Lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU. La vie de la planète en question. Une proposition

La vie de la planète en question

 

Monsieur le Secrétaire Général,

Quels que soient les sujets et les problèmes mondiaux considérés, une évidence dramatique s’impose : l’humanité est dans l’impossibilité de donner des réponses concrètes, immédiates, communes. Les pouvoirs institutionnalisés du système en place sont incapables de le faire, car le système est structurellement en crise.

 

Les deux questions fondamentales pour le devenir de la vie

Par la présente, nous souhaitons attirer votre attention et votre intervention sur deux principes clés de l‘actuelle vision dominante du monde que sont la brevetabilité privée à but lucratif du vivant et de l’intelligence artificielle, et la financiarisation de la nature et des biens communs publics mondiaux. La puissance du système mondial de l’économie capitaliste de marché repose de plus en plus ces deux principes. Leur rôle dans la régulation planétaire de la vie est fondamental et crucial, ce qui explique leur absence dans les questionnements et les débats sur la gestion et la sortie des crises en cours. Pour les pouvoirs en place, ils sont deux axiomes hors discussion.

Avoir légalisé la propriété intellectuelle sur le vivant en 1980 a signifié la réduction de la connaissance – l’esprit de la créativité des humains – à une marchandise, une affaire de marchands et de propriétaires rapaces. Elle a transféré la maîtrise de la vie aux maîtres des données et a réduit ainsi la connaissance à une matière première pour les activités économiques. Nous sommes devant l’une des plus grandes erreurs historiques commises par les dirigeants de l’humanité.

De même, avoir théorisé la conception que la nature est un ensemble de « capitaux naturels », le « capital naturel » de la planète, a réduit la nature à une catégorie particulière de l’économie de marché, le capital. Or, cette économie n’est pas la seule forme d’économie possible ni, à notre avis, la meilleure. La nature a été depuis toujours considérée comme constituant le cadre de référence existentiel de la vie. Elle est désormais vue essentiellement comme un « asset », un actif, de grande valeur stratégique pour l’économie mondiale dominante. Il s’agit d’un véritable vol de la vie et de l’espèce humaine.

L’expérience de ces 50 dernières années montre que tant que ces deux principes ne sont pas abandonnés ou sérieusement repositionnés, la sauvegarde et la promotion des droits fondamentaux humains et sociaux universels et des droits des peuples seront de moins en moins assurées. En conséquence, l’éradication des facteurs générateurs de l’appauvrissement dans le monde ne sera plus un objectif de nos sociétés!

Il n’y aura pas non plus de développement durable réel, comme démontré par la régression en cours des objectifs concernant la réduction des émissions de CO², par l’augmentation des investissements dans les énergies fossiles, par la non-mise au ban des bouteilles en plastique, par la régulation laxiste concernant les produits chimiques à toxicité élevée, notamment les pesticides.. Nous pensons à ce sujet à la prolongation de dix ans de l’autorisation du glyphosate par l’UE.

Lé financiarisation de la nature a atteint sa formulation la plus avancée à ce jour, à l’occasion de la COP15-Biodiversité de l’ONU (Montréal, décembre 2022). La communauté internationale a fait siennes les propositions formulées en janvier 2021 dans le « Natural Capitals Protocol » par la Natural Capitals Coalition (plus de 450 entreprises privées d’importance mondiale !) et dites s 30+30+30. A savoir : l’attribution à des Natural Capitals Corporations (créées par la Bourse de New York en octobre 2021) de la gestion de 30% du monde naturel de la Planète, dont 30% des éléments les plus dégradés, pour leur sauvegarde et restauration d’ici l’an 2030 (année de clôture de l’Agenda de l’ONU 2015-2030).

Vous comprenez, Monsieur le Secrétaire Général, notre inquiétude, accentuée par le fait que l’économiste en chef de l’ONU fait partie ouvertement des promoteurs de la financiarisation de la nature, faisant valoir les mêmes arguments que ceux mis en avant par les auteurs du Natural Capitals Protocol.

