LES BRÈVES DE LA QUINZAINE DE POUR
La quinzaine sociale, économique et environnementale en Belgique
vue par POUR en 7 BRÈVES.
.
BRÈVE 1
Analyse des résultats des élections résultats du 9 juin 2024 en Région Wallonne
|
.
BRÈVE 2
Fraude fiscale et évasion fiscale illégitime– Episode 2 –
.
Les grands courants de fraude fiscale contrôlés par l’ISI et non contrôlés par l’ISI, ceux qui existent toujours et ceux qui ont disparu et pourquoi, et les résultats, ceux obtenus ou pas par l’ISI et ceux obtenus par d’autres structures administratives suppléants à l’ISI, et quelques réflexions (Pièce en trois actes).
.
Premier Acte
L’Inspection Spéciale des Impôts, La Vieille Dame et la Mort, hommage à Franz Liszt et au Capitaine Marleau .
Constituée en 1980 à la demande du Gouvernement de l’époque par la fusion des Sections Spéciales de l’Administration des Contributions Directes et de l’Administration de la TVA en une Administration de l’Inspection Spéciale des Impôts, appelée ISI, et opérationnelle dès 1981, elle regroupe à son origine quelques 400 agents en 5 directions territoriales, dont 2 à Bruxelles, qui traitent par an quelques 400 dossiers de grande fraude fiscale en matière d’impôts directs et de tva. Début des années 1990, les 2 directions bruxelloises sont fusionnées en une seule. En 1995, par le Gouvernement de l’époque, un Administrateur général adjoint (AGAI) est mis en place, en charge de la coordination de la lutte contre la fraude fiscale, des méthodes de sélection et de contrôle des dossiers et de supervision des activités de sélection et de contrôle des dossiers, l’AGAI et ses services, notamment le Comité Anti Fraude ( mis en place en 1980 mais rapidement tombé en inactivité, il se voit doté à partir de 1995 d’ un minimum de personnel permanent et de la possibilité de mettre en place des task force antifraude), exerçant l’autorité hiérarchique sur toutes les Administrations fiscales, leurs services et leurs agents (comme le précisait notamment le rapport au Roi de la mise en place et la lettre de mission du Ministre des Finances de l’époque).
.
En 1996, 4000 dossiers d’impôts directs traités par l’ISI (dont 510 dossiers relatifs aux trois courants de fraudes QFIE, sélectionnés via les premières sélections informatisées mises en place par l’Administration fiscale, rectifiés par l’ISI Bruxelles, sur instruction du Gouvernement de l’époque, de 1991 à 1995, et pour lesquels un groupe d’appui en charge du traitement du contentieux concerné sera mis en place en 2000, placé directement sous la supervision du Comité Anti Fraude CAF et non plus de l’ISI ou de l’Administration des Contributions Directes ) font l’objet de réclamations des contribuables imposés et, du fait que l’ISI n’a pas de compétences réglementaires à traiter son propre contentieux (celui-ci végétait dans les ou au dessus des armoires des services classiques de contentieux sans traitement réel), des inspections spécialisées en contentieux ISI sont mises en place dans les directions régionales de l’Administration des Contributions Directes (qui , après examen du litige, ne peuvent prendre décision qu’avec l’accord du directeur régional de l’ISI dont la direction a établi la cotisation contestée) , l’ISI ne devenant compétente pour le traitement de son propre contentieux qu’à partir de 2007 pour les impositions établies à partir de cette année, quelques 90 agents de l’ISI traitant actuellement le contentieux administratif et judiciaire de cette Administration.
.
En 1996 et en 1997, tout d’abord, la saisine par l’ISI des dossiers de fraude fiscale est resserrée sur les dossiers relatifs aux grands courants de fraude fiscale et aux mécanismes particuliers de fraude, de manière à éviter le traitement par l’ISI de petits (par les enjeux techniques et. budgétaires) dossiers non pertinents dont la présence au plan de travail de l’ISI augmentait depuis 1986. Les inspections ISI en charge de la lutte contre les carrousels TVA (antérieurement généralistes et localisées)sont spécialisées selon les types de produits faisant l’objet de carrousels, leur compétences territoriales étant étendues, une seule inspection localisée à la Direction de Bruxelles étant spécialisée dans les carrousels sur les huiles minérales dans l’ensemble de la Belgique.
