Français
Le journalisme sportif a ses règles floues, ses expressions toutes faites, sa manière péremptoire d’exposer les événements et surtout son étalage de culture au rabais. Les fautes de français ne doivent pas y être trop relevées, car elles sont à peine plus nombreuses que dans le journalisme audio-visuel général. Pour être consultant, point n’est besoin de connaître la langue non plus, mais ne soyons pas méchants, il est des consultants qui s’expriment mieux que leur interlocuteur journaleux professionnel.
Le pire est fourni par les commentateurs qui tiennent à « faire des phrases » (bien causer) et s’emberlificotent dans des aventures syntaxiques et lexicales non maîtrisées. Ils se donnent une onction de culture qui vire rapidement vers le poisseux. L’usage de la métaphore, figure de style très appréciée dans le milieu, n’est pas toujours heureux, c’est le moins qu’on puisse écrire. Quant aux contre-sens et aux fautes, ils se font accepter dans le flot des banalités dispensées. Allons-y avec quelques exemples à l’appui. Les premiers sont physiologiques.
« Il y avait faute mais l’arbitre ne l’a pas vu de cette oreille ». Il avait pourtant un œil sur la phase.
« Les joueurs défendent becs et ongles ». Rareté zoologique : l’oiseau à plusieurs têtes.
« Le joueur a été ceinturé au niveau de la nuque ». Normal, il avait le gros cou.
« Il subit les plâtres de la décision de l’arbitre ». Voulait-il soigner une fracture ou essuyer un emplâtre ?
« Ils vont se battre le couple d’avoir raté ce match ». On savait que le foot est un sport de machos, mais tout de même.
Suite au prochain numéro.
A l’issue de cette journée, toutes les équipes ont joué, et la Coupe du Monde est déjà vieille de six jours. Ce lundi, entrée en lice des Colombiens, les cafeteros, dont on attend beaucoup. Mais ils sont loin d’avoir brillé. Battus par les Japonais. C’est donc l’occasion de revenir sur des gloires andines qui ont marqué les esprits.
Le gardien Higuita n’a pas hésité, au cours d’un match international, à arrêter un ballon en faisant le coup du scorpion, rien moins. Osé. Ni plus ni moins que reprendre un ballon du talon en plongeant vers l’avant.
On fait grand cas des coiffures des joueurs. Neymar est venu avec une touffe claire sur le front, Mertens a été coloré du chef, ce qui a fait parler de lui autant que son beau but marqué pour ouvrir le score face au Panama. Mais personne n’a atteint l’audace capillaire de Valderrama, génial milieu de terrain qui a participé à trois Coupes du Monde, dans les années 80 et 90.
On est content pour le Sénégal, premier pays africain à gagner une partie dans cette coupe. Plaisir de voir du plaisir à Dakar.
Gérard Lambert