Rareté, récence et réticence : sur la médiatisation de la « délinquance environnementale »

 

Nous avons trouvé ce texte sur le site de « entre les mots entre les lignes ». Comme nous avons décidé d’un échange entre nos articles et les leurs, nous publions  donc ce texte qui aborde le fonctionnement des médias et sur la manière dont ils rendent compte des problèmes environnementaux. Vu la longueur du texte nous le publierons en deux parties.

Partie I

Entretien avec le chercheur en sciences sociales (et compagnon de route d’Acrimed)) Grégory Salle, auteur de Qu’est-ce que le crime environnemental ?, Seuil, 2022.

 

Acrimed – On sait que le traitement médiatique de la question environnementale en général « n’est pas à la hauteur des enjeux »,comme l’exprimaient par exemple des associations de journalistes spécialisés en janvier. Dans le premier chapitre de Qu’est-ce que le crime environnemental ?, tu t’intéresses à l’un des aspects de cette question. Et le premier constat que tu fais, quelle que soit l’acception du concept de « crime environnemental » (à grands traits : une acception juridique qui prend en compte les atteintes illégales à l’environnement vs une acception sociologique qui inclut aussi certaines atteintes légales), c’est celui de la « rareté des sujets qui sont consacrés » au « thème de la délinquance ou de la criminalité environnementale au cours des dernières décennies ». Peux-tu présenter ta méthode de comptage et l’idée qui la guide ?

Grégory Salle – À vrai dire, ce comptage est fait lui aussi « à grands traits » ! Dans le cadre de cet essai, je me suis contenté de présenter les grandes lignes, de donner des ordres de grandeur, qui restent à affiner. L’idée de départ, c’était de vérifier l’impression selon laquelle des notions comme « délinquance écologique » ou « criminalité environnementale » n’avaient pas réussi à s’imposer dans le débat public, en tout cas qu’elles n’étaient pas d’usage courant ou régulier dans le discours médiatique. A priori leur « potentiel de succès » ne paraît pas mince… Et il y a bien des termes qui, en quelques années, deviennent quasiment incontournables, pour le meilleur et pour le pire (« résilience »…). Pourquoi donc cet insuccès ?