Également, en 1997, un seul service est mis en place à l’AFER (fusion des Administrations des Contributions Directes et de la TVA), en charge de la lutte contre les carrousels TVA au sein de cette Administration, lutte précédemment dispersée entre 9 directions régionales TVA, service qui sera intégré ensuite vers 2000 à l’Administration de l’ISI, cette Administration devenant ainsi la seule compétente pour la lutte contre les carrousels TVA aux nombreux aspects internationaux et judiciaires.
Durant la seconde moitié des années 1990, des cellules juridiques et des cellules recouvrement sont également créées au sein des directions régionales ISI et les cellules douanes, désaffectées, sont réactivées et renforcées en personnel.
Les cellules informatiques de l’ISI sont également renforcées et servent de modèle à la création, hors règlement organique, sur base d’une instruction opérationnelle, vers 2000, des cellules informatiques de l’AFER qui sont intégrées ensuite lors de la réorganisation Coperfin au CNR (Centre National des Recherches de l’AFER devenue AGFisc).
En 2003, l’ISI évite la dissolution et l’absorption de ses directions régionales par l’AFER, proposition formulée par le courant libéral essentiellement du côté flamand.
En 2010, elle obtient la possibilité de contrôler les prix de transfert des multinationales en cas de fraude fiscale, le contrôle des prix de transfert en Impôt des Sociétés étant jusqu’à cette date le monopole d’un service spécialisé de l’AFER.
En 2016, l’Administration Générale de l’ISI est mise en place, composée de 4 directions territoriales et d’une direction nationale, chaque direction dotée d’une unité de gestion des données, l’ISI est dotée en principe de plus de 700 agents comme le prévoyait la réforme Coperfin et consolide ainsi les divers processus de renforcement mis en place à compter de la dernière moitié des années 1990. L’ISI développe une approche couplant gestion des risques et affaires de fraude (en principe, une approche plus large que celle de dossiers individuels ou liés) et conserve la possibilité de développer ses propres approches interprétatives et jurisprudentielles.
Elle traite depuis la moitié des années 2010 plus de 2000 dossiers par an en moyenne, générant également certaines années, au départ d’une ou plusieurs affaires de fraude, plusieurs dizaines, parfois plusieurs centaines, de dossiers individuels à traiter par les services opérationnels des Piliers de l’AGFisc, dans le cadre d’opérations de contrôle dites a ramification.
A partir de la seconde partie des années 1990, au travers du CAF et notamment de certaines Task Force AntiFraude, en association des diverses Administrations opérationnelles AFER, ISI et Douanes et Accises et leurs services de recherche, le SPF Finances expérimente et développe les concepts d’opérations sectorielles et d’opérations thématiques dans divers secteurs de risque (notaires, huissiers de justice, mécaniciens dentistes, dentistes, chirurgiens esthétiques, fraudes aux huiles minérales, caisses enregistreuses, secteur de la farine et boulangeries industrielles, sociétés de leasing de voitures, sociétés de liquidités, notes de crédit, repas à emporter du secteur des fast food).
Est développé également , notamment au départ de dossiers ISI, le concept d’opérations à ramification. Ces concepts et plusieurs mises en œuvre sont présentés en 2000 lors d’un séminaire international à Bruxelles (Salle Pachéco) organisé par le SPF Finances auquel participent également plusieurs Administrations fiscales étrangères.
Dans le cadre des procédures de mise en commun préalables à la fusion officielle en 2005 des Administrations britanniques Inland Revenue (Impôts sur les revenus) et VAT & Customs (TVA, Douanes et Accises) et de leurs services en une Administration unique HMRC, organisée par groupes cibles de contribuables (le groupe PME étant par ailleurs fragmenté en divers groupes cibles Très Petites Entreprises, Petites Entreprises et Moyennes Entreprises contrairement à la Belgique où il constitue un groupe cible unique), l’Administration fiscale du Royaume Uni expérimente et implémente les outils d’opération sectorielle, d’opération thématique et d’opération à ramification pour harmoniser et unifier les sélections de dossiers et les opérations de vérification de ses services de contrôle.
.
Ces trois outils sont intégrés en Belgique en 2001 au travers du programme gestion des risques de Coperfin comme outils conceptuels et opérationnels d’analyse de risques de fraude fiscale et de sélection ( y compris pour ce qui concerne les aspects logiciels tels le datamining ) des dossiers à contrôler ou pour lesquels pratiquer un recouvrement actif (distinct de la simple perception) pour les différentes Administrations fiscales belges.
