Les récents événements de Washington ont permis à beaucoup de commentateurs de dénoncer le « populisme » et de mettre fort justement en garde contre la montée de formes racistes, nationalistes, violentes… d’une extrême droite à la mode états-unienne et dont on connaît des variantes en Europe. Mais si, derrière ces faits spectaculaires, se mettaient en place des vagues de fond peut-être plus susceptibles d’orienter les opinons publiques dans un sens très dangereux pour nos sociétés.
Il est de plus en plus évident que la confiance des citoyens dans leurs gouvernants est en baisse. Depuis 20 ou 30 ans les crises se succèdent et la majorité de la population réalise que ses conditions de vie stagnent, voire déclinent. Mais ce qui suscite encore plus de colère est le constat qu’une petite minorité, elle, continue à s’arroger toujours plus d’avantages au détriment du grand nombre. Le scandale permanent que sont les fraudes et évasions fiscales est clairement mis en évidence et, sous de faux prétextes, rien n’est fait pour mettre fin à ce pillage des richesses produites par la collectivité.
Alain Adriaens
[1]Stéphane Foucart, Stéphane Horel, Sylvain Laurens, Les gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique, Editions La Découverte, collection Cahiers libres, 2020, 23€.
[2]Naomi Oreskes, Erik M Conway, Les marchands de doute, Essais Le Pommier, 2012 [2010], 12€.
[3]Dans Les gardiens de la raison, on découvre aussi la triste évolution, un peu parallèle de Jean Bricmont, ce physicien et essayiste belge ayant dénoncé un jour (avec Sokal) l’utilisation déplacée de concepts venus des sciences dures en sociologie. De polémique en polémique, il est devenu le chantre de propos honteux (négationnistes, antisémites, climatosceptiques, antiféministes…) au nom d’une liberté d’expression maximaliste (free speach) ne tenant aucun compte des conséquences sociétales et politiques d’affirmations mensongères sous le prétexte de « j’ai le droit de dire ce que je veux ». Ainsi, venant d’une tradition de gauche, il s’est enferré dans la défense de discours d’extrême droite souvent ambigus, mais finalement plus odieux les uns que les autres.
[4]Voire ce que dit le regretté Bernard Maris (https://www.franceinter.fr/info/narcissisme-des-petites-differences) de ce concept avancé par Freud et qui tente d’expliquer « les haines inexplicables entre personnes, groupes ou collectivitésproches et largement semblables, maisqui éprouvent le besoin narcissique de surinvestir leur différence ».