 

La proposition

Pour une régénération coopérative et mutualiste de la vie de la Terre à partir de l’Eau, l’Alimentation et la Santé »

« La Planète EAS ».

Face à l’incapacité du système de donner des réponses aux crises, le sursaut de l’humanité ne peut venir que par l’application de valeurs et de principes à l’opposé de ceux qui sont en train de conduire le monde à sa ruine.

Les principes inspirateurs de la planète EAS : coopérativisme et mutualisme.

Les valeurs et les principes « constitutionnels » de la coopération et de la mutualisation avaient été capables de régénérer le monde du XIXe siècle et de promouvoir la société du welfare du XXe siècle au niveau de l’Etat « national », notamment dans sa version scandinave.

Aujourd’hui, l’horizon planétaire comporte une régénération du coopérativisme et du mutualisme par rapport à leurs origines et à leurs rôles. Des formes socio-économiques parallèles à l’économie de marché dominante au niveau national, ils constituent nécessairement, à l’échelle de la planète, l’expression intrinsèque de la vie sociétale. La coopération et le mutualisation doivent devenir l’esprit qui inspire les processus de construction de la communauté de vie globale de la Terre.

Trois champs d’action prioritaires de la régénération : eau, alimentation, santé.

Au départ, la mise en place opérationnelle des processus de régénération s’effectuerait à partir de trois domaines clé pour la vie et la justice : l’Eau, l’Alimentation et la Santé, d’où l’appellation du projet « La planète EAS ». Leur développement aurait une grande réverbération sur le reste de la société.

L’objectif est de s’attaquer à la concrétisation des droits universels à l’eau, à l’alimentation et à la santé de manière : intégrée (indispensable) surtout au niveau des principes et des moyens d’action ; ancrée dans les territoires des communautés de base et des collectivités ; solidariste, c’est-à-dire de partage des responsabilités entre territoires et institutions. La concrétisation des droits universels a été réduite à un résultat d’objectifs supérieurs tels que la croissance économique, l’efficience économique et financière, l’innovation technologique conquérante, la liberté absolue d’entreprendre, la libéralisation des marchés. Seule la régénération des trois dimensions vitales Eau, Alimentation et Santé pourra libérer la vie de la Terre des effets ravageurs de la prédation en cours.

Instrument s et moyens au service de;la Planète EAS

L’ancrage dans les territoires, se fera par la création, localement, d’une nouvelle génération d’entreprises coopératives et mutualistes, soutenue par de réseaux locaux de caisses d’épargne et de crédit publiques collectives . L’expérience montre que, lorsqu’un territoire est capable de garantir, en tant que droits, l’eau, l’alimentation et la santé à tous ses membres, la partie la plus importante du chemin de vie est accomplie. Ainsi, la sécurité d’existence collective, grâce également à une capacité de résilience commune sur le plan social, financier et technologique, sera au rendez-vous, comme le sera également la démocratie participative effective.

La régénération ne pourra pas se faire dans le cadre des marchés mondiaux et de la finance mondiale actuels. Il faut travailler à la mise en place d’un système politico-institutionnel fondé sur : le développement et la primauté d’un système financier mondial public.

Aujourd’hui la finance est aux mains des sujets privés non élus. Les pouvoirs publics élus ne possèdent même plus le pouvoir de créer la monnaie. Il faut créer un nouveau cadre institutionnel mondial financier public cohérent avec les objectifs de « La planète EAS », à savoir la Caisse mondiale de dépôts et de consignation et le Fonds planétaire de garantie des biens communs essentiels pour la vie, sous la tutelle d’un Conseil mondial de la sécurité des droits universels.

Nous savons que l’ONU a récemment approuvé la proposition de proclamer 2025 l’année internationale des coopératives. Il s’agit pour nous d’une coïncidence fort heureuse.