Hors certaines mesures législatives qui en ont découlé ou qui y étaient liées par des initiatives notamment européennes, les recommandations des deux Commissions Parlementaires d’Enquête de 2008- 2009 sur divers courants et dossiers de grande fraude fiscale et de 2017 consécutive aux Panama Papers auront peu d’impact réel sur la dimension organisationnelle des activités de contrôle de l’ISI et sur les dimensions conceptuelles et technologiques de son approche en matière de lutte contre la grande fraude fiscale et contre l’évasion fiscale illégitime.
.
En 1986, suite notamment à l’affaire Kirschen, par l’adoption de la Charte du Contribuable, le Gouvernement de l’époque met un frein à la collaboration de certains services de l’ISI avec la justice pénale d’instruction par la Charte du Contribuable, laquelle prévoit notamment que les fonctionnaires du fisc (à l’exception des matières douanières et accisiennes dans lesquelles ils disposent de compétences quasi judiciaires) ne peuvent plus être entendus que comme témoins (ils ne peuvent donc plus participer aux actes d’instruction comme des agents administratifs sans statut particulier) et qu’en ce qui concerne les plaintes et informations pénales d’un directeur régional de l’ISI, les parquets doivent requérir, avant mise à l’instruction éventuelle, l’avis préalable des directeurs régionaux des Administrations fiscales classiques sur le contenu et l’opportunité des plaintes et informations (ce qui, outre un facteur de lenteur supplémentaire dans les mises à l’instruction, autorise certains de ceux-ci à bloquer la pénalisation de dossiers de fraude qu’ils ou leurs services auraient négligés, sous-evalués ou protégés).
.
Début des années 1990, par le Gouvernement de l’époque, deux mécanismes légaux de détachements d’assistants fiscaux avec pouvoir d’officier de police judiciaire sont mis en place, le premier vers l’OCDEFO (Direction de la Police Judiciaire de la Police Fédérale), le second vers les 5 principaux parquets territoriaux, mécanismes par lesquels les fonctionnaires du fisc y affectés sont principalement des agents de l’ISI ou le devenant. Au sein du Collège des Procureurs Généraux, un réseau des magistrats d’appui en matière fiscale et financière est également mis en place.
.
En 1997, dans le cadre de diverses instructions judiciaires pénales, relatives aux opérations QFIE, aux dossiers auteurs (mécanisme par lequel quelques 250 fonctionnaires du cadre intermédiaire et supérieur essentiellement des services centraux des Administrations fiscales obtenaient des rémunérations complémentaires, taxées pour l’essentiel en revenus divers et non en revenus professionnels, pour des collaborations, autorisées ou clandestines, avec des revues fiscales) et à divers dossiers financiers et fiscaux, certains liés à des situations de corruption de fonctionnaires fiscaux, le Ministère des Finances et ses services centraux sont perquisitionnés plusieurs fois (avec l’appui d’une partie de la hiérarchie administrative et de l’aile marchante de plusieurs administrations fiscales dont l’ISI), sur instruction du parquet de Bruxelles, par plusieurs juges d’instruction et quelques 140 policiers et gendarmes. Les dossiers judiciaires et administratifs liés aux aspects auteurs et corruption s’éteindront progressivement jusqu’en 2012.
.
L’existence de ces dossiers judiciaires et administratifs aura cependant comme vertu de réduire fortement le nombre de fonctionnaires auteurs (40 d’entre eux, dont les plus importants, quitteront sur plusieurs années le Ministère des Finances) et de consacrer pendant près de 10 ans la défaite des secteurs des Administrations fiscales partisans, en matière de lutte contre la fraude fiscale, de l’immobilisme tel que consacré notamment par la Charte du Contribuable de 1986, une approche de non systématisation en courants de fraude fiscale et une lecture très étroite des pouvoirs d’investigation du fisc.
