NOUS CHANGEONS LE MONDE EN MIEUX.
EUX PAS.
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ARTICLE 1
Comment nos smartphones sont des armes de guerreNos smartphones et ordinateurs sont produits grâce aux métaux extraits notamment en République démocratique du Congo. Où la souffrance, les viols et la guerre sont légion, retrace Fabien Lebrun dans « Barbarie numérique ». Nos « swipe » et nos « scroll » sur les écrans se transforment en rafales de kalachnikovs à 5 000 kilomètres de chez nous. On préférerait ne pas le savoir, fermer les yeux, se dire que cela nous dépasse. C’est pourtant bien l’envers de la révolution numérique vantée par tant de nos dirigeants, l’un de ses tabous les plus inavouables. En République démocratique du Congo (RDC), nos smartphones sont des armes de destruction massive. Ces outils numériques, toujours plus avides en métaux, sont la source de crimes contre l’humanité et de pollutions majeures. Ce n’est pas le premier cri d’alarme sur le sujet. Déjà au début des années 2000, des journalistes dénonçaient le « sang dans nos téléphones portables ». Plus récemment, le journaliste Guillaume Pitron rappelait le poids réel de nos smartphones : non pas 150 grammes, mais 150 kilos de métaux rares extraits dans des conditions terribles. En début d’année, dans une chronique de Celia Izoard, Reporterre alertait aussi sur « la nouvelle ruée minière » causée par la civilisation de l’écran.
Le numérique est né dans les entrailles de la RDCBarbarie numérique (éd. L’Échappée), le nouveau livre de Fabien Lebrun, ajoute une pierre à l’édifice. Tout son mérite est de réinscrire ces faits dans une histoire plus globale, un contre-récit de notre modernité capitaliste et coloniale. Alors que la critique du monde connecté se cantonne trop souvent à une dénonciation de ses conséquences en aval, c’est-à-dire une fois les équipements informatiques dans nos mains — la perte d’attention, les troubles psychiques liés à l’addiction aux écrans, etc. —, le sociologue s’intéresse aux impacts géopolitiques et aux activités humaines opérées en amont, que l’on a tendance à marginaliser et qui pourtant dépassent l’entendement. |
ARTICLE 2
L’Azerbaïdjan, cette dictature qui accueille la COP29 et réprime les écologistesUn rapport dénonce la répression des activistes écologistes en Azerbaïdjan, pays des hydrocarbures. De quoi inquiéter, à quelques semaines de la COP29 qui se déroulera dans la capitale. Cela n’augure rien de bon. Alors que la COP29 — la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques — doit se tenir en novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, deux ONG ont publié le 8 octobre un rapport sur la répression dans le pays. Human Rights Watch et Freedom Now accusent les autorités azerbaïdjanaises d’arrêter des dizaines de militants, notamment écologistes, pour les réduire au silence. Parmi les personnes emprisonnées, se trouve par exemple Anar Mammadli, un défenseur des droits humains. Il a été arrêté en avril dernier, deux mois après avoir cofondé une association pour défendre les libertés civiques et la justice environnementale en Azerbaïdjan en amont de la COP29. Le motif d’inculpation ? Contrebande. « L’Azerbaïdjan restreint l’accès aux financements proposés par des bailleurs internationaux, détaille Myrto Tilianaki, chargée de plaidoyer chez Human Rights Watch. Financer une association indépendante de l’État devient dès lors quasi impossible. Et si les autorités s’aperçoivent qu’un activiste a malgré tout reçu de l’argent de l’étranger… alors il se voit accuser de contrebande. » Une stratégie bien rodée visant à dissuader quiconque de s’aventurer dans la création de contre-pouvoir. Aujourd’hui, Anar Mammadli attend encore d’être jugé. Il risque jusqu’à huit ans de prison. Avec cette accusation, que les ONG qualifient de « fausse », « les autorités azerbaïdjanaises ont envoyé un avertissement clair aux militants qui pourraient envisager l’activisme climatique », estiment-elles. Dans un mois environ, des représentants de 197 États et de l’Union européenne assisteront au sommet mondial pour le climat : une occasion pour les militants locaux de porter leur voix.
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