L’Auguste en pleine tempête

J’avais un bandeau sur les yeux, et la main du petit prince dans la mienne. Pour le reste, j’ignorais où j’étais et à quelle surprise me destinait Élisa. Ce qui est sûr, c’est qu’elle prenait un malin plaisir à se demander si vraiment c’était une bonne idée, s’inquiétant joyeusement de savoir si ça allait me plaire.

De toute façon, après trois jours et quatre nuits sans la revoir, j’étais prêt à n’importe quoi. Comme rester assis, plongé dans un noir total, tandis qu’elle m’emmenait en voiture vers un lieu gardé secret. Assis à l’arrière, un petit prince enthousiaste me racontait les derniers jours écoulés en compagnie de son copain Lucas. Ensemble, ils avaient été à l’école et à la piscine, ils avaient improvisé des abris et joué à cache-cache dans la maison puis, n’en pouvant plus, Élisa leur avait dit d’enfiler un manteau et de filer dehors. C’est là, dans le jardin, qu’ils étaient tombés nez à nez avec une grosse boule de poils, blessée et mal en point : un renard.