Julien Dohet, « Le mouvement des gilets jaunes à travers la caricature de la presse quotidienne francophone belge en fin d’année 2018 », Analyse de l’IHOES, no 198, 24 janvier 2019, [En ligne] http://www.ihoes.be/PDF/IHOES_Analyse198.pdf.
Un tout grand merci à Kroll, Oli, Sondron et Dubus qui nous ont permis de reproduire gratuitement certains de leurs dessins à l’intérieur de cet article. (IHOES) |
Cet article s’inscrit dans la continuité de notre travail autour de la caricature commencé avec notre mémoire de fin d’études en histoire et prolongé depuis par plusieurs analyses et conférences.
La caricature continue à jouer un rôle important dans la diffusion d’un message et reste présente dans de nombreuses publications avec souvent un rôle central. En Belgique francophone, l’onde de choc provoquée par l’attentat contre la rédaction du périodique satirique français Charlie Hebdo ayant même donné naissance à un nouveau titre éloquent, Même pas peur !, aujourd’hui publié de manière mensuelle. Au niveau de la presse quotidienne, qui sera le medium ana- lysé ici, la caricature est utilisée dans tous les quotidiens belges francophones et se voit même octroyer un statut d’édi- torial « dessiné »1 au côté de celui de l’éditorial rédactionnel en page 2 des titres de Sudpresse et de L’Écho. C’est aussi en page 2 que Le Soir et La Libre publient le dessin du jour. Celui-ci occupe la dernière page de La Dernière Heure et de L’Avenir, et plus rarement, de La Libre qui, dans ce cas, le fait figurer avec l’éditorial de la rédaction. Dans tous les quo- tidiens, la caricature constitue une réelle signature d’autant que les dessinateurs sont attitrés depuis de nombreuses années au même journal. On soulignera que ce sont tous des hommes depuis la fin de la collaboration entre La Libre et Cécile Bertrand. Chaque quotidien a en effet son dessinateur, à l’exception de La Libre qui, en dehors de la caricaturiste Cécile Bertrand, a aussi arrêté de travailler avec Clou et se contente désormais de reprendre le dessin que Dubus four- nit à La Dernière Heure (titre faisant partie du même groupe de presse). Comme les pages régionales ou sportives notam- ment, le dessin de presse n’échappe donc pas aux restructurations et à la recherche d’économies.
Un mouvement des gilets jaunes qui va occuper rapidement et de manière très importante l’espace médiatique
Le mouvement des gilets jaunes trouve son origine dans la publication de plusieurs appels à mobilisation sous forme de petites vidéos sur Facebook dont une, celle de Jacqueline Mouraud2, sera particulièrement vue et relayée et est souvent présentée comme un des principaux déclencheurs du mouvement. Un appel est lancé à « bloquer la France » à partir du samedi 17 novembre. Cette journée est un énorme succès partout en France avec une situation particulièrement ten- due aux abords de l’Élysée. Très vite, le mouvement prend une ampleur que personne ne pouvait prévoir. De même, ses revendications et sa connotation politique (au départ fortement liée à l’extrême droite ou du moins à la « facho- sphère ») s’élargissent et se diversifient. Comme le résume le politologue Laurent Bonelli en introduction du dossier
« “Gilets jaunes”, le soulèvement français » paru en janvier 2019 dans Le Monde diplomatique : « Voilà longtemps qu’un mouvement social n’avait pas à ce point inquiété les gouvernants. L’ampleur, la durée et la détermination de celui des gilets jaunes les ont désagréablement surpris. Ils ont également été déstabilisés par son hétérogénéité en matière d’in- térêt pour la politique, d’activité professionnelle, de lieu de résidence et d’orientation partidaire. Il n’est pas imputable à des organisations politiques ou syndicales traditionnelles : il rassemble diverses composantes de ce que le pouvoir nomme la majorité silencieuse , au nom de laquelle il prétend s’exprimer et dont il n’attend d’autre mobilisation que le vote ».3
En Belgique, et plus précisément en Wallonie, les réseaux sociaux et la dramaturgie des médias français dans les jours qui précèdent le 17 novembre ont un effet d’entraînement et plusieurs appels à imiter les Français circulent. Ils se concrétisent notamment par le blocage du port pétrolier de Wandre près de Liège dès la nuit du jeudi 15 au vendredi 16. À partir de là, en région liégeoise et dans le Hainaut principalement, les actions vont se multiplier et se diversifier, sur- tout quand les forces de l’ordre interviennent pour débloquer les approvisionnements en essence des stations-services dont le nombre en rupture de stock se multiplie. Cette diversification se marque notamment par un après-midi de tensions extrêmes le vendredi 30 novembre à Bruxelles, ville qui connaîtra deux autres journées d’actions les 8 et 15 décembre, et par une nuit de blocage de l’autoroute près de Feluy où un camion est pillé et un autre incendié. En Belgique, comme en France, les organisations syndicales et les partis politiques ont du mal à se positionner envers ce mouvement. La question sera portée au cœur des débats lors de l’organisation de la journée d’action syndicale initiée par la FGTB le 14 décembre. Fin 2018, on n’observe toujours pas de réelle convergence des luttes syndicales et de celles portées par les gilets jaunes alors même que le mouvement ne reflue pas et poursuit ses actions.