Fin 1998, le Collège des Procureurs Généraux approuve et diffuse (auprès des services de la Justice Pénale et des services de police et de gendarmerie concernés par les fraudes fiscales et financières) une ColPol, supervisée et rédigée par le réseau des Magistrats d’appui en matière financière et fiscale, avec l’appui des Avocats Généraux auprès de la Cour de Cassation, précisant le cadre légal, jurisprudentiel et opérationnel de la collaboration entre Justice Pénale-Police- Administration fiscale et réouvrant des possibilités de collaboration considérées comme fermées par certains des initiateurs de la Charte du Contribuable. L’obligation des parquets de requérir l’avis préalable des directeurs régionaux des services classiques est transformée légalement en faculté et tombe, sans réelle protestation, à la satisfaction de tous, en désuétude.
.
A compter de 1999, suite au rapport et aux recommandations de la Commission d’Enquête Sénatoriale de 1998 sur les courants de criminalité et aux lettres de cadrage de 1998 du Ministre des Finances (proposées et rédigées par le CAF et approuvées par le Ministre des Finances de l’époque), plusieurs protocoles de collaboration Justice Pénale-Police- Finances sont négociés entre ces Autorités Publiques et signés par le nouveau Gouvernement de l’époque, dont l’un relatif à la lutte contre les carrousels TVA, qui voit la mise en place d’une structure de coordination tripartite et au sein de l’OCDEFO d’une cellule administrative de soutien en charge de l’analyse de ce courant de fraude et de ses typologies à côté de la colonne policière en la matière, et un autre, signé en 2006, relatif à la lutte contre les mécanismes et constructions de fraudes offshores et les mécanismes de fraude transfrontaliers (hors carrousels TVA), qui ne sera opérationnalisé que pour le détachement d’assistants fiscaux à l’OCDEFO et que le Ministre Koen Geens refusera en 2010 d’opérationnaliser pour les autres dispositions du protocole (notamment la mise en place au sein de l’OCDEFO d’une cellule administrative de soutien et d’analyse des mécanismes et typologies des fraudes offshores).
Si depuis les années 2010 existe la possibilité de doter temporairement des agents des Inspections Sociales ou de l’Administration fiscale des pouvoirs d’Officier de Police Judiciaire dans teams mobiles associant des policiers de la Police Judiciaire, cette mesure ne fut développée et mise en œuvre que pour la fraude sociale au travers du Protocole de collaboration Justice Pénale – Auditorats du travail – Inspections Sociales – Police Judiciaire. Pour les fraudes fiscales, il fallut attendre 2022 pour que 24 agents de l’ISI soient sélectionnés pour être affectés temporairement, selon les besoins et les secteurs ou dossiers de fraude considérés par la Justice pénale, dans des teams mobiles pluridisciplinaires avec statut d ‘officier de police judiciaire.
L’actuel Gouvernement fédéral en affaires courantes, mis en place fin 2020, met également en œuvre un renforcement de l’ISI en personnel vers le niveau prévu par la reforme Coperfin.
.
Jusqu’en 2021, les recommandations des Commissions Parlementaires d’Enquête de 2008-2009 sur divers courants et dossiers de grande fraude fiscale et de 2017 consécutive aux Panama Papers ont été sans incidences réelles significatives immédiates et de court terme sur le niveau du personnel de l’ISI et l’octroi effectif du statut d’officier de police judiciaire, et sans incidences significatives sur les pratiques concrètes de sélection et de contrôle de l’ISI pour ce qui concerne les grands courants de fraude fiscale et d’évasion fiscale illégitime. Elles sont également sans effets significatifs sur l’organisation et le renforcement en compétences et en moyens de la chaine pénale, laquelle traite, sur sa propre initiative, suite aux dénonciations de la CTIF ou suite à des plaintes ou informations de l’ISI, les dossiers judiciaires de fraude fiscale.
..
|
.
BRÈVE 6
.
.Avantages extra salariaux.
Que nous en dit l’étude de l’ONSS pour les salariés de secteur privé et ce que l’ONSS ne dit pas pour les salariés du secteur public (représentant près de 30% de l’emploi public), le SPF Personnel et Organisation pour les fonctionnaires statutaires et l’INASTI pour les 900.000 indépendants et dirigeants d’ entreprises, non salariés.
.
L’étude a été demandée en 2020 par le Comité de gestion de l’ONSS et porte sur les années 2018 à 2022. Elle est publiée le 28/06/2024. Une seconde étude a été demandée par le Comité de Gestion de l’ONSS pour la période 2022 à 2024.
