion reste favorable à des choix écologiques ambitieux. Comment l’expliquer ? Comment y remédier ? Entretien avec le politiste François Gemenne.

The Conversation : Comment analysez-vous les choix politiques faits par le gouvernement Bayrou ou par des alliances parlementaires qui rassemblent généralement le centre, la droite et l’extrême droite – mais aussi LFI – pour la suppression des zones à faibles émission ?

François Gemenne : À l’évidence, il y a une tendance de fond, et elle est très inquiétante. Ces reculs témoignent du fait qu’en France, l’engagement écologique a été contraint et pas choisi. Il s’agissait de le faire parce que les scientifiques alertaient, parce que les militants alertaient, mais nous n’avons pas réussi à faire de l’écologie un vrai projet économique, social et démocratique.