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Un corpus conséquent couvrant un mois et demi
Notre corpus de dessins pour la présente analyse couvre donc l’ensemble des six quotidiens belges francophones à savoir : L’Écho, Le Soir, La Libre, La Dernière Heure (DH), L’Avenir et les titres du groupe Sudpresse. Pour ces derniers, le des- sin de la page 2 est commun tandis que nous avons déjà signalé la synergie entre La Libre et La Dernière Heure. Ce sont donc les productions de cinq dessinateurs différents, déjà présents dans nos analyses précédentes, qui sont décorti- quées. Quatre utilisent leur nom comme signature, un seul emploie une version raccourcie de son prénom. Frédéric Dubus, Pierre Kroll, Olivier Pirnay (qui signe Oli), Jacques Sondron et Nicolas Vadot, tous reprennent leurs dessins sur leur page Facebook professionnelle en plus de les voir édités sur le site Internet des journaux auxquels ils collaborent. Nicolas Vadot fait figure d’exception puisque ses dessins ne sont que rarement publiés en format numérique et acces- sibles gratuitement (ils sont mis en ligne avec un certain délai sur son site mais demeurent non téléchargeables). Si Vadot, Sondron et Oli publient en couleurs, Kroll et Dubus adoptent généralement le format du noir et blanc, notre cor- pus faisant clairement exception avec l’utilisation quasi systématique du jaune.
Soixante dessins composent le corpus analysé ici4, un nombre qui à lui seul montre que ce mouvement a été au cœur de l’actualité, puisqu’il constitue près d’un tiers de l’ensemble des 190 dessins publiés de la mi-novembre au 24 décem- bre 20185. Sudpresse se distingue par l’évocation la plus régulière du mouvement, avec 17 dessins tandis que L’Avenir, Le Soir et L’Écho en publient 11 et La Libre/DH 10, soit finalement un nombre assez similaire pour ces quatre autres titres. C’est aussi dans les journaux de Sudpresse que le premier dessin est publié, et ce, dès le 15 novembre.
Oli y dessine, sous le titre « Blocages du 16 novembre », Charles Michel interpellant une personne hors du dessin par un « Je crois qu’on tient un truc, là… ». Le Premier ministre tend un jerrican suspendu à une corde qu’un groupe de per- sonnes essaie désespérément d’attraper6. Le dessinateur ne les a pas encore affublées du fameux gilet jaune qui devien- dra l’attribut distinctif. Sudpresse, société de presse écrite au lectorat le plus populaire et à la ligne éditoriale la plus sensationnaliste, sera celle qui consacrera dès le début le plus de place au mouvement. Une réalité qu’il est intéressant de voir se refléter dans les caricatures. Ce n’est qu’au lendemain d’un week-end marqué par des blocages très impor- tants en France et par un début de mobilisation en Wallonie (Bruxelles et la Flandre n’étant pas touchées) que La Libre et L’Avenir publient leur premier dessin.
Oli est le seul qui souligne le fait que Bruxelles et la Flandre ne sont pas alors touchées par le mouvement dans un dessin publié dans les titres de Sudpresse, le 24 novembre. Le secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations, Theo Francken, y est vêtu d’un gilet portant l’inscription « Eigen volk eerst! » (Notre peuple d’abord !). Décontracté, il affirme : « En Flandre… les gilets jaunes n’ont jamais été un problème », un drapeau flamand complétant la scène. Rappelons que le jaune et le noir correspondent aux couleurs de son parti nationaliste flamand.
Oli – Sudpresse
Dubus montre une file de gilets jaunes, hommes et femmes (nous reviendrons sur cet aspect) portant des pancartes dont le slogan se simplifie de plus en plus allant de « Contre la hausse des taxes des prix des carburants » à une pan- carte blanche, passant entre les deux par « Contre la hausse des taxes des prix », « Contre la hausse des taxes », « Contre la hausse des prix », « Contre la hausse », « Contre »7. Sondron de son côté dessine le Manneken-Pis, vêtu d’un gilet jaune, cachant son zizi dont aucun jet ne sort et disant « Je ferme le robinet »8. Il faut attendre le 19 novembre pour que Kroll aborde la question tout en faisant bien le lien entre la France et la Belgique9. Il profite de la visite du président français Emmanuel Macron à Bruxelles pour dessiner celui-ci, couvert de bleus, être accueilli ainsi que son épouse par Charles Michel qui lui signifie « Restez le temps que vous voudrez ». Derrière le Premier ministre, le roi Philippe précise
« Le droit d’asile, Monsieur Michel, le droit d’asile », allusion à l’autre actualité belge autour de la question de la signa- ture du pacte migratoire de l’ONU à Marrakech (voir infra). Derrière Macron, une foule en colère au pied de la tour Eiffel, un CRS en équipement d’intervention, une voiture retournée et de la fumée illustrent la violence des événements du samedi soir dans la capitale française. Les personnes habillées de gilets jaunes (reconnaissables malgré l’absence de couleur) commentent : « Il a fui en Belgique », « Il demande l’asile à Bruxelles » et « Vendu ». Kroll lie ainsi en un seul dessin parfaitement cohérent et lisible trois actualités. Enfin, c’est L’Écho qui est le dernier à s’emparer du sujet par la caricature. Il publie un premier dessin le 21 novembre, signé Vadot. Avant cela, l’actualité principale de ce journal était centrée sur la question du Brexit. La ligne éditoriale et la sociologie du lectorat de ce quotidien plus tourné sur les ques- tions économiques et financières expliquent largement ce choix. Comme Kroll, Vadot aborde les gilets jaunes à travers la visite de Macron en Belgique et plus précisément en revenant sur le discours qu’il tient à l’Université catholique de Louvain le 20 novembre. Intitulé « Macron s’adresse à la jeunesse », ce dessin illustre directement comment Vadot per- çoit les gilets jaunes. Macron, déconfit derrière son lutrin, tient à bout de bras, d’un côté un gilet jaune et de l’autre une chemise brune avec une croix gammée à la manche et il lâche : « Voilà ce qui m’inquiète : à court terme le mouvement des gilets jaunes… À moyen terme, le retour des chemises brunes… Et aussi l’ignorance historique ». Dans la foule qui l’écoute, un personnage s’interroge « C’est quoi, les chemises brunes ? »10.
