One Ocean Summit : lettre ouverte au Président de la République

Monsieur le Président,

Vous n’étiez encore qu’un ministre classiquement extractiviste
Le sommet de l’océan que vous avez convoqué à Brest s’ouvre et l’association BLOOM[1], ardente défenseuse du milieu marin, n’y participera pas. Je voudrais ici vous dire pourquoi, à vous ainsi qu’aux Françaises et Français qui suivent et soutiennent nos actions. Notre décision s’inscrit dans une ligne de conduite dont la cohérence s’est imposée à nous en réponse à votre propre cohérence d’utilitariste de la nature, qui n’a pas cillé depuis que vous aviez commencé à en montrer la teneur, alors que vous n’étiez encore qu’un ministre classiquement extractiviste. Depuis, votre statut présidentiel n’a pas rééquilibré votre posture, au contraire. Vous avez utilisé la fonction suprême de l’État pour faire reculer la France de façon inattendue en matière de protection environnementale. La somme et l’étendue de vos actes vous font porter aujourd’hui une responsabilité inédite dans la destruction de l’environnement et de l’océan en particulier.

Nous refusons de collaborer avec votre gouvernement. Parce que vous avez tué l’espoir.
C’est pour cela que nous refusons de collaborer avec votre gouvernement. Parce que vous avez tué l’espoir. Vos prédécesseurs étaient globalement hostiles à l’écologie, mais une certaine flexibilité idéologique de principe assurait quand même l’existence, à l’intérieur de l’appareil d’État, de débats contradictoires permettant à des arbitrages d’être pris en faveur de la protection de la nature.

Vous avez mis à feu et à sang la gestion des forêts publiques françaises
Avec vous, la flamme du « possible » en politique s’est éteinte. Vous avez appliqué de façon exagérément pyramidale vos convictions socio-économiques ultralibérales, avez protégé et augmenté les intérêts de vos fortunés bailleurs de fonds, et dans un mélange d’arrogance et de mépris pour les corps intermédiaires, les classes populaires et les défenseurs de l’environnement, n’avez laissé aucune marge d’interaction, d’accueil, de surprise, ni même de respect. Vous avez piétiné jusqu’à la convention citoyenne pour le climat que vous aviez créée. Malgré les avis défavorables des enquêtes publiques et des rapports d’expertise, vous avez fermement soutenu le lobby du BTP pour la réalisation de l’autoroute du « Grand Contournement Ouest » de Strasbourg, un projet aberrant et inutile datant des 30 Glorieuses et d’une époque où la voiture individuelle était l’alpha et l’oméga de l’aménagement du territoire. Vous avez mis à feu et à sang la gestion des forêts publiques françaises en soumettant ce bien commun stratégique pour la préservation de la biodiversité et la gestion des risques climatiques à votre impitoyable dogme libéral. Alliant productivisme et logique comptable inhumaine, vous avez supprimé les postes à la hache, tout en augmentant massivement la charge des missions à assurer. Vous avez jeté les forestiers dans un état de mal-être indicible, traité les forêts comme de simples champs d’arbres à exploiter et avez poussé à la privatisation de l’Office national des forêts.