La pandémie due au Covid-19 nous a tous obligés à modifier radicalement nos façons de vivre. En majorité nous avons été obligés de ralentir nos vies frénétiques, nous sommes souvent restés enfermés de longs mois dans nos domiciles et avons donc dû, de gré ou de force, réaliser ce qui nous importait vraiment et ce qui était du superflu. Nous avons souvent réalisé que ce que nous jugions, jusqu’il y a peu, indispensable n’était que hochets destinés à nous distraire et à faire de nous de dociles consommateurs au service du productivisme érigé en nouvelle religion.
Des constats assez consensuels ont émergé. Ainsi, de l’avis général, la mondialisation est devenue folle et, pour beaucoup de biens de première nécessité, il importe de relocaliser les productions. En particulier, notre alimentation est de très piètre qualité et beaucoup ont découvert les circuits courts et des saveurs qu’ils avaient oubliées. Le tourisme de masse à grande distance étant suspendu, un printemps exceptionnellement beau (au grands dam des agriculteurs voyant leurs culture sécher sur pied) a permis aux fait découvrir à certains amateurs d’exotisme qu’il y avait, près de chez eux, des paysages et des beautés qu’ils ignoraient. Mais ces changements, certes bénéfiques, restent superficiels. Si nous ne voulons pas que reprenne le business as usual et que la crise sanitaire ne soit qu’un agréable apéritif face aux bouleversements que vont engendre les crises environnementales, sociales et climatiques, c’est bien plus en profondeur qu’il faudra changer. C’est un tout autre système de valeurs que nous devrons élaborer : la solidarité et pas le chacun pour soi, l’utilité sociale et pas l’utilitarisme économique, le temps long et pas l’immédiateté d’enfants gâtés, la morale et pas le cynisme privilégiant l’égoïsme… Tout cela implique un changement de modèle sociétal (un nouveau paradigme disent les intellos) qui ne s’improvise malgré le peu de temps dont nous disposons. À cet égard, il est des groupes, minoritaires jusqu’il y a peu, qui réfléchissent depuis longtemps à comment traduire dans nos société hyper-développées, hyper-connectées et hyper-stressées des valeurs à redécouvrir comme la frugalité, le refus de réussir, le respect du vivant sous toutes ses formes. Ainsi, les partisans belges de la décroissance quantitative se sont organisés depuis plus de 10 ans au sein du mouvement politique des objecteurs de croissance (mpOC). Aon d le ajournée internationale de la décroissance (6 juin), ils ont récemment envoyé à plusieurs médias, un texte qu’ils proposaient à la publication en tant que carte blanche (La Libre Belgique a accueilli ce texte sur son site). POUR relaie évidemment très volontiers cette offre de « service intellectuel » en cette période il est impérieux d’arrêter (c’est fait), de réfléchir (on essaie) et de constater que ce n’est pas triste (si on prend les bonnes décisions collective. Les initiés auront reconnu la référence non dissimulée à la prophétique bande dessinée L’An 01, publiée de 1971 à 1974 sous forme de série dans Charlie Mensuel et puis, Charlie Hebdo, par Gébé puis enrichie par les propositions des lecteurs. Il en fut tiré un film disponible en ligne gratuitement (évidemment), auquel a participé quasi tout ce qui allait être orignal dans la culture française des années suivantes. A.A. |
« Un événement ne nous libère que si nous renonçons à nos habitudes et le saisissons comme une occasion de pensée. » Hannah Arendt
Depuis 2013, les groupes décroissants du monde entier ont décidé d’une journée mondiale commune de la décroissance(1) pour montrer à quel point les alternatives menant au-delà d’une société qui repose sur la croissance économique sont déjà non seulement explorées mais encore mises en pratiques partout sur notre planète.
Cette année, les 2 mois de confinement (et le déconfinement partiel qui démarre) forcent nos contemporains à mesurer ce qui est vraiment important pour eux et ce qui ne l’est pas. Objecteurs/trices de croissance belges, nous constatons que cette réflexion obligée sur les valeurs qui donnent sens à nos vies, ouvre les yeux de beaucoup sur ce que nous essayons de rendre visible depuis près de 20 ans : notre société est engagée dans une voie qui est non seulement suicidaire sur un plan écologique mais aussi totalement négative quant au bien-être des personnes.