Du Parquet de Bruxelles à la réserve de Bandia au Sénégal, puis retour précipité en Belgique : l’itinéraire tourmenté de la juge d’instruction Silviana Verstreken

ENQUÊTE SUR UN SCANDALE AUX DROITS DE SUCCESSION

ÉVASION FISCALE – L’affaire Verbruggen – Épisode 6/11

Le drame

Le sac à dos de Thierry Wackergom contenait, comme à l’habitude, une arme à feu ainsi qu’une arme blanche.
Le 9 janvier 2014, à 5km de sa seconde résidence de Nianiar au Sénégal où il se rend au volant d’un quad agricole qui n’est pas le sien, Thierry Wackergom (46 ans) est victime d’un très grave accident. Il devait se rendre ensuite à l’aéroport de Dakar, situé à une soixantaine de kilomètres, pour s’envoler le jour même à Bruxelles. Le sac à dos de Thierry Wackergom contenait, comme à l’habitude, une arme à feu ainsi qu’une arme blanche. Le 18 janvier 2014, Thierry décède au sein du service des soins intensifs des cliniques universitaires de Saint-Luc (UCL) où il avait été transféré par avion sanitaire le 12 janvier 2014. L’accident s’est produit sur une piste de sable, dans une longue ligne droite totalement plate, sans le moindre obstacle, si ce n’est quelques restes d’une termitière non susceptibles de provoquer l’accident d’un pilote chevronné passionné de motos de grosses cylindrées et de quads de compétition et plus généralement de tous les sports mécaniques. Aucune photo du drame n’est disponible. La police sénégalaise, appelée sur les lieux, n’a pas dressé de constat, ni cherché à interroger quelque témoin que ce soit. Étonnamment, le quad accidenté n’a pas été saisi, au prétexte, semble-t-il, que Thierry n’est pas mort au Sénégal. Le jour même de l’accident, Thierry reçoit la visite de sa maman (qui vit à Bruxelles) à l’hôpital de Dakar où il a été transporté, si l’on en croit les informations recueillies. Sa maman l’aurait aussi accompagné le 12 janvier 2014 lors de son rapatriement en Belgique par avion sanitaire ayant atterri à Zaventem, comme en attestent plusieurs témoignages. La maman de Thierry n’avait pourtant pas quitté sa résidence bruxelloise.  

La rencontre au Parquet de Bruxelles du baroudeur et de la juge d’instruction

Mais qui était donc cette personne qui s’était fait passer pour la mère de Thierry et pourquoi ? La maman de Thierry se prénomme Paulette. Celle qui a usurpé son identité à deux reprises se prénomme Silviana. Silviana Verstreken, ex-juge d’instruction au Parquet de Bruxelles. Quand Thierry est victime de son accident, il poursuit une activité toujours continue dans le cadre d’une vocation de baroudeur, plus ou moins en marge, qui l’anime depuis de très nombreuses années. Silviana, elle, a interrompu sa carrière de juge d’instruction à l’âge de 57 ans en 2010, à la suite de 2 années de maladie, selon les données officielles, qui l’ont conduit à une retraite anticipée alors que sa carrière de magistrat aurait dû se poursuivre pendant encore 8 années. Elle quitte alors Bruxelles et son palais (de Justice) pour le Sénégal où d’aucuns pourraient imaginer qu’elle y a rencontré Thierry. Ce dernier est certes un familier du Sénégal, mais c’est à Bruxelles qu’il a rencontré Silviana, et pas à n’importe quel endroit puisque c’est au Palais de Justice que la rencontre s’est produite. Compte tenu de certaines de ses activités, c’est en tant que prévenu que Thierry aurait pu rencontrer Silviana. Ce n’est pourtant pas à ce titre que la rencontre a eu lieu en 2009. Thierry était alors le compagnon de la greffière de la juge d’instruction depuis une quinzaine d’années. C’est au Sénégal en 2014 que se produit le drame pour Thierry, c’est encore en Afrique, mais au Rwanda cette fois, que les vies de Thierry, de la juge d’instruction et de la greffière vont changer en 2009. Thierry n’y est pourtant pas présent, mais la juge d’instruction et sa greffière le sont, elles, en compagnie de l’inspecteur principal attaché au cabinet de la juge, dans le cadre d’une commission rogatoire relative au dossier des Casques bleus. C’est, semble-t-il, l’occasion pour la greffière et l’inspecteur de se découvrir mutuellement et pour Thierry de découvrir ensuite son infortune bien vite oubliée par la passion amoureuse que lui témoigne la juge d’instruction. Comme quoi, les justiciables seront rassurés, la vie de cabinet d’un juge d’instruction n’est pas faite que d’interrogatoires, de perquisitions et de procès-verbaux.  