Dès les premiers dessins, une série de représentations sont établies. Les gilets jaunes sont un mouvement sans réel lea- der ne permettant pas aux dessinateurs d’utiliser un visage ou un personnage précis (à l’exception de Vadot, nous y reviendrons). Leurs revendications sont floues et surtout « contre » et s’expriment d’une manière qui peut être violente. Enfin, l’analyse première d’un mouvement poujadiste, voire d’extrême droite, sera reprise et restera prégnante chez les dessinateurs, en particulier chez Vadot et Sondron.
La séquence analysée se termine un mois après son commencement, de manière assez significative au moment où la FGTB organise une journée d’action nationale qui se concrétise dans certaines régions du sud du pays par une journée de grève. Notre corpus se clôture par des dessins qui annoncent le rôle que joueront les gilets jaunes dans la caricature en début d’année 2019. Un premier dessin de Vadot, publié un samedi (et donc dans un format toujours plus impor- tant qu’en semaine, intitulé « Vadot au carré »), se veut une prédiction du discours du roi11. Celui-ci est habillé d’un gilet jaune et s’imagine un moment porté sur un pavois par un couple de manifestants portant ce même gilet, dont madame Ronchard (l’un de ses personnages récurrents) et sa pancarte « À bas tout » complétée cette fois-ci d’un « sauf le roi ». Un deuxième dessin de Pierre Kroll montre un père Noël portant le gilet jaune et constatant dépité que « Je fais ce que je peux… La moitié de mon attelage a démissionné. Les plus flamands… Les autres sont en affaires courantes. Mon pou- voir d’achat a baissé. Et question climat… ça glisse pas ! ».12 Le tout dernier dessin est à nouveau un « Vadot au carré » qui fait intervenir madame Ronchard et sa pancarte « À bas tout » soulevant la cloche d’un plateau et faisant apparaî- tre la tête de Macron. En face, De Wever fait pareil avec celle de Charles Michel qui « Comme son copain Macron, il s’est fait rôtir par des gilets jaunes »13.
Des revendications et une organisation tournées en dérision
Sur 60 dessins, 30 ont comme sujet unique ou principal les gilets jaunes. Nous allons les analyser pour dégager l’image que les caricaturistes donnent des gilets jaunes, avant d’examiner comment ceux-ci seront utilisés en arrière-plan dans 30 autres représentations.
On l’a déjà vu, les caricaturistes perçoivent clairement et mettent à plusieurs reprises en avant les revendications rela- tives à la baisse du prix des carburants et à celle des taxes qui y sont liées. Cette question, puis celle des risques de pénurie liés aux blocages, reviennent régulièrement soit directement, soit en arrière-fond. Ainsi Sondron met en scène une voiture, avec un gilet jaune accroché à l’antenne radio comme un étendard, s’éloignant dans la direction indiquée par un policier fâché et il fait dire au conducteur « Pourvu qu’il nous reste assez d’essence pour rentrer »14. Oli dessine encore plus simplement le Manneken-Pis, vêtu d’un gilet jaune, remplissant un jerrican15.
Dans ce dessin paru dans les titres de Sudpresse le 27 novembre, Oli traite aussi de la diversité des revendications qui fleurissent avec le temps au sein du mouvement sous le titre « Les gilets de la discorde ».16 Il montre une foule de gilets jaunes dont émergent des slogans parfois contradictoires, tandis que l’un des manifestants s’interroge « Ça devient un peu confus, non ? ». Oli – Sudpresse
Vadot est le dessinateur le moins favorable au mouvement, insistant sur le côté poujadiste, voire d’extrême droite, comme dans son résumé de la semaine ou un des éléments montre madame Ronchard avec un gilet jaune et sa pan- carte « À bas tout » au côté d’un homme armé d’un fusil, vêtu d’un t-shirt à l’effigie de Trump et tenant une pancarte
« Fuck’em all » ; le couple affirmant dans un phylactère commun « Politicards, intellos, journalistes : tous pourris ». Sous madame Ronchard, une légende précise : « Sympathique manifestante apolitique », tandis que sous l’Américain est mentionné « Bourrin d’extrême droite (ne pas confondre) »17. Kroll aborde aussi cette question dans un dessin inti- tulé « Jeu : repère les vrais et les faux gilets jaunes »18. Avec en toile de fond un brasero, un camion en feu et une voiture retournée, six gilets jaunes sont alignés à l’avant-plan. À l’extrême gauche, se tient une dame, plutôt bobonne avec son sac et sa permanente et la mention « Stop aux taxes » inscrite sur son gilet. À sa droite : un homme tatoué avec crâne rasé, boucle d’oreille en forme de croix gammée, pantalon et chaussures militaires, tient une batte de baseball ; il est entouré par deux autres hommes « plus classiques » qui le regardent étonnés l’un portant une pancarte « Diesel moins chèr » (insistant sur une faute d’orthographe qui ici est loin d’être anodine). Le groupe est complété de Charles Michel et d’un djihadiste.
