La mise en commun sur la ZAD d’Arlon : que retenir?

En octobre 2019, un appel à venir occuper le site de la Sablière de Schoppach durant un week-end est lancé par des riverains d’Arlon. Cette manifestation a pour but de sensibiliser et montrer une opposition au projet de zone économique artisanale prévu à cet endroit. Le 26 et 27 octobre 2019, ce qui devait être un événement ponctuel et limité dans le temps, se prolonge au-delà du simple rassemblement manifestant.

 

Des personnes commencent à occuper le terrain de façon pérenne, faisant basculer l’opposition au projet (jusqu’ici se déroulant sur le territoire légal de l’opposition juridique) dans une autre dimension de lutte : une occupation continue et organisée. La surprise est présente, autant pour certains militants que pour l’intercommunale, comme des responsables d’Idelux le signalent dans le Républicain Lorrain deux semaines plus tard : « Ça nous dépasse complètement. On pensait que quelques écolos viendraient le week-end pour manifester leur opposition puis partiraient le dimanche soir. Mais on est bien obligés de constater qu’ils sont encore là, et qu’ils ont bien l’intention de rester. »

Dans la foulée de cet appel à protester, c’est pendant plus d’un an que le site de la Sablière va être occupé. Cette occupation, par ses caractéristiques spécifiques, mais aussi par revendication des acteurs eux-mêmes, s’inscrit dans la lignée des mouvements d’occupation que sont les ZAD.

 

De la mise en commun

Sur la ZAD d’Arlon, on voit se mettre en place des processus de gestion du territoire différents des modèles qui sont à l’œuvre dans nos sociétés. Le principe dominant qui sous-tend ces modes de gestion et de décision est celui de « mise en commun ».

 

Les cabanes Abricot, abris et espaces communs, jouaient par exemple un rôle central dans la vie et les prises de décision communes. L’Abricot centre regroupait, sous son toit, les cuisines communes, un salon-bibliothèque (espace de rassemblement, détente et lecture) et un espace dinatoire qui se transformait, une fois les beaux jours arrivés, en lieu où des évènements prenaient place tels que des concerts ou autres « jam ». D’autres structures s’articulaient autour de celui-ci, tel qu’un espace de stockage pour les outils nécessaires aux différents chantiers de la ZAD ou encore un « free shop ». Aux alentours de ce rassemblement de constructions, on retrouvait un brasero ainsi que de nombreux sièges et autres mobiliers qui permettaient de s’y rassembler facilement. À l’entrée de l’Abricot centre était accrochée une pancarte indiquant certaines règles à suivre quant à l’utilisation de la cuisine, alors qu’au salon-bibliothèque, un tableau affichait les différentes tâches quotidiennes ainsi que les activités prévues sur la ZAD. C’est également dans ce lieu que se pratiquaient les assemblées générales, fréquentes, ou que se déroulaient les fêtes le soir.

On remarque donc que cet espace, situé au centre de la zone, jouait plusieurs rôles importants. Il devient à la fois zone de divertissement, de rencontres informelles, d’activités communautaires, de débats et de prises de décisions.