La vie aventureuse au Sénégal. Confusion des genres

Thierry a l’habitude de bourlinguer, un pied en Belgique, un pied au Sénégal, un autre en Martinique et ailleurs, cette capacité à passer d’un lieu à l’autre lui permettant de vivre comme il l’a toujours souhaité, un peu en marge, une vie d’aventurier passionné par la mécanique, les motos, soucieux de vivre sans contraintes, quelles qu’elles soient, fussent-elles légales. Ce qui n’est qu’une nouvelle étape pour Thierry qui connaît déjà très bien le Sénégal où avec sa compagne greffière ils avaient fait construire une maison à Nianiar en 2005, puis acheté un terrain à Saly où se trouvent les plages les plus connues du Sénégal. C’est en revanche un profond bouleversement pour la juge d’instruction : Silviana met non seulement un terme prématuré à sa carrière de juge d’instruction au Parquet de Bruxelles, mais elle divorce de son mari depuis 32 ans, magistrat comme elle, pour enfin décider de partir au Sénégal avec Thierry où ils acquièrent en copropriété une maison à Ndiorokh.

C’est ainsi qu’elle offre à Thierry comme cadeau d’anniversaire de ses 44 ans une superbe kalachnikov ainsi que plusieurs autres armes,
Malgré le choc provoqué par ces changements nombreux et soudains, la juge d’instruction fait preuve d’une grande capacité d’adaptation et n’a de cesse de satisfaire les passions de son nouveau compagnon, dont une est sans doute plus forte que toutes les autres : celle des armes. C’est ainsi qu’elle offre à Thierry comme cadeau d’anniversaire de ses 44 ans une superbe kalachnikov ainsi que plusieurs autres armes, munitions comprises. Jouant de sa qualité d’ex-juge d’instruction en Belgique, elle obtient auprès du Procureur de Dakar un permis de port d’arme pour Thierry. Joignant l’utile à l’agréable, Thierry se livre à la vente d’armes offrant de multiples débouchés, dont celui de la police sénégalaise. Cela n’engendre pas pourtant chez Silviana les réflexes que l’on aurait pu attendre de la part d’un ancien juge d’instruction. Thierry était connu des services de la police et de la justice en Belgique, pour plusieurs infractions graves (dont fraude à la Tva, notamment). Silviana n’était pas sans le savoir, informée qu’elle était par sa hiérarchie, selon la famille de Thierry. D’après les contacts établis avec la famille de Thierry et autres amis proches, Thierry leur aurait rapporté que Silviana se vantait d’avoir touché des sommes d’argent importantes dans son ancienne activité de juge d’instruction, à tel point qu’elle se disait intouchable et protégée à vie, vu les nombreuses complicités qu’elle prétendait avoir. Il faut rappeler que la juge d’instruction a eu à traiter d’un grand nombre d’affaires, dont les plus connues sont sans doute celles des matchs de football truqués et l’affaire de succession du plus gros notaire de Bruxelles, Robert Verbruggen. La famille de Thierry va encore plus loin, en rapportant qu’il disait tenir Silviana « dans sa main ».
« Je ne suis pas encore dans l’avion pour la Belgique et je ne sais pas ce qu’il peut m’arriver d’ici là »
À partir de 2013, les nuages commencent à s’amonceler entre le baroudeur et l’ex-juge d’instruction à tel point que Thierry confie à sa famille que sa relation avec Silviana devient de plus en plus conflictuelle, mais que cette dernière refuse catégoriquement de perdre celui qu’elle considère être l’homme de sa vie et s’oppose à son retour en Belgique. Le 7 janvier 2014, 2 jours avant son accident, Thierry aurait confié à l’un de ses amis : « je ne suis pas encore dans l’avion pour la Belgique et je ne sais pas ce qu’il peut m’arriver d’ici là ». Selon les dires de ses proches, Silviana avait très peur que Thierry révèle ce qu’elle lui avait confié de ses anciennes activités de juge d’instruction. Thierry rejoindra la Belgique en avion sanitaire, pour y mourir quelques jours après. Silvania assistera à ses obsèques le 23 janvier 2014, à Bruxelles. Depuis, les animaux sauvages qu’elle pouvait observer au sein de la magnifique réserve de Bandia ne lui sont plus accessibles que dans l’enclos de Pairi Daiza, un confetti par rapport à la réserve de Bandia, mais y rassemblant la faune des cinq continents. Le quad accidenté qui était celui de Silviana est resté au Sénégal.  