Monsieur le Secrétaire général,

serait-il possible de soutenir la constitution d’ un groupe de travail mondial indépendant chargé d’approfondir les questions ici traitées et de soumettre fin 2024 une proposition sur la pertinence et la faisabilité du projet « La planète EAS » ?

Un grand merci sincère, Monsieur le Secrétaire général, pour votre aimable attention

Dans l’espoir……

Riccardo Petrella – Agora des Habitants de la Terre

Signatures

Argentine. Aníbal Ignacio Faccen dini, Centro Interdisciplinaire del Agua, Universidad Nacional de Rosario UNR; Daniel Elías, Professeurido B arbera, présidenr de CIPSI-ETSUNR,, Flavio Faccendini, Diplomatura del Agua y el Ambiente de la UNR .BelgiquePierre Galand, ancien sénateur, président du Forum Nord-Sud. Christine Pagnoulle, Professeure émérite, Univ.Liège.. ATTAC Bruxelles 2. ATTAC Liège. Catherine Schlitz, Présidente Présence et Action Culturelles d’Angleur. Kim Le Quang, employé, membre Rise for the Climate., Marlène Wiame, employée, membre Rise for the Climate, Pietro Pizzuti, comédien.. Bernard Tirtiaux, sculpteur, écrivain. Maria Palatine, harpiste, chanteuse. Alain Adriaens, élu local, activiste pour la sobriété. Fabrice Delvaux, Kréativa. Jean-Claude Polet, Professeur émérite UCL. Anne Rondelet, pensionnée. Riccardo Petrella, professeur émérite UCL. Vincent De Cat, entrepreneur. Paola Pizzuti, conférencière pédagogique. Anne Molitor, citoyenne. Françoise Deville, citoyenne.Anne Sylvain, comédienne. Aïka Mittler, écrivain, traducteur. Éric Brucher, écrivain, professeur. Lisa Cogniaux, artiste. Susann Heenen-Wolff, prof. dr. phil. Catherine Papier, en qualité de son appartenance au genre humain.Marie-Paule Kumps, comédienne et autrice.Soumaya Hallak, soprano, 1,2,3 Hope, Love, Life for Peace! Bernard Cogniaux, pédagogue. Olivier Bastin, architecte, Président de la Fédération des Associations d’Architectes de Belgique. Sylvie Lausberg, auteure et historienne. Éric De Staerck, Directeur du Théâtre des Riches Claires.Victor Lefevre, comédien, metteur en scène. Éric D’Agostino, réalisateur, musicien. Roda Fawaz, comédien, auteur. Karine Watelet, technicienne audiovisuelle, Brésil. Marcos P. Arruda, Moema Viezzer, écrivaine, fem:iniste. Armando De Negri, médecin, Organisation latino-américaine de la santé. Marcelo Barros, théologien, moine bénédictin. Canada Québec. Martine Chatelain,éducatrice. Hélène Tremblay. Narratrice de l’Humanité. Pierre Jasmin, pianiste, Secrétaire général de Artiste pour la Paix. Jean-Yves Proulx, citoyen engagé. Chili. Luis Infanti De la Mora, évêque de Aysén. Nicolás Labajos, éducateur, Aysén. Comisión Justicia y Paz, Aysén de la Patagonia. Carlos Andrade Oporto, Pasteur Evangélico, Coyhaique. Adriana Fernandez, éducatrice . Egypte. Hoda Houssein, écrivaine, activiste écologique. Mamdouh Habashi, architecte, fondateur du Mouvement KIfaya (Assez). Anwar Moghith, professeur et philosophe. France. Melissa Gingreau la Boisselière,porte-parole de “Mega-Bassines non merci”. Philip Veniel, sociologue. Laury Gingreau, la Boisselière. Jean-Pierre Wauquier, président de H²0 sans frontières. Alassane Ba,, directeur du centre européen humaniste des métiers de la pharmacie.. Jean-Claude Oliva. directeur de la Coordination EAU Île-de-France, Président de la