J.-P. Canet fait débuter cette « destruction » au moment de l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, lorsque celui-ci écarte de la scène politique, en juillet 1979, son cousin, le général Ahmed Hassan Al-Bakr, président depuis 1968. Est-ce à dire, comme aimeraient le croire nombre de libéraux-démocrates, que le documentaire attribue au
déchu en 2003 la principale responsabilité de cet effondrement ? Bien au contraire, ce processus de délitement, qui s’est déroulé en trois étapes, implique au premier chef nos « démocraties » occidentales.
Paul Delmotte
[1] En 1930, la Royal Dutch Shell en détenait 23,75 %, de même que British Petroleum (BP), la Near East Development Corporation (NEDEC) à capitaux américains (50 % ex-aequo pour Mobil et 50 % Esso (ExxonMobil) et la Compagnie française des pétroles (CFP, l’ancêtre de Total). Le magnat arménien Calouste Gulbenkian détenait les 5% restant
[2] Ce même 23 octobre 1983, un second attentat contre le QG américain de la Force multinationale, près de l‘aéroport de Beyrouth, tua 250 marines américains. Ce double attentat fut revendiqué par le Jihad islamique, mais, selon le documentaire, il n’aurait pu se faire sans l’aval de Téhéran.
[3] George Herbert Walker Bush… GHW Bush.
[4] Ce qu’illustra l’affaire du lait en poudre administré aux bébés dilué dans cette eau polluée.
[5] Fin 1998, une intense campagne de bombardements, l’opération Desert Fox, fut lancée afin de mettre fin aux réticences irakiennes face aux inspections des NU à la recherche d’ADM.
[6] Les néoconservatives (néoconservateurs), appellation abrégée en néocon’s, étaient des partisans de la gauche du Parti démocrate, mais ralliés à Ronald Reagan parce que la politique extérieure de celui-ci face à l’URSS, dite Peace by Force, leur semblait plus séduisante que celle, plus modérée, de Jimmy Carter. Parmi leurs maîtres à penser, citons Irving Kristol, Norman Podhoretz, tous deux ex-trotskysants (!) et Robert Kagan. D’autres noms connus des néocon’s étaient William Kristol (fils du précédent), Richard Perle (conseiller à la Défense, mais resté membre du Parti démocrate), Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz, secrétaire et secrétaire-adjoint à la Défense dans l’administration de G.W. Bush). Les néocon’s exercèrent leur infuence maximale sur l’administration de » G.W. Bush, grâce à la « protection » du vice-président, Dick Cheney.
[7] Les États-Unis recevront l’appui de Tony Blair, bien sûr, mais aussi du Premier ministre espagnol, Jose Maria Aznar et de Berlusconi.
[8] En acceptant par exemple le retour en Irak des inspecteurs de l’ONU chassés en 2001.
[9] Dont, le 19 août, celui commis au camion piégé contre le QG des NU à Bagdad : 22 morts dont celle de Sergio Vieira de Mello, le représentant du Secrétaire général, Koffi Annan, pour l’Irak.
[10] En représailles, une centaine de mosquées sunnites furent attaquées, au prix de 150 morts.
[11] 13 chiites, 5 sunnites, 5 Kurdes, 1 Turkmène, 1 Assyrien.
[12] Selon une étude du Pew Research Center, les chiites forment 51 % de la population musulmane d’Irak, les sunnites 42%.
[13] LM, 6.11.15.
[14] Découvert et capturé le 20 décembre 2006, l’ex-Raïs fut pendu.
[15] Rebaptisées ensuite Xe-Services, puis Academi.
[16] La trique, le pétrole et l’opium. Sur la laïcité, la religion et le capital, Libertalia, 2019, pp. 67-68 – voir mon article « En juin, commémorons », POUR, 29 juin 2019 – https://pour.press/en-juin-commemorons/.