La famille du défunt se pourvoit en justice

La famille de Thierry ne se contente pas de répondre à ceux qui cherchent à comprendre. En cohérence avec les propos qu’elle tient de manière constante, elle a décidé d’agir auprès des autorités judiciaires, dans le cadre de trois plaintes.

La famille ne reçoit pas, malgré ses demandes, la copie du dossier
André, le père de Thierry, résident bruxellois, porte plainte le 21 mars 2016 à l’encontre de l’ex-juge d’instruction Silviana Verstreken pour vol et diffamation. La plainte n’est pas instruite par le Parquet de Bruxelles, mais par celui de Mons où le juge Alain Blondiaux l’instruit. Le 11 octobre 2017, le Procureur du roi, Hubert de Wasseige, dit qu’il n’y a pas lieu de poursuivre. Dans le cadre de ce dossier, la famille de Thierry s’aperçoit que son propre avocat a étonnamment conclu hors délai ce qui a eu pour conséquence de ne pouvoir faire appel du non-lieu prononcé par le Procureur. Face au comportement inadmissible de cet avocat, le père de Thierry porte plainte auprès du Bâtonnier du Barreau de Bruxelles, Michel Forges, le 18 septembre 2018 et se voit répondre que le Barreau n’est pas concerné. La famille ne reçoit pas, malgré ses demandes, la copie du dossier ayant donné lieu à ces décisions. Les parents de Thierry portent plainte le 6 février 2017, puis complémentairement le 22 avril 2017, contre l’ex-juge d’instruction, le vendeur du terrain de Saly, vente effectuée après le décès de Thierry, et le maire de Mbour et Président de la communauté de Sindia, auprès du Tribunal de Grande Instance de Thiès au Sénégal, du chef de meurtre avec préméditation et guet-apens, recel de biens à la commission d’un crime, vol, escroquerie, vente de terrain dont autrui pouvait disposer, faux et usages de faux en écritures privées et en écritures publiques, complicité et association de malfaiteurs de toutes les infractions visées. Les différentes procédures et l’instruction au Sénégal sont toujours en cours. De son côté, l’ex-juge d’instruction avait porté plainte contre les parents et l’un des frères de Thierry dès le 27 janvier 2014 du chef de vol et harcèlement. La plainte a été curieusement instruite par le Parquet de Bruxelles (juge d’instruction J.L. Leroux) dont Silviana avait fait partie pendant des années. Le Procureur réclamera un non-lieu. Ce n’est que le 30 janvier 2020 que la famille, se rendant au greffe en l’absence de nouvelles, apprend que le dossier a été classé sans suite. Elle demande alors à disposer d’une copie du dossier ; sa demande n’est non seulement pas satisfaite, mais il lui est précisé qu’elle doit être faite auprès du Procureur général qui la refusera probablement lui indique-t-on, ce qui semble à ce jour se confirmer.  

Quel rapport avec l’affaire Verbruggen ? L’inexplicable ou l’inavouable ?

Inexplicable diront certains, inavouable diront d’autres : ce sont les deux qualificatifs qui prévalent pour caractériser cette longue période.
Ces deux affaires (Verbruggen et Wackergom) mettent en scène la juge Silviana Verstreken du 22 janvier 2001, date à laquelle elle est saisie de la plainte de Luc Verbruggen à propos des dommages que lui cause son frère Marc dans les sociétés du groupe Verbruggen Frères, jusqu’au 18 janvier 2014, date du décès non élucidé de son compagnon, en passant par trois non-lieux résultants des instructions qu’elle a conduites (Verbruggen Frères, SRI – nous l’aborderons dans l’épisode 8 – et Succession Verbruggen Père) dont nous vous avons parlé précédemment et un arrêt brutal de sa carrière de magistrate à un âge auquel l’on peut prétendre à de nouvelles ambitions professionnelles. Inexplicable diront certains, inavouable diront d’autres : ce sont les deux qualificatifs qui prévalent pour caractériser cette longue période.