Les revendications contre la hausse des prix sont par ailleurs tournées en dérision à l’occasion du Black Friday. Dubus montre un couple de gilets jaunes qui abandonne un troisième congénère près d’un brasero sur un rond-point, une pan- carte « Pouvoir d’achat » jonchant le sol. Le couple court rejoindre une foule se précipitant dans un grand bâtiment à l’enseigne « Black Friday. 50 + 2 gratuits ». Et l’homme de dire, quelque peu gêné : « Heu… on revient tout de suite »19. Notons que ce lieu du rond-point sera à plusieurs reprises pris comme point de repère à la suite de leur occupation sur- tout en France par les gilets jaunes qui y placent des barrages filtrants ; on voit donc ici aussi l’influence du cas français dans la perception des caricaturistes. Ce 23 novembre également, Kroll prend le contrepied de Dubus avec un groupe de gilets jaunes dont l’un, juché sur un fût, modifie le titre du dessin de « Black Friday » en « Yellow Friday », tandis qu’un autre manifestant interpelle d’un « À ce soir » un policier en tenue anti-émeute s’éloignant l’air épuisé et répon- dant « À ce soir »20. Un autre aspect souligné est le côté peu organisé et très spontané du mouvement : Dubus repré- sente un gilet jaune tout seul à un rond-point avec une pancarte « Tous ensemble ! » et disant « Vous êtes où ? ». Le titre du dessin « Les gilets jaunes se coordonnent » accentue évidemment le contraste.21
On notera que de manière significative le Referendum d’initiative citoyenne (RIC), qui sera progressivement mis en avant comme une revendication centrale du mouvement des gilets jaunes, est absent de notre corpus qui reste sur les revendications premières liées au prix de l’essence ou sur l’aspect poujadiste du « contre tout ».
Une violence mise en avant
Par contre, les caricaturistes insistent sur la violence qui est le fait du mouvement ou qui l’entoure. Les effets de celle-ci s’illustrent sous la forme de voiture retournée, d’incendie, de débris sur le sol… qui sont utilisés à de nombreuses reprises comme éléments de contextualisation ou de décor. C’est l’occasion également de revenir sur la critique des per- sonnes qui composent le mouvement. Alors que Vadot évoque « L’évolution des gilets jaunes »22 avec un manifestant qui se transforme en une massue pourvue de pics sur fond d’incendie et qui dit « Faut pas nous prendre pour des manchots ! », Sondron et Kroll se montrent un peu plus nuancés.
Dans L’Avenir du 22 novembre, Sondron titre l’un de ses dessins : « Qui sont les gilets jaunes ? »23. Deux personnages habillés du fameux gilet répondent à la question. Sondron – L’Avenir
Kroll, quant à lui, dessine un couple de gilets jaunes qui rencontre un homme tout de noir vêtu, avec capuche, batte de baseball et muni d’une pancarte « Je suis un gilet jaune » alors même qu’à l’arrière-plan apparaît une manifestation et une voiture retournée en feu. Et la dame de s’interroger « Il est vraiment des nôtres ? ». Ce à quoi l’homme répond « Ben… je crois »24.
Dans ce dessin paru dans L’Avenir du 26 novembre, Sondron fait le lien avec la principale revendication des gilets jaunes relative au prix du carburant25. Sondron – L’Avenir
Dans un dessin paru dans les titres de Sudpresse le 1er décembre, Oli aborde la première manifestation à Bruxelles qui fut marquée par de nombreuses échauffourées et par l’incendie de deux véhicules de police. Il représente une scène confuse avec une voiture de police en feu, des pavés lancés et le jet d’un canon à eau. En outre, un policier s’empare d’un reporter en train de filmer un « Facebook Live » avec son téléphone, tan- dis qu’au cœur de la tourmente, un autre manifestant lit un feuillet intitulé « Notre message doit rester clair… »26. Oli – Sudpresse
Sondron revient sur ces violences avec un dessin très simple qui montre un « Gilet jaune samedi » content et le même le lendemain avec à l’air dépité, en « Gilet jaune dimanche » ayant enfilé un uniforme de prisonnier (tel que le portent les frères Dalton)27.
Le rapport avec les organisations syndicales
Cinq dessins font intervenir les syndicats. La présence de ce lien est d’autant plus intéressante qu’elle permet une com- paraison avec deux de nos précédentes analyses28. Chacun des caricaturistes a en fait représenté les syndicats une seule fois. Si Kroll le fait relativement tôt (voir infra), les quatre autres en ont l’idée à l’occasion de la journée d’actions natio- nales du 14 décembre annoncée par la FGTB. De ce fait, il n’est pas étonnant que cette dernière soit représentée dans les cinq dessins.
