Depuis 2015, la Banque centrale européenne (BCE) et le système européen de banques centrales (SEBC) ont multiplié les programmes monétaires non conventionnels :
- programme de refinancement à long terme à taux négatif destiné aux banques commerciales (LTRO) ;
- programme d’achat de titres d’entreprises sur les marchés financiers (APP) ;
- programme d’achat de titres de dette publique des différents Etats membres de la zone euro (PSPP) ;
- drastique baisse des taux d’intérêts créditeurs.
A l’heure actuelle, ces programmes représentent quelques 624 milliards € pour le LTRO et 2.847 milliards € pour APP et PSPP. Les objectifs de ces programmes étaient de consolider le secteur bancaire fragilisé par la crise des subprimes et la crise des dettes souveraines, de soutenir la rentabilité du secteur bancaire, de soutenir l’octroi de crédits en abaissant leur coût, de soutenir les prix pour éviter les risques de déflation et de faire baisser les taux d’intérêt sur les marchés financiers permettant ainsi aux Etats de refinancer leurs dettes à des taux d’intérêts inférieurs.
Je ne fais pas ici l’évaluation de cette politique monétaire, ce serait incompatible avec mes fonctions professionnelles mais, comme dans mes publications passées, je voudrais éclairer les enjeux sur ces questions de démocratie monétaire. Je me contente donc de constater ici que certains objectifs de la politique monétaire ont été atteints puisque la zone euro n’a pas éclaté et que les banques ont retrouvé un peu de solvabilité alors que le taux d’inflation cible proche de 2% reste … un objectif. Par ailleurs, des effets collatéraux – hors objectif monétaire stricto sensu – ont été enregistrés : les États ont pu se refinancer à de meilleures conditions, les marchés financiers et immobiliers ont enregistré des hausses significatives alors que la croissance économique est restée atone et que le crédit aux secteurs productifs est resté morose. Par ailleurs, on a constaté une baisse drastique du rendement de l’épargne monétaire, des assurances-retraite et des assurances-vie traduisant une gigantesque redistribution des revenus entre catégories de la population européenne. Les épargnants en titres à revenus fixes et les candidats acquéreurs d’immobilier en sont les victimes alors que les banques, les actionnaires, les propriétaires immobiliers, les autorités publiques et donc, indirectement, les contribuables ont bénéficié de ce contexte financier.