  • Pourquoi ignorer les véritables aveux qu’offrent les dossiers Verbruggen Frères (voir épisode 2, « Braquage familial avant braquage à l’héritage ») et SRI (voir épisode 8, « Trois instructions disjointes, la clé de l’affaire ») dans l’instruction de la succession Verbruggen père ?
  • Pourquoi accepter, puis exiger d’écarter du dossier succession Verbruggen Père les pièces à conviction ? (voir épisode 2, « Braquage familial avant braquage à l’héritage »).
  • Pourquoi organiser, alors que les affaires Verbruggen Frères, SRI et la Succession Verbruggen Père sont disjointes, leur déroulement au prix de curieuses et longues « suspensions » d’instruction alors que de très nombreuses preuves sont accumulées pour chacune d’entre elles ? (voir épisode 8, « Trois instructions disjointes, la clé de l’affaire »)
  • Pourquoi faire fi des travaux de ses propres enquêteurs judiciaires ?
  • Pourquoi refuser les mesures coercitives réclamées par son Inspecteur principal ?

Mais aussi et l’on sort là des devoirs d’un juge d’instruction pour entrer dans ce que devraient être tout simplement les relations entre une famille qui vient de perdre brutalement l’un de ses fils et la compagne de ce dernier :

  • Pourquoi usurper l’identité de la maman de la victime, comme en attestent plusieurs témoignages ?
  • Pourquoi ne pas faire cause commune avec la famille de Thierry Wackergom pour faire la lumière sur ce qui s’est passé ?
  • Pourquoi se taire face à la disparition de tous les actifs de Thierry Wackergom, évalués à environ 400.000€ ?
  • Pourquoi ne pas utiliser ses compétences et son réseau professionnel pour aider dans ses démarches une famille sous le choc et tellement démunie face aux complexités de tous ordres auxquelles elle doit faire face ?

 

Quelle déontologie pour l’Ordre des avocats ?

Mais quid de la déontologie mise à mal par l’un des membres du Barreau ?
L’affaire Verbruggen ne serait pas ce qu’elle est si les avocats en lice avaient eu à faire face à un Ordre professionnel, le leur, qui aurait eu à cœur de faire valoir ce qu’il porte officiellement haut et fort : son code de déontologie. Que retrouve-t-on dans le cas de la disparition de Thierry Wackergom ? Des parents qui s’adressent au Bâtonnier Michel Forges pour mettre en évidence les défaillances de leur avocat, ayant pour conséquence de les empêcher de demander des devoirs complémentaires au juge d’instruction Alain Blondiaux dans le cadre de la plainte qu’ils avaient déposée le 21 mars 2016 à l’encontre de l’ex-juge d’instruction Silviana Verstrecken pour vol et diffamation et un Bâtonnier qui leur répond que cela ne relève pas de sa compétence de Bâtonnier, mais de celle des tribunaux. Mais quid de la déontologie mise à mal par l’un des membres du Barreau ?  

Quelle justice ?

L’affaire Verbruggen a donné lieu à des décisions de justice surprenantes, à tel point qu’en appel un magistrat a pu, par exemple, considérer que les conseils prodigués par un avocat, consistant à fournir un véritable modus operandi destiné à faire s’évader une succession en ce compris celui de nier l’existence d’une société immatriculée au Liechtenstein abritant près de 30 millions €, étaient de judicieux conseils, et ceci face à la victime de tels agissements et à l’État Belge, devenu partie au procès et détenteur d’une saisie conservatoire de près de 32 millions € sur la succession en question. Que retrouve-t-on dans le cas de la disparition de Thierry Wackergom ? Des plaintes classées, sans autre forme de procès, c’est le cas de le dire. Une justice hautaine et dominatrice qui semble ignorer que c’est au Sénégal que l’affaire s’est déroulée et qui ne semble pas avoir cherché à établir des liens avec les procédures entreprises dans ce pays ni pris contact avec les hommes de loi les traitant. Une justice qui ne craint pas d’instruire une plainte concernant Silviana Verstreken au Parquet de Bruxelles où cette dernière a officié en tant que juge d’instruction pendant plus de 30 années et alors qu’elle l’a quitté 4 années auparavant seulement ! Et si ce qui n’est pas encore devenu l’affaire Wackergom permettait de lever le voile sur l’inexplicable dans l’instruction de l’affaire Verbruggen et ainsi faire apparaître l’inavouable ?  