La CGSLB n’est croquée qu’une seule fois par Oli, dans un dessin paru dans les titres de Sudpresse le 12 décembre29 et mettant en scène trois représentants de chacun des syndicats (dont une femme), placés derrière une banderole « Front com- mun syndical ». Ils déclarent : « Il est temps de reprendre les choses en main ! », « Laissez faire les pros ! », « Pousse-toi tocard », cette dernière réplique émanant du représentant du syndicat libéral qui bouscule un gilet jaune. Oli – Sudpresse
Sondron et Dubus s’inscrivent dans la continuité du dessin d’Oli.
Dans ce dessin paru dans L’Avenir du 14 décembre, Sondron montre un homme en rouge qui déclare à deux gilets jaunes « Il est temps de laisser la place aux professionnels »30. Sondron – L’Avenir
Dubus, quant à lui, présente une manifestation de la FGTB qui arrive à un rond-point et dont le chef de file dit à un gilet jaune posté près d’un brasero « Va jouer ailleurs petit… »31. Ce qui prédomine dans la représentation est donc une forme de condescendance des syndicats envers le mouvement des gilets jaunes, avec aussi dans deux des trois dessins le fait que la masse syndicale est autrement plus importante que les quelques gilets jaunes. Vadot prend quelque peu le contrepied de cette représentation32. Dans son dessin du 14 décembre, il représente à l’avant-plan une série de gilets jaunes alignés (trois hommes, dont un jeune faisant un doigt d’honneur, et deux femmes, dont madame Ronchard) avec des slogans « Tous pourris », « À bas tout », « Vive les gilets jaunes ». À l’arrière-plan en feu, un bras vêtu de rouge tend et essaie de rendre visible une pancarte (également rouge) où est inscrit « Soyez sympa : soutenez les syndicats. Vive la grève ! ». Le caricaturiste de L’Écho souligne ainsi la timide volonté syndicale de relier les combats, mais surtout l’impres- sion que ce ne sont donc plus les syndicats qui incarnent et relaient la colère populaire.
La CGSLB est donc représentée une seule fois. La CSC l’est à deux reprises (sous les traits d’une femme) : dans le des- sin d’Oli, ainsi que dans celui de Kroll mais aux côtés de la FGTB. Dans trois des quatre dessins parus le 14 décembre, la FGTB illustre donc à elle seule le syndicalisme. Cela peut s’expliquer par le fait que cette journée était organisée à son initiative et qu’elle n’y fut rejointe que par endroit par les autres organisations syndicales, surtout par la CSC. En outre, cette proportion et cette représentation du syndicalisme par la FGTB restent conformes à ce qui ressortait de nos précédents articles sur les plans d’action syndicale de fin 2014 et de 2015 à travers la caricature.
La place des femmes
Un des aspects particuliers du mouvement des gilets jaunes se caractérise par la visibilité des femmes qui se trouvent au cœur de l’action33. Il est donc intéressant de voir si cette particularité a été abordée par les caricaturistes francophones belges ou si, comme pour le mouvement syndical, leur vision demeure centrée sur les hommes. La réponse est en fait mitigée. Seize dessins représentent les gilets jaunes comme mixtes ou, plus précisément, comptent au moins une femme parmi les manifestants vêtus de ce gilet. C’est une légère majorité par rapport aux 14 dessins qui ne font figurer que des hommes.
De manière systématique, quand un seul personnage est représenté pour incarner le mouvement de grogne, il s’agit d’un homme, et ce, à deux exceptions près. La première émane de Kroll qui, sous le titre « Mode automne-hiver 2018 »34, met en scène un défilé de mode avec, d’un côté, deux syndicalistes (un homme moustachu pour la FGTB et une femme pour la CSC) à l’attention desquels lesquels le public crie « Nul, ringard, démodé, déjà vu, récupéré », et de l’autre, une femme portant un gilet jaune qui provoque des acclamations enthousiastes de la foule « Génial, super, hype ce jaune, bravo, ouais !! ». La seconde exception se trouve personnifiée dans le personnage de madame Ronchard35, cher à Vadot, pour incarner les gilets jaunes. Cette utilisation est d’autant plus aisée qu’elle rejoint l’analyse globale qui se dégage des caricatures du dessinateur de L’Écho mettant l’accent sur le côté populiste et « opposé à tout » du mouvement.
Autre différence entre les dessinateurs, Sondron n’intègre une femme que dans un seul de ses dessins, Oli et Dubus les insèrent dans le décor et seuls Vadot et Kroll leur font jouer un réel rôle. Nous avons déjà parlé du premier et évoqué le second. Celui-ci utilise à quatre reprises un même personnage féminin au gilet jaune qui participe activement à l’action sans pour autant occuper un rôle de premier plan.
