Pour une politique du post-confinement

POUR participe à l’élaboration collective d’un monde meilleur

La crise sanitaire que nous devons tous affronter par la grâce du coronavirus nous pousse à réfléchir à quelle devra être, demain, l’organisation de nos sociétés pour ne pas poursuivre comme des moutons l’actuelle logique suicidaire. Dans cette perspective, POUR souhaite publier textes et vidéos qui illustrent quelles seront les leçons que nous devrons retenir collectivement pour que « le jour d’après » ne ressemble pas aux « jours d’avant ». Nous relayons ici les propositions de quatre personnes actives sur le terrain de l’éducation permanente.

A.A.

Travailleurs et travailleuses du secteur de l’éducation permanente, actif∙ve∙s de différentes manières dans le champ associatif, il nous a semblé nécessaire, face aux nombreuses prises de position suscitées par la crise actuelle, de prendre part à la discussion depuis le point de vue qui est le nôtre. Nous écrivons en notre nom propre afin de mettre en avant un positionnement personnel, en espérant pouvoir nourrir le débat en cours.

Se mobiliser dès aujourd’hui

Depuis le début du confinement on l’entend à longueur de journée : « C’est un moment historique », « rien ne sera plus comme avant », « le virus est révolutionnaire ». Certain∙e∙s croient – sans doute en prenant les discours actuels en mode « communisme de guerre » des gouvernements un peu trop à la lettre – que les élites politiques (sinon les élites économiques) ont finalement compris qu’une transformation sociale s’impose, d’autres pensent qu’un effondrement du système capitaliste est, dans ce contexte, inévitable. C’est une réaction typique, notamment au sein des milieux de gauche, que de croire que la crise tende par elle-même à accoucher des révolutions. Ce texte est motivé par une conviction opposée : non seulement la crise n’accouche pas des révolutions, mais elle n’est pas, dans une société capitaliste, un événement exceptionnel. La crise constitue une des modalités d’existence du capitalisme, qu’elle existe sous une forme « purement » économique ou qu’elle tire profit de guerres, d’épidémies ou d’autres catastrophes : elle constitue la réaction nécessaire aux tendances à la suraccumulation et/ou à la surproduction qui sont l’expression même de l’essence du capitalisme ; elle garantit la dévaluation nécessaire à relancer le cycle économique ; elle devient de plus en plus le mode d’existence privilégié de notre société. On pourrait même dire que l’une des lignes d’action capitalistes par excellence est de « ne jamais gaspiller une crise sérieuse ». Nous ne voulons pas dire que cette crise n’engendrera pas des transformations de nos structures sociales ; nous voulons dire que ces transformations ne changeront pas par elles-mêmes la logique capitaliste fondamentale qui régit le système. Il est en ce sens essentiel de tirer les leçons de la crise « historique » de 2008.

Il y a certes des différences importantes entre la crise de 2008 et la crise actuelle, différences qui, pour l’essentiel, ne concernent pas la dimension économique mais la dimension sociale. Si la crise de 2008 a frappé durement des pans entiers de la population par les pertes d’emplois qu’elle a provoquées ou par les mesures d’austérité qui l’ont suivie, la crise sanitaire actuelle est marquée par une contradiction qui la singularise. D’un côté, le Covid-19 frappe par-delà les frontières de classe et tout le monde est d’une manière ou d’une autre affecté par les mesures prises pour contenir la contagion, des mesures qui touchent aux mœurs mêmes de la population. D’un autre côté, les politiques mises en place pour contenir la contagion sont à l’évidence des politiques de classe, aboutissant à une situation où une partie de la population ne peut pas se protéger du virus pour permettre à une autre partie de la population d’être confinée le plus paisiblement possible. Il y a, dans cette contradiction, de quoi briser l’unité idéologique des classes dominantes.