Christian Savestre  

Une famille à la recherche de la vérité

 

La plainte déposée par un célèbre avocat sénégalais

 

Dans leur volonté de faire la lumière sur la mort de leur fils, le père et la mère de Thierry Wackergom s’adressent à l’un des avocats les plus célèbres du Sénégal et d’Afrique, Maître Ciré Clédor Ly, défenseur de personnalités connues. Dans la plainte qu’il dépose en leur nom contre trois personnes, dont Silviana Verstreken, les chefs d’accusation cités plus avant sont ainsi repris un à un. En rendre compte complètement serait ici fastidieux ; contentons-nous de quelques extraits après avoir précisé que Thierry Wackergom et Silviana Verstrecken étaient liés par une simple relation de concubinage : Sur l’assassinat : « …attendu que la thèse du complot, de l’assassinat est fortement probable, car, dès l’annonce du décès de Thierry, des manœuvres sont faites pour le partage des biens par des personnes qui n’en sont pas des héritiers, que ces dernières s’étaient attelées à l’établissement de faux actes pour en faire usage afin d’aliéner les biens meubles et immobiliers du défunt… » Sur le faux et usage de faux en écritures privées et en écritures publiques, l’escroquerie, la tentative d’escroquerie, la vente d’un terrain appartenant à autrui, le recel, complicité et association de malfaiteurs : « …attendu que la demande de mutation du verger en date du 25 janvier 2014 indique les signataires suivants : Thierry Wackergom et Silviana Verstreken, que dans cette demande il est écrit : ainsi, moi Thierry Wackergom et Silviana Verstreken souhaiterions mettre nos propres noms à la place du nom « couple » figurant dans l’acte ; attendu que cette demande constitue un faux et des manœuvres frauduleuses dans la mesure où le Sieur Thierry Wackergom était déjà décédé le 18 janvier2014, comme en atteste l’acte de décès versé à l’appui de la plainte, que le faux en écritures privées a permis la dépossession des héritiers légitimes(2) …que la confection de l’acte de désaffectation et de réaffectation au seul nom de Silviana Verstreken en date du 7 novembre 2014 achève de consommer les délits de faux et usage de faux en écritures privées et publiques et d’escroquerie ; attendu que la faussaire a aussi tenté une mise en vente du bien… » Sur le vol : « …attendu que Silviana Verstreken a procédé à l’ouverture du coffre-fort de Thierry Wackergom immédiatement après la tragédie alors que la victime était encore vivante et acheminée au centre de santé, soustrayant ainsi frauduleusement son contenu… ; qu’elle a également pris des motos X Yamaha et les outils de dépannage et de réparation appartenant au défunt, lesquels ont disparu, il s’agit des motos ci-dessus identifiées dans la plainte ; attendu que les acquéreurs de tous biens ayant appartenu au défunt sont des receleurs… » Que dire de plus ? Que la Justice sénégalaise est comme la Justice belge et que les deux ont au moins une caractéristique commune (à moins qu’elles en aient plusieurs autres) : celle de leur lenteur qui explique qu’à ce jour les parents âgés de Thierry Wackergom désespèrent de connaître un jour la vérité. Quant à leurs lenteurs respectives, précisons tout de même qu’elles n’ont pas la même origine : structurelle pour cause de manque de moyens chronique et historique dans le cas du Sénégal, organisée pour cause de doctrine néolibérale assumée dans le cas de la Belgique où quand il pleut, il pleut aussi à l’intérieur du Palais de justice de Bruxelles soutenu depuis tant d’années par ses échafaudages.  

 

Les courriers de la greffière de l’ex-juge d’instruction aux parents de son défunt ex-compagnon Thierry Wackergom. La greffière et les parents grugés ?