L’étude est composée de diverses parties relatives a chacune des années 2019 à 2022 ainsi que d’une section distincte de synthèse et d’analyse pour la période 2019 à 2022. Une présentation pour le Comité de gestion de l’ONSS est également rendue publique. Tous les documents sont en accès libre sur le site de l’ONSS.
.
L’étude s’intéresse à 14 avantages et à leur évolution.
.
Que nous apprend elle ?
.
1) Quant aux avantages les plus octroyés.
.
En 2022, pour les salariés (ouvrier et employé) du secteur privé :
■ 80% d’entre eux souscrivent au second pilier de pension;
■ 70% bénéficient des titres repas;
■50% bénéficient des éco-chèques (dont la suppression et le remplacement est envisagée) et de l’intervention patronales dans les déplacements en voiture privée entre le domicile et le lieu de travail ( un nombre important de salariés du secteur privé ne bénéficie pas de cette intervention car ils bénéficient d’un véhicule mis à disposition par l’employeur ou voiture-salaire);
■ 1 salarié sur 6 du secteur privé a droit à une indemnite vélo.
.
L’étude permet de visualiser qu’il subsiste des groupes importants de salariés du secteur privé qui ne bénéficient d’aucun des avantages et des groupes importants qui ne bénéficient que de quelques avantages, les plus fréquents.
Pour les salariés du secteur privé bénéficiant d’un avantage, dans le cas de plusieurs avantages précis, l’analyse par décile de salaires montre que le nombre le plus important de bénéficiaires se rencontre dans les déciles moyens et supérieurs.
.
2)Quant au coût de chacun des avantages.
.
En 2022 :
■ Le second pilier de pension des salariés du secteur privé représente 5 Milliards d’euros versés par les employeurs, sur lesquels ils paient une cotisation de 8,86%.
■Les titres repas des salariés du secteur privé représentent 2,6 Milliards d’euros. Ils sont exonérés de cotisations sociales, non imposés et le travailleur paie une faible intervention personnelle.
■Les options sur actions bénéficient à un nombre relativement faible de travailleurs du secteur privé (151212) pour un coût de 1,7 Milliard d’euros. Elles sont exonérées de cotisations sociales (ce qui n’est pas le cas dans tous les pays de l’Union Européenne) et sont imposées dans le chef du travailleur au taux progressif de l’Impôt des Personnes Physiques.
■ L’usage privé de la voiture de société par les salariés du secteur privé qui en dispose représente un avantage en nature (évalué très favorablement) pour les salariés du secteur privé de 1,2 Milliard d’euros. Ce montant est soumis au précompte professionnel et une cotisation patronale de solidarité, dépendant des émissions de CO2, est perçue par l’ONSS.
.
3) Quant au coût total des avantages.
.
Le coût total des avantages extrasalariaux des salariés du secteur privé a augmenté de 5, 016 Milliards d’euros en 2018 à 13,5 Milliards d’euros en 2024, essentiellement sous l’effet de l’augmentation du nombre de bénéficiaires dans certains avantages.
Ce coût total est une combinaison de différents avantages qui sont totalement, partiellement ou non soumis aux cotisations sociales et Impôts.
.
L’étude montre également un tableau présentant le montant moyen pondéré de chaque avantage pour les salariés du secteur privé qui en bénéficient.
.
L’étude regorge également de données par statut ouvrier et statut employé, par tranche d’âges, par tranches de salaires, par sexe et par secteurs économiques.
.
Une étude bienvenue quand on sait que l’essentiel de ces avantages extrasalariaux des salariés du secteur privé échappent aux cotisations sociales, comme le rappelait un secrétaire général flamand de la CSC.
.
Dommage cependant qu’aucune étude de l’ONSS ne nous dise rien des avantages extrasalariaux des travailleurs salariés des pouvoirs publics (30% des travailleurs de ces pouvoirs publics), qu’aucune étude du SPP Personnel et Organisation ne nous dise rien des avantages extrasalariaux des fonctionnaires statutaires des pouvoirs publics et qu’aucune étude de l’INASTI ne nous dise rien des avantages extra rémunérations des 900000 indépendants et dirigeants d’entreprises, qui ne sont pas des salariés du secteur privé.
.
Dont les montants échappent également aux cotisations sociales, notamment.
.