Dans ce dessin paru dans Le Soir du 27 novembre36, Kroll montre trois gilets jaunes, deux hommes encadrant une femme. À l’arrière-plan, la journaliste d’RTL Emmanuelle Praet (voir infra) et la secrétaire générale d’Ecolo Zakia Kattabi se battent, alors que le NV-A Theo Francken encourage la première d’un « Allez Emmanuelle allez ». Un des gilets jaunes lâche « Encore des casseurs », tandis que sa congénère crie « Un peu de calme, on ne s’entend plus ! ». De l’autre côté arrive Elio Di Rupo déclarant : « Moi, je vous ai compris ». Ce à quoi, le second gilet jaune s’interroge « Et c’est qui encore celui-là ? ». Kroll – Le Soir
Un mouvement qui « s’invite » dans quatre autres actualités
Comme nous l’avons évoqué, le symbole des gilets jaunes apparaît très vite dans les caricatures comme un élément sup- plémentaire, un apport de lecture au sujet principal, soit par une mention explicite, soit par le simple fait de dessiner le vêtement sur une personne n’ayant rien à voir avec le mouvement (comme le roi, par exemple). Cette évocation est nota- ble dans les dessins liés à quatre autres actualités qui ont marqué la fin 2018. On notera dès maintenant qu’ils ne sont jamais utilisés dans les dessins concernant le Brexit, à une exception près (voir infra).
- La visite de Macron : les hasards du calendrier font que le président français Emmanuel Macron se trouve en visite officielle en Belgique la semaine qui suit le début du mouvement des gilets jaunes dans les deux C’est l’occa- sion évidemment pour les caricaturistes de lier les deux actualités. Outre les deux dessins déjà analysés, trois autres évoquent directement la visite de Macron. Oli montre un Charles Michel déroulant un tapis rouge devant le couple Macron et le couple royal, tout en écrasant un groupe de gilets jaunes37.
Dans ce dessin paru dans L’Avenir du 19 novembre, Sondron fait le lien de manière plus indirecte et représente le président français tenant d’une main un cornet de frites et de l’autre une bière qui, interloqué, déclare : « Des frites jaunes… De la bière jaune… Tu parles d’un accueil ! »38. Sondron – L’Avenir
Dans ce dessin, Dubus caricature Charles Michel qui rassure Macron, apeuré à la vue de deux hommes portant un gilet jaune, en lui précisant : « Pas de panique Manu… Vous êtes à Bruxelles. Ce sont des travaux »39. Dubus – Paru dans La Libre et La DH du 20 novembre 2018
Sur l’ensemble du corpus, le président français figure douze fois au total pour faire allusion au mouvement ou en décrire l’évolution. Ainsi dans un dessin de Kroll, il est assis dans son bureau, vêtu d’un gilet jaune et il interpelle le père Noël par un « Dites-moi. Comment vous faites pour qu’on croie en vous ? »40. Vadot lie quant à lui actualité française, question climatique et petit incident médiatique belge41. Il représente le président français lors d’une allo- cution sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, s’exprimant en ces termes : « Chers “gilets jaunes”… On ne peut pas être un jour pour l’environnement et le lendemain contre la hausse du carburant… ». Vignette suivante, il se tourne sur le côté et s’adresse à une personne hors-champ « Comment dites-vous ? Si j’étais polémiste sur RTL, je me ferais virer aussi sec ? ». Au final, notons que chaque dessinateur du corpus aura traité cette visite de Macron à Bruxelles en faisant le lien avec les gilets jaunes.
- La manifestation historique pour le climat : le 2 décembre 2018, une manifestation est annoncée à Bruxelles comme dans d’autres grandes villes en faveur d’une politique climatique ambitieuse. Elle est initiée par la COP 2442à la veille de négociations climatiques internationales devant avoir lieu en Pologne. Espérant entre 15 et 30 000 personnes, la coalition pour le climat verra plus de 75 000 personnes, très souvent en famille, se rendre à Six dessins évoquent cette manifestation avec une allusion plus ou moins forte aux gilets jaunes.
La veille de la manifestation pour le climat, Dubus dessine une famille dans sa voiture en direction de Bruxelles43. À l’arrière, l’enfant porte un gilet jaune et tient une pancarte reprenant le slogan de la manifestation « Je peux pas, j’ai climat ». Dubus – Paru dans La Libre et La DH du 1er décembre 2018
Au lendemain de la manifestation, Kroll dessine une foule poussant dans le dos Charles Michel vers l’estrade de la COP 24. Et celui-ci de dire « OK, OK j’ai compris. Et aux gilets jaunes je dis quoi ? »44. Kroll – Le Soir
Oli, le même jour45, dessine aussi une foule qui défile derrière une banderole « Le changement, c’est maintenant » et dont émergent des pancartes « La vie d’abord ! », « Sauvons la planète, sauvons le futur ! », « On n’a qu’1 terre ! », tandis qu’à côté du cortège, un gilet jaune énervé interpelle les manifestants « C’est bien beau… … et qui c’est qui va payer pour le climat ? ».
