De la colonisation à la Schengenisation

Retour sur les politiques antimmigration - 10/14
Esquisse d’une sociohistoire des migrations depuis le Maghreb vers l’Europe

Introduction

En étudiant le virage postcolonial qui, à quelques décennies des indépendances des pays du Sud de la méditerranée, donne lieu à l’émergence de la figure de l’immigré, nous n’appelons pas à une reconnaissance des droits ni à une intégration des anciennes colonies dans l’empire[1] post-colonial. L’objectif d’une généalogie de la frontière que vise cet article, sous sa forme européenne contemporaine, est de montrer comment ce qui se présente sous le signe de l’humanitaire, du régulateur et de la promotion de l’intégration et de la diversité est dans les faits une politique frontalière inhospitalière consciente du privilège accumulé depuis les temps coloniaux. En intégrant dans cette communauté postcoloniale inhospitalière les sociétés européennes, la politique des frontières fait le choix de reléguer des populations du sud à la marge et à l’immobilité – abstraction faite des nouveaux systèmes postcoloniaux autoritaires qui gouvernent ces populations.