Le MR sur une droite pente ?

Publié le par Cyril Iskada Wintjens

Depuis quelques mois, le MR grossit ses rangs de personnalités issues d’une extrême droite assumée en Belgique francophone. Doit-on s’inquiéter d’une fascisation du MR ? Petit florilège des nouveaux recrutements et leur pedigree.
Attention, cet article contiendra des propos et images qui peuvent heurter la sensibilité. Trigger warning : racisme

C’est par un nom désormais assez connu que nous ouvrons notre liste : Noa Pozzi, anciennement tête de liste à Liège pour le parti Chez Nous.
Crée en 2021 par Jérôme Munier et Grégory Vanden Bruel, deux anciens membres du Parti Populaire, Chez Nous se focalise sur : “l’identité, l’immigration, la sécurité, la fiscalité, la bonne gestion publique et l’écologie de terroir et de proximité”
Sur leur site, parmi leurs propositions, nous pouvons y lire entres autres : l’interdiction des minarets, l’instauration d’une politique de préférence nationale dans le logement et l’emploi, la lutte active contre “le racisme anti-blanc” ou encore la plaidoirie pour que l’on puisse arborer sa plus belle blackface afin de représenter la fière culture wallonne en la personne de Père Fouettard. Devrait-on s’étonner de cette dernière revendication, aussi risible qu’anecdotique quand l’on voit cette photo de Noa Pozzi ?

L’arrivée de Noa Pozzi au MR fut riche en rebondissements, tant, même au sein des libéraux, son arrivée ne semblait pas être bien accueillie. Des levées de bouclier se sont fait entendre et non des moindres puisqu’en la personne de Sophie Wilmès : “Nous aurions dû être consultés en interne“. Même les Jeunes du MR y sont allés de leur communiqué : “Cela s’inscrivait en contradiction avec nos valeurs démocratiques, de tolérance et d’inclusion.”
A Liège, il y eut également des mobilisations pour demander l’expulsion du nouveau venu.
Et pourtant, c’est Georges-Louis Bouchez, lui-même, qui a décidé d’intégrer Noa Pozzi au MR. Un fonctionnement interne au parti qui permet donc au président d’agir faisant fi de l’avis des élus locaux. Ce qui, comme nous le verrons plus bas, ne plaît pas à tous les membres du MR.

 

Le panthéon du racisme

Noa Pozzi n’est pas qu’un sympathique ancien membre de Chez Nous, il fut également leader du réseau Europe Patriot Network (qui rassemble des partis comme l’AFD, le Vlaams Belang, le RN ou encore le PVV de Geert Wilders, que d’aimables partis démocratiques donc) jusqu’en 2024. Enzo Alias, le nouveau président du réseau a été au centre d’un scandale suite à une photo de lui faisant un salut nazi. Il y a quelques semaines, ce réseau organisait une conférence à Bruxelles, le premier lieu ayant annulé l’événement suite à la mobilisation antifasciste, c’est le parlement flamand qui proposa de recevoir les joyeux lurons.

Noa Pozzi, donc, récemment arrivé au MR, avec le blanc-seing de Georges Louis Bouchez.  Interrogé sur la question par SudInfo, il s’était fendu d’une envolée lyrique : « Je suis fier d’être le seul rempart contre toutes les formes d’extrémisme et de radicalisme. Je lutte efficacement contre l’extrémisme en ramenant ces gens dans le giron démocratique alors que de grands donneurs de leçon font part de leurs jugements. Mais que font-ils concrètement pour ramener ces personnes dans le jeu démocratique ? »
De son côté, Noa Pozzi fera amende honorable sur les réseaux en écrivant avoir : “définitivement tourné la page de cette partie de ma vie“. Tout en déclarant en août 2024 que : “Cela ne veut évidemment pas dire que j’oublierai mon passé politique ou que je renierai mes valeurs et mes convictions profondes”
Et de fait, il ne semble pas avoir (encore ?) renié ses anciennes valeurs, car seulement presque deux mois après son entrée fracassante au MR, voilà ce qu’on pouvait lire sur ses réseaux, comme nous l’apprend Merlin Gevers via Facebook  :

Loin d’être anecdotique, cette nouvelle recrue dans les rangs du MR semble plutôt être le parachèvement d’une extrême-droitisation du MR qui s’opère. Car il est loin d’être le seul, à graviter autour du parti libéral :

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