- La crise autour du pacte de l’ONU de Marrakech sur les migrations : la période analysée est aussi celle d’une crise gouvernementale autour de la signature de ce pacte mondial pour « les migrations sûres, ordonnées et régulières » qui devait être signé à Marrakech, entre autres par la La N-VA refuse cette signature alors que le Premier ministre Charles Michel s’y était engagé à la tribune de l’ONU. Cette crise aboutira au départ des ministres de la N- VA du gouvernement fédéral et à la mise en « affaires courantes » de celui-ci, soit pendant cinq mois jusqu’aux élec- tions de mai 2019. Cinq dessins qui intègrent aussi les gilets jaunes y sont consacrés, dont trois du seul Dubus. Dans une caricature sans dialogue intitulée « Les gilets jaunes bloquent »46, il met en scène deux figures emblématiques du parti nationaliste flamand, Bart De Wever et Theo Francken, vêtus de gilets jaunes estampillés N-VA (pour rap- pel, le jaune est la couleur de ce parti) qui empêchent Charles Michel d’atteindre un bureau où est déposé le dos- sier « pacte sur les migrations ».
Le 7 décembre, dans les titres de Sudpresse, Oli de son côté montre une foule de manifestants en gilets jaunes, dont trois à l’avant-plan (une femme et deux hommes) qui brandissent divers slogans47. Les deux hommes dialoguent (la femme reste donc silencieuse, voir supra). Oli – Sudpresse
- « L’affaire » Emmanuelle Praet : cette polémiste intervenant dans des émissions radio et TV de Bel RTL et RTL-TVI est licenciée fin novembre pour des propos jugés totalement déplacés sur le parti La journaliste est connue pour ses positions très à droite et dans le contexte de la crise autour du pacte de Marrakech, ce licenciement sus- cite une polémique médiatique. Elle est évoquée dans quatre dessins dont deux déjà signalés : un de Kroll qui l’in- carne dans une scène de bagarre en arrière-plan et un de Vadot qui y fait allusion lors d’une allocution de Macron48. Les deux autres sont de la main d’Oli qui en fait son sujet principal. L’un avec un intitulé jouant aussi sur l’actualité du Brexit, « Hard Praexit »49, montre un gilet jaune goguenard interpellant Emmanuelle Praet, qui est en train de faire son plein d’essence au Cora de Châtelineau, d’un « Fin de mois difficile aussi on dirait… ». L’autre représente Praet vêtue d’un gilet jaune et armée d’une planche avec un clou, l’air déterminé et disant « Si je croise quelqu’un de RTL… ou un Écolo… j’le défonce ! ». Sous le titre « Gilets jaunes : durcissement ! »50, on y voit en fond manifes- tant en gilet jaune constatant « Les casseurs sont de retour… ».
Au final un élément qui s’ancre dans le décor
Comme on a déjà pu le constater au fil de cet article, le mouvement des gilets jaunes a fortement retenu l’attention des caricaturistes qui suivent l’actualité médiatique. L’image donnée est celle d’anonymes, hommes ET femmes, occupant des ronds-points et manifestant pour des revendications réduites, à quelques exceptions, à l’opposition au prix des car- burants ou à un « contre tout ». Les incidents violents sont particulièrement mis en avant, tout comme le caractère pou- jadiste. La représentation qui se dégage de notre corpus n’est donc pas très favorable à ce dernier et rejoint le discours médiatique dominant51. Les acteurs politiques sont relativement absents de ces dessins. Nous avons déjà souligné la manière dont est traité Macron. Le Premier ministre belge, Charles Michel, apparaît seulement une fois de plus, cinq dessins les réunissant. Viennent ensuite : De Wever, quatre fois ; Theo Francken et Elio Di Rupo, deux fois. Et mention- nons Zakia Kattabi (une fois), pour être complet.
Le succès médiatique du mouvement pousse sans doute les caricaturistes à s’emparer du sujet et la facilité de représen- tation et de compréhension de son symbole vestimentaire en font rapidement un élément complémentaire à des des- sins portant sur d’autres thèmes comme dans 30 dessins sur les 60 de notre corpus (soit exactement la moitié). Cet usage s’accompagne souvent d’un niveau de lecture complémentaire lié au mouvement lui-même.
Le 27 novembre, Sondron livre à cet égard un dessin exemplatif intitulé « Des Belges analyseront le sous-sol de Mars » où un robot fait face à un manifestant qui cherche à l’arrêter52, en référence aux barrages filtrants mis en place par le mouvement. Sondron – L’Avenir
Le fameux gilet est parfois utilisé comme simple élément visuel supplémentaire : ainsi les dessinateurs n’hésitent pas à en affubler diverses personnalités : Albert II (dans un dessin de Kroll concernant sa fille présumée Delphine Boël53), Charles Michel (dans une caricature de Dubus sur le pacte de Marrakech54) ou encore le prince Laurent (quand Oli le représente enrhumé dans un dessin intitulé « La pauvreté touche 1 enfant sur 4 ! »55). Une utilisation qui risque de per- durer, surtout si le mouvement des gilets jaunes continue à marquer de sa présence l’actualité en 2019…
Paru en janvier 2019, ce dessin de Dubus résume bien ma conclusion : les gilets jaunes ne sont pas l’actualité principale évoquée (ici, le match de boxe des rappeurs Booba/Kaaris annoncé à Bruxelles), ils sont clairement présentés comme violents (en témoigne la référence à la batte de baseball) et ils sont perçus par le prisme français dans la mesure où c’est Emmanuel Macron qui les conduit au bourgmestre Philippe close. Dubus – Paru dans La Libre et La DH du 12 janvier 2019
Julien Dohet
1 Voir l’interview croisée de Vadot et Kroll, « L’édito du crayon », L’Écho, 29 décembre 2018, p. 54-55.
2 Voir par exemple : « Le coup de gueule de Jacqueline Mouraud », C à Vous, 6 novembre 2018, [En ligne] https://www.youtube.com/watch?v=CCxlDDt98Vk.
