La zone C ne fera jamais partie d’Israël

La zone C ne fera jamais partie d’Israël

Population d’Israël en % de la population de la région C en fonction des années

L’année 2023 restera dans les mémoires comme celle qui a vu l’effondrement de deux piliers étroitement liés de la politique israélienne en Cisjordanie. Ensemble, ces politiques constituent de graves idées fausses qui ont néanmoins été fièrement défendues par le gouvernement ultranationaliste de droite israélien. Le premier pilier politique est la stratégie « diviser pour régner », selon laquelle la bande de Gaza et la Cisjordanie ont été intentionnellement séparées pour empêcher la création d’un futur État palestinien et pour faciliter la séquestration de la Cisjordanie et son annexion finale à Israël. Ce pilier s’est effondré le 7 octobre lorsqu’il est devenu tout à fait clair que permettre au Hamas de se développer aux dépens de l’Autorité palestinienne aurait de graves conséquences. Le deuxième pilier, la « bataille pour la zone C », visait à créer des conditions géographiques et démographiques permettant l’annexion d’une zone qui représente 60 % de la Cisjordanie. Ce pilier se désintègre progressivement depuis plusieurs années.

Les racines de cet échec politique peuvent être recherchées dans l’abdication par Israël de ses engagements juridiques ratifiés dans les accords d’Oslo. Dans la déclaration de principes, l’État d’Israël a accepté la notion d’unité de la Cisjordanie et de la bande de Gaza : «Les deux parties considèrent la Cisjordanie et la bande de Gaza comme une seule unité territoriale, dont l’intégrité sera préservée pendant la période intérimaire.» En ce qui concerne la zone C, l’accord stipulait : «Les parties conviennent que la zone de Cisjordanie et de la bande de Gaza, à l’exception des questions qui seront négociées dans le cadre des pourparlers sur le statut permanent [Jérusalem, colonies et sites militaires], sera progressivement transférée à la juridiction palestinienne, et ceci doit être achevé dans les 18 mois suivant l’inauguration du Conseil.» Elle a également énoncé que : « La « zone C » désigne les zones de Cisjordanie en dehors des zones A et B qui, à l’exception des questions qui seront négociées dans le cadre des négociations sur le statut permanent, seront progressivement transférées sous la juridiction palestinienne conformément au présent accord. » En termes simples, tous les accords signés par l’État d’Israël définissent la bande de Gaza et la Cisjordanie comme une seule unité territoriale. Ce principe a guidé toutes les négociations menées par les deux parties. La zone C bénéficie donc d’un statut temporaire extrêmement étendu en attendant son éventuel transfert sous juridiction palestinienne.

Écrivain, journaliste et chercheur sur le conflit israélo-palestinien, le colonel Shaul Ariéli a préparé les négociations avec la direction palestinienne en tant que responsable des accords d’intérim nommé par Rabin. En retraite depuis 2001, il est l’un des pères de l’Initiative de Genève (2003). Auteur de tribunes pour Ha’aretz, Forward et bien d’autres journaux en Israël ou à l’étranger, ses analyses font autorité en matière de frontières, d’économie et de statistique. Il vient de publier: A BORDER BETWEEN US: Toward a Solution to the Israeli-Palestinian Conflict chez Attic, Yedioth Ahronot, Chemed Books, August 2021. (554p). Signalons la version française (gratuite) de son Atlas du conflit israélo-arabe: https://www.lapaixmaintenant.org/atlas-du-conflit-israelo-arabe/ Arieli est également l’auteur du livre “Cela s’est vraiment passé ainsi? 12 mythes israéliens sur le conflit israélo-palestinien” (Ed. Alyat hagag et Yediot Sefarim).

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