régie publique de l’eau d’Est Ensemble. Yovan Gilles, artiste scénique polyvalent, “Les périphériques vous parlent” et Université du Bien Commun à Paris, Cristina Bertelli, “Les périphériques vous parlent” et Université du Bien Commun. Annie Flexer, documentaliste,linguiste, UBC., Patrick Viveret, philosophe, fondateur de “Les rencontres en Humanité”. Corinne Ducrey, présidente du Festival Chemin faisant .Jordanie. Abdallah Maatouk, chroniqueur.Abdel Kader Ghouka, ancien ambassadeur et écrivain. Irak Hazem Mohamad Shoker, écrivain .Ibrahim Doulaymi, journaliste spécialisé dans le domaine écologique Italie Roberto Savio,expert de renommée mondiale de communication, président de Other News .Monastère du Bien Commun/Vérone . Paola Libanti, pensionnée. Luca Cecchi, agent de commerce, pensionné. militant de l’eau,. Marinella Nasoni, ancienne syndIcaliste. Sergio e Clara Castioni, libraires. Antonino Russo, employé secteur public. Domenico Rizzuti, ancien syndicaliste secteur Recherche, Forum italoo-tunisien. Consiglia Salvio, enseignante, militante de l’eau. Francesco Comina, écrivain, professeur. Roberto Musacchio, ancien euro-parlementaire, Transform Italia. Roberto Morea, Comité européen de Transform Europe. Elena Mazzoni, femme politique de la gauche italienne. Patrizia Sentinelli, ancienne ministre à la coopération internationale, fondatrice de Altramente. Guido Barbera,président de CIPSI-ETS Roberto Colombo, ancien maire et président d’une régie publique de l’eau en Lombardie. Maurizio Montalto, avocat, président du “Mouvement Blu”. Loretta Moramarco, avocate, militante eau. Michele Loporcaro, agriculteur bio. Christian Troger, syndicaliste. Anton Auer,. écologiste, pensionné., Gina Abbate, Pax Christi. Mario Agostinelli, physicien, président de “Laudato sii”, Emilio Molinari e Oreste Magni, membres aussi de “Laudato sii”. Daniela Padoan, écrivaine et essayiste . Paolo Ferrero,ancien ministre du travail, essayiste Paolo Ferrari, conseiller municipal, militant pacifiste. Paolo Rizzi, militant écologiste, poète;chanteur. Carmelo Corso, professeur. Alfio Foti, président de l’Altra Storia, Pina Ancona, pensionnée. Silvana,Risi,citoyenne et membre CVX. Bruno Risi, citoyen et membre Associazione Murolo Napoli. Maria Bertone pensionnée, membre de CVX Italia. Liban. Lilia Ghanem, anthropologue, rédactrice en chef “The Ecologist” en arabeIslam Neeman, avocat, ancien ministre..Saad Mehio, journaliste, président du Club de dialogue régional. Ezzedine Kassem, journaliste et éditeur. Houssine Kobeissy, traducteur et journaliste; Joud Haidar, poète et médecin..Ahlam. Baydoun,,professeur, juriste. Lybie. Abdallah Maatouk, chroniqueur. Abdel Kader Ghouka, ancien ambassadeur et écrivain. Palestine. Anwar Abu Eisheh, ancien ministre, écrivain. Sahar Quasmeh, député. Youssef Salman, président d’une association. Portugal. Joao Caraça, ancien directeur de la Science, Fondation Calouste Gulbenkian. Tunisie.Manubia Bengthahem, professeur et activiste feministe. Rafic Boujdariah, médecin et activiste . Samir Besançon, philosophe, médecin et activiste écologique. Samira Ghedish, professeure et militante associative. .Abdallah Maatouk, chroniqueur. Abdel Kader Ghouka, ancien ambassadeur et écrivain. Syrie .Wagih Hamoud, ingénieur et activiste