3 Laurent Bonelli, « Pourquoi maintenant ? », Le Monde diplomatique, n° 778, janvier 2019, p. 13.
4 Dont 45 seront décrits dans notre texte.
5 Pour une période similaire, mais avec un champ d’étude un peu plus large, le mouvement syndical de fin 2014, d’une ampleur bien plus importante, avait vu la production de 92 dessins. Voir : Julien Dohet, « Le plan d’action syndical de fin 2014 à travers la caricature », Analyse de l’IHOES, n° 139, 5 février 2015, [En ligne] http://www.ihoes.be/PDF/IHOES_Analyse139.pdf.
6 Dans les titres de Sudpresse, le 15 novembre 2018.
7 La Libre, 17 novembre 2018.
8 L’Avenir, 17 novembre 2018.
9 Le Soir, 19 novembre 2018.
10 L’Écho, 21 novembre 2018. Le dessin de Vadot fait également allusion au positionnement de Macron qui se profile à la veille des élections européennes comme le rempart contre l’extrême droite rejouant ainsi la partition du second tour de la présidentielle
11 L’Écho, 22 décembre 2018.
12 Le Soir, 24 décembre 2018.
13 L’Écho, 29 décembre 2018.
14 L’Avenir, 21 novembre 2018.
15 Dans les titres de Sudpresse, le 8 décembre 2018.
16 Dans les titres de Sudpresse, le 27 novembre 2018. Sur Praet et sur la planète voir infra.
17 L’Écho, 8 décembre 2018.
18 Le Soir, 22 novembre 2018.
19 La Libre, 23 novembre 2018.
20 Le Soir, 23 novembre 2018.
21 La Libre, 30 novembre 2018.
22 L’Écho, 23 novembre 2018.
23 L’Avenir, 22 novembre 2018.
24 Le Soir, 1er décembre 2018.
25 L’Avenir, 26 novembre 2018.
26 Dans les titres de Sudpresse, le 1er décembre 2018.
27 L’avenir, 8 décembre 2018.
28 J. Dohet, « Le plan d’action syndical de fin 2014 à travers la caricature », op. cit. et Julien Dohet, « Le plan d’action syndical de 2015 à travers la caricature », Analyse de l’IHOES, n° 158, 12 juillet 2016, [En ligne] http://www.ihoes.be/PDF/IHOES_Analyse158.pdf.
29 Dans les titres de Sudpresse, le 12 décembre 2018.
30 L’Avenir, 14 décembre 2018.
31 La Libre, 14 décembre 2018.
32 L’Écho, le 14 décembre 2018.
33 Voir notamment : Caroline Fontain et Juliette Pelerin, « “Gilets jaunes” : les femmes en première ligne », Paris Match, 8 décembre 2018,
[En ligne] https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Gilets-jaunes-les-femmes-en-premiere-ligne-1593078 ou Safia Kessas, « Femme et “Gilets Jaunes” : la révolte dans la révolte », RTBF.be, 11 décembre 2018, [En ligne] https://tinyurl.com/ycytwq9k et https://tinyurl.com/ybk587xe.34 Le Soir, 20 novembre 2018.
35 Vadot prépare un premier album centré sur ce personnage récurent qui incarne le populisme. Celui-ci paraîtra en 2019, voir : https://tinyurl.com/ybqyz3rb.
36 Le Soir, 27 novembre 2018.
37 Dans les titres de Sudpresse, le 20 novembre 2018.
38 L’Avenir, 19 novembre 2018.
39 La Libre et La Dernière Heure, 20 novembre 2018.
40 Le Soir, 12 décembre 2018.
41 L’Écho, 28 novembre 2018.
42 Coalition Climat rassemblant plus de 70 organisations environnementales. Voir : http://klimaatcoalitie.be/fr.
43 La Libre, 1er décembre 2018.
44 Le Soir, 3 décembre 2018.
45 Dans les titres de Sudpresse, le 3 décembre 2018.
46 La Libre, 24 novembre 2018.
47 Dans les titres de Sudpresse, le 7 décembre 2018.
48 Soit le dessin du 27 novembre 2018 paru dans Le Soir et celui du lendemain publié dans L’Écho.
49 Dans les titres de Sudpresse, le 28 novembre 2018.
50 Dans les titres de Sudpresse, le 26 novembre 2018.
51 Voir notamment le dossier: « Mobilisation des gilets jaunes (2018) », Acrimed : observatoire des médias, action – critique – média, [En ligne] https://www.acrimed.org/-Mobilisations-des-gilets-jaunes-2018-,ou encore, l’article de Vincent Engel, « Gilets jaunes : politique ou narration ? », Le Soir, 12 janvier 2019, [En ligne] https://plus.lesoir.be/200073/article/2019-01-12/gilets-jaunes-politique-ou-narration. 52 L’Avenir, 27 novembre 2018.
53 Le Soir, 30 novembre 2018.
54 La Libre, 8 décembre 2018.
55 Dans les titres de Sudpresse, 15 décembre 2018.