Le 21 juillet 2014, la greffière se manifeste auprès des parents du défunt pour faire valoir ses droits relativement au terrain et à la maison (plus contenu et annexes) qu’elle possédait en commun avec le défunt et dont elle dit détenir le double des documents officiels. Elle précise qu’elle est en mesure de leur faire parvenir le double de la facture du bateau (et de son moteur) entreposé au Sénégal dont elle indique qu’il appartient à leur fils. Elle termine enfin en spécifiant qu’en ce qui concerne les documents relatifs aux véhicules appartenant à leur fils (ainsi que ceux de son quad et de son arme restés contre sa volonté au Sénégal), elle suppose qu’ils sont encore en possession de Silviana Verstreken… Au sujet du terrain évoqué, il y a lieu de se demander s’il ne s’agit pas de celui qui a fait l’objet du faux en écritures décrit dans la plainte, ce qui voudrait alors dire que la greffière aurait été grugée pas son ex-patronne, au même titre que les parents de Thierry. Les juges d’instruction sénégalais auront à se prononcer sur la question. Le 1er août 2014, elle écrit à nouveau aux parents de Thierry Wackergom pour les informer qu’elle a écrit à Silviana Verstreken afin d’obtenir, entre autres, la restitution de documents originaux que Thierry devait encore détenir. Elle leur confirme aussi que Thierry était bien propriétaire d’une bague en or avec diamant, tout en insistant sur le fait que Silviana Verstreken ne pouvait prétendre en être propriétaire, en donnant tous les détails permettant de retracer l’histoire de ce bijou et d’en estimer la valeur. Elle va même plus loin en ajoutant qu’elle autorise les parents de Thierry à utiliser son courrier dans le cadre d’un dépôt de plainte éventuel de leur part. Bref, l’ambiance n’est pas au beau fixe entre les deux ex-compagnes de Thierry ayant passé ensemble de nombreuses années de collaboration professionnelle quotidienne. En tous les cas, moins bonne qu’à l’époque où la greffière et son baroudeur de compagnon recevaient dans leur propriété du Sénégal la juge d’instruction et son magistrat de mari. Ces quelques lignes montrent que Thierry avait su faire partager sa passion pour les armes à ses deux compagnes. A ce jour, l’on ne sait si la greffière a pu récupérer ce qui lui appartenait. Les parents de Thierry, eux, ne sont pas parvenus à pouvoir disposer de quoi que ce soit, pas même du moindre effet personnel de leur fils. Ce qui se trouvait au Sénégal s’est volatilisé, ce qui se trouvait en Belgique aussi (6 motos, 2 quads, 2 jet-skis, 2 voitures, un bateau et l’argent liquide que Thierry avait l’habitude de stocker en lieu sûr ; les sites de seconde main ont constitué les organes de vente). En tout et pour tout, seule sa carte d’identité leur a été restituée.  

 

Confusion des genres au Palais de Justice de Bruxelles ? Les armes, une passion commune ?

L’exotisme du Sénégal était absent au Palais de Justice de Bruxelles, mais n’y prévalait-il pas sous une autre forme ? Celle consistant à faire coexister pendant de nombreuses années un trio (une juge d’instruction, sa greffière, son inspecteur principal) avec un marginal connu des services de police et de la justice, compagnon pendant 15 années de la greffière et pratiquant assidu du trafic d’armes. Ce n’est pas en effet au Sénégal que Thierry Wackergom a débuté son activité en la matière, mais bien en Belgique. Il faut dire que l’application de la loi Onkelix sur les armes lui avait offert de nouvelles opportunités. C’est armé d’une solide expérience qu’il a ensuite fait d’une pierre deux coups au Sénégal : commercialiser des quads importés par bateau, mais des quads d’un genre spécial car traversant les mers remplis d’armes cachées dans leurs calandres. Thierry Wackergom, un aventurier inconnu de la juge d’instruction Silviana Verstreken, elle qui fut invitée avec son mari magistrat de l’époque sur ses terres sénégalaises ?  

 

Justice belge et Justice sénégalaise, une impuissance commune ?

De quelque côté qu’ils se tournent, les parents de Thierry, sa famille, ceux qui l’appréciaient malgré son côté hors la loi sont tous sous le coup du désarroi, sachant que de l’héritage de Thierry, ils n’en ont que faire, mais qu’ils veulent tout simplement comprendre pourquoi Thierry n’est plus : au Sénégal comme en Belgique ça n’avance pas ou c’est carrément classé sans suite. Et pourtant des faits graves et précis sont établis. Alors, le père, la mère du hors-la-loi et ses proches vont-ils devoir conclure qu’ils ne peuvent faire confiance en la Justice pour enfin connaître la vérité ? L’ex-juge d’instruction Silviana Verstreken n’était-elle pas celle qui pouvait la leur apporter, ne serait-ce qu’en les conseillant au lieu de faire usage, dans son intérêt, de son statut d’ex-juge d’instruction dans l’environnement sénégalais, mais aussi belge ? Sa mère et son père veulent croire qu’ils l’apprendront avant de rejoindre leur fils Thierry.

(2) Les légitimes héritiers : les parents Wackergom.  

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