On pavoise, mais pourquoi ?

Patriotisme

Entrée en piste de la Belgique, c’est contre le Panama qui n’a jamais participé à ce genre d’événement. Les Canaleros sont fiers d’être là, après une qualification qui a fait s’étrangler (au sens propre) un présentateur télé et exulter tout le monde dans les rues. Le tollé de Panama City a pourtant été moins fort que celui de Mexico City après le but de Lozano contre l’Allemagne… où un sismographe a enregistré une secousse devenant significative.

On dit la diaspora des joueurs belges est bien regroupée, motivée, affûtée, tout à fait prête. Comme l’équipe suisse, mais moins que la française, elle est bien métissée. Comme toujours en pareil cas, on se fait peur en pensant que l’inattendu peut toujours venir faire couler la sueur de la honte dans le dos des gens et la boule au ventre. Mais on se rassure puisque les tonneaux de bière sont prêts, les klaxons sont remplis de gaz, et qu’on rentrera chez soi après le match pour un BBQ agrémenté des sauces ad hoc (celles du sponsor D&L pour les non connaisseurs).

Les Panaméens quant à eux sont fiers d’affronter un « grand ». Pas de crainte chez eux puisqu’ils ont déjà obtenu le bon résultat d’être là.

Durant toute la première mi-temps, le Panama a résisté, allant jusqu’à faire douter les commentateurs qui avant le match avaient été jusqu’à annoncer « un empilement de buts ». Comme l’avait souligné Martinez avant la rencontre, « Il est très compliqué d’obtenir une victoire facile » (sic). Il a fallu une action étonnante de Mertens, une parfaite réussite, pour faire 1-0 dès le retour des vestiaires. La suite a été plus facile, jusqu’à 3-0. Lukaku est hors-jeu sur le deuxième but, on ne dit rien. On exulte, mouais. Les arsenaux colorés et bruyants des supporters ont moyennement servi.

Une ambiance n’est pas une autre. En radio, la RTBF, avec enthousiasme, organisait un concours au terme duquel on pouvait recevoir des gobelets Coca-Cola, gloire au gagnant. Les enceintes dans différentes communes sont entourées de bannières purement commerciales. Et on chantait ce qu’on pouvait de la Brabançonne. Jusqu’à ces paroles généralement méconnues ?

Le Belge sortant du tombeau
A reconquis par son courage
Son nom, ses droits et son drapeau.

Après cela, le Panama est quasiment sorti de la liste des paradis fiscaux. Et notre patriotisme footballistique a peu de chance de se prolonger en patriotisme fiscal. Dans un prochain traité à signer avec le Panama, la Belgique veille à protéger ses ressortissants fraudeurs. Pour la campagne contre ce traité inéquitable, les sponsors sont absents. On chante Le Roi, la loi, la liberté. Oui, mais pas la loi fiscale, et surtout la liberté de gruger le pays. Quant au Roi, personne n’y croit.

Dans l’ensemble, l’arbitrage est bon depuis le début du tournoi. L’assistance technique vidéo est appelée à bon escient. Quelle que soit leur origine, les arbitres favorisent le jeu et s’interposent quand ça ne va pas. On n’a pas senti le moindre soupçon de partialité. C’est agréable à souligner parce que dans les commentaires sur l’arbitrage, l’habitude un tantinet raciste était de ne pas aimer les arbitres non Blancs.

Gérard Lambert