Cet article est tiré d’un travail de recherche effectué dans le cadre d’un mémoire de master en architecture. Celui-ci portait sur nos relations aux territoires, en se concentrant sur un cas d’étude : le territoire de la Sablière de Schoppach à Arlon. Plus précisément, il se penchait sur l’évènement particulier qui a pris place sur ce territoire à un moment donné : la ZAD de la Sablière, aussi appelée la Zablière.
Nous reprenons ici un chapitre de ce mémoire portant sur les Institutions. Celui-ci tente de cerner les différentes institutions (publiques, privées, citoyennes) impliquées dans ce territoire qu’est la Sablière de Schoppach. Il parvient à cela en déterminant quels sont leurs niveaux d’implication, quels sont leurs but et les degrés de pouvoirs ou d’influences que celles-ci possèdent, mais aussi quelles sont leurs relations –géographiques, sociales, économiques – au territoire concerné. Cette enquête permet de mettre en avant les liens complexes et parfois inextricables qui tiennent ses institutions, parfois entre elles-mêmes, à des personnalités ou à des territoires. Mais elle permet aussi d’éclairer davantage ce qu’il s’est passé sur ce territoire et pendant la lutte qui y a pris place, quelles étaient les forces en jeu. Pour donner une prolongation à cette enquête, on abordera d’autres moyens de faire société, la possibilité de nouvelles institutions, à la fois par la théorie et quelques exemples, mais aussi par le concret, avec ce qui a été mis en place à la ZAD de la Sablière, sur le territoire même qui est au centre de cette recherche.
Celle-ci commence à occuper le territoire de la Sablière en octobre 2019, suite à l’appel de riverains qui voient en cette occupation un dernier recours pour protéger le site, classé comme site de grand intérêt biologique par la Région Wallonne. Commence alors une occupation illégale du territoire, dans le but de le protéger conte le projet de zoning industriel qui y est projeté, et qui est considéré comme destructeur -par des citoyens, des riverains et d’autres militants-, inutile et imposé.
Le 15 mars 2021 à cinq heures du matin, la ZAD de la Sablière est évacuée. Les neufs occupant.es présent.es sur le site sont arrêté.es par la police, mis en garde à vue. Certains d’entre eux et elles sont relâchés le jour suivant, d’autres sont gardés plus longtemps, pour divers motifs. Dans la foulée de cette action, toutes les installations du site sont détruites, les cabanes et autres constructions sont démantelées, tous les objets confisqués ou jetés. La ZAD, physiquement, n’existe plus. Tout ce qui s’y est construit pendant plus d’une année est annihilé en quelques heures par les « forces de l’ordre », ne laissant sur le sol que des débris et autres sillons de machines lourdes de destruction. Quelques semaines plus tard, c’est une bonne partie des arbres ainsi que la végétation présents sur le site qui font les frais de découpes massives. Il ne reste alors sur le site que des vestiges qui évoquent à la fois cette forêt passée, mais aussi la vie qui a pris place dans celle-ci pendant plus d’un an.
Mais de quoi témoignent ces vestiges ? Qu’on-t-il voulu construire, ces occupant.es du site, qu’il ait fallu à ce point tout raser et en laisser le moins de traces possibles ? Quelles histoires ont été créées ici ?
« C’est ici le constat que l’on peut faire : malgré les nombreuses oppositions, malgré les différents moyens de contrôle des décisions ou les systèmes de participation citoyenne, il semblerait que ce soit toujours d’autres intérêts, estimés « plus grands », qui l’emportent. On remarque, dans ce cas-ci de la Sablière de Schoppach en tout cas, la relative inefficacité des associations de citoyens à faire valoir leurs droits et volontés.»
« Si elle met ici en exergue les différents niveaux d’influences à l’œuvre sur un territoire, elle met également en avant dans son ouvrage le fait que « tel un bulldozer géant, le capitalisme apparaît toujours comme écrasant la Terre sous le poids de ses seuls impératifs », et que cette « économie globale aura été la pièce centrale du progrès ».»
« C’est ici le constat que l’on peut faire : malgré les nombreuses oppositions, malgré les différents moyens de contrôle des décisions ou les systèmes de participation citoyenne, il semblerait que ce soit toujours d’autres intérêts, estimés « plus grands », qui l’emportent. On remarque, dans ce cas-ci de la Sablière de Schoppach en tout cas, la relative inefficacité des associations de citoyens à faire valoir leurs droits et volontés.»