Sachant que le définancement des missions de la Sécurité Sociale, compensé partiellement par les interventions de l’Etat Fédéral, n’est que le reflet des multiples réductions de cotisations sociales (pour encourager l’emploi) et des exonérations de cotisations sociales sur les avantages extrasalariaux des salariés du secteur privé et du secteur public, des fonctionnaires et des indépendants et dirigeants d’entreprises (lesquels avantages gonflent de l’absence d’augmentations salariales)
Un phénomène qui est bien entendu sans rapport avec le fait qu’en matière de soins de santé, la Belgique soit un des pays européens dans lesquels la quote part des patients soit la plus élevée.
On ne vous donne pas le pourcentage, établi très officiellement, vous frémiriez.
.
On vous parle de cette étude car la presse en a peu fait état, à peine un entrefilet ou quelques mentions des avantages les plus distribués.
Vous devinez pourquoi, je suppose.
.
|
BRÈVE 7
Quelques informations sur le secteur de la distribution alimentaire après la franchisation de Delhaize..
● La franchisation de 128 magasins statutaires de Delhaize (qui se termine fin 2024) crée un déséquilibre entre magasins statutaires et magasins franchisés dans le secteur de la distribution alimentaire en Belgique au profit de ces derniers, lesquels ouvrent le dimanche (ce sera le cas de la majorité des franchisés Delhaize). Également, on observe un changement dans les modes d’achats alimentaires d’une partie de la clientèle en conséquence de l’ouverture des magasins franchisés le dimanche et de l’extension du nombre de franchisés : alors que la fréquentation d’un magasin le dimanche était pour de l’achat de dernière minute, dorénavant une partie de la clientèle y fait le dimanche ses grosses courses de la semaine.
Ce qui occasionne des déplacements de volumes d’achats significatifs.
Un phénomène qui pourrait avoir des conséquences sur la possibilité d’ouverture le dimanche matin de certains magasins des chaînes statutaires (Colruyt, Aldi, Lidl) ou de type statutaire (les hyper Carrefour), tous fermés le dimanche. Chez Colruyt, en effet, on réfléchit, rien n’est décidé ni fait, mais une décision de Colruyt en ce sens constituerait un basculement important pour les chaînes statutaires.
Rappelons que la France connaît une ouverture assez répandue le dimanche matin (fermeture à 12h30 ou 12h45) des magasins statutaires, affiliés ou franchisé, y compris hypermarchés, des chaînes Carrefour et Auchan, également Géant avant leur reprise (statutaire pour les hypermarchés et généralement franchisés pour les autres types de magasins), Leclerc et SuperU (statut d’affiliés et pour certains coopérateurs, quel.que soit le type de magasin) et Lidl (chaîne statutaire), aucune information n’ayant été collectée pour Aldi France.
.
● On nous parle beaucoup de la concurrence sur les prix dans la distribution alimentaire entre la Belgique et la France, mais une autre concurrence sur les prix existe et est mise en évidence, celle existant en Flandres entre chaînes d’origine batave aux magasins franchisés (Jumbo, Albert Heyn, le nouveau frère des Delhaizes Le Lion désormais franchisés) et magasins statutaires ou franchisés des autres chaînes, les chaînes bataves tirant les prix vers le bas, d’où des prix de distribution qui peuvent être moins chers en Flandres dans les magasins des diverses chaînes qu’à Bruxelles ou en Wallonie (la franchisation autorisant une certaine variation des prix au niveau sous régional ou local, contrairement au modèle statutaire qui organise des prix fixes identiques dans tous les magasins de la chaîne, sauf exception du mécanisme de Colruyt Moins cher ailleurs, nous remboursons). Question : l’intégration de Delhaize au modèle Albert Heyn (construit sur la franchisation, en cours d’opérationnalisation, et la concurrence sur les prix et les volumes) signifiera-t-elle dans les années à venir qu’Albert Heyn, non implanté à Bruxelles et en Wallonie, utilisera le réseau des franchisés Delhaize pour initier une concurrence sur les prix en Wallonie et à Bruxelles, contre les prix des magasins statutaires et franchisés des autres chaînes ?
.
● Situation financière et bénéficiaire des magasins alimentaires franchisés en Belgique en 2023 ( avant franchisation.des magasins Delhaize statutaires) : 25% sont en perte. Par ailleurs, aucun chiffre n’est disponible pour les magasins indépendants non liés à un distributeur et non franchisés.
|
Victor Serge