Le rapport de force est établi. Il est à l’évidence très en faveur de l’extrême droite. Les médias dominants (radios et chaînes de télévision publiques incluses) zélateurs de la Macronie finiraient presque par le faire oublier, tout occupés qu’ils sont à susciter sans cesse de basses polémiques susceptibles de diviser le Nouveau Front Populaire (NFP) constitué au lendemain des élections européennes du 09 juin dernier. Et quand ces médias passent à autre chose, c’est pour réduire le véritable choix de société et de valeurs à effectuer lors des élections législatives des 30 juin et 07 juillet prochains à un banal arbitrage entre deux programmes économiques, celui de l’extrême droite et celui du NFP. Dans le même temps, les journaux et chaînes TV du milliardaire Bolloré saturent l’espace médiatique de propos et thèmes en faveur de l’extrême droite d’une violence inouïe, jamais vue depuis la création de la Vème République le 04 octobre 1958.
Alors, rappelons-le, l’extrême droite a recueilli le 09 juin dernier 36,9% des suffrages exprimés[1]. Le NFP, constitué immédiatement après, ne se situe qu’à 31,6%. L’extrême droite atteint des scores jamais vus pour certaines classes d’âge : 47% pour les 50-59 ans, 39% pour les 60-69 ans. Elle dispose de réserves de voix importantes à travers la dynamique qu’elle a créée, notamment parmi les électeurs les plus enclins à sortir de l’abstention aux européennes, qui se situent dans les tranches d’âge les plus élevées.
La majorité actuelle à l’assemblée nationale (Renaissance-E.Macron, Horizons-Edouard Philippe, Modem-François Bayrou, et UDI-Hervé Marseille) a été défaite aux européennes (14,6% des suffrages exprimés) et, selon les propos mêmes de Edouard Philippe, ex-Premier Ministre de E. Macron, le Président lui-même
. Les tenants du macronisme, s’il sont cohérents avec leur volonté affichée de sauver un Etat de droit déjà bien fragile, devraient se prononcer dès le premier tour en faveur du NFP. Ils éviteraient ainsi de créer au second tour des « triangulaires
» qui feraient l’affaire de l’extrême droite. Le discours de E. Macron, consistant à affirmer qu’il est la troisième voie par rapport aux extrêmes de droite et de gauche qu’il met sur le même plan, n’est qu’un leurre. Il a eu sept années pour l’ouvrir cette troisième voie et il n’a fait qu’emprunter celle maintes fois parcourue par la droite la plus dure après s’être fait élire en 2022 et 2027 par un front républicain qui a fait barrage à l’extrême droite ce qui l’avait conduit après son élection de 2022 à déclarer que cela
. On a vu la suite !
La droite dite « de gouvernement » (Parti Les Républicains dirigé par Eric Ciotti) a poursuivi son chemin de croix en réalisant 7,2% des suffrages exprimés. Son leader aux européennes François-Xavier Bellamy a déclaré qu’il voterait « évidemment » pour l’extrême droite en cas de duel au second tour entre cette dernière et le NFP. Quant au patron du parti, Eric Ciotti, il s‘est rallié avec des dizaines d’affidés à l’extrême droite. Il ne reste donc que quelques caciques aux ambitions dévorantes et suffisamment aveuglantes pour sauver quelques sièges de députés, quitte à ne pas faire la fine bouche au second tour si l’extrême droite peut les aider à y parvenir. Jusqu’à présent, parmi les personnalités de droite, Dominique de Villepin fait remarquablement exception en déclarent « que la priorité doit être donnée à la lutte conte le Rassemblement national ».
Et puis, il y a les autres listes dont on ne parle pas, mais pour lesquelles près de 2,4 millions de citoyens (9,7% des suffrages exprimés) se sont prononcés aux européennes. Certes, il y a eu 30 listes « autres » mais seulement 7 d’entre elles dépassent 100.000 voix chacune et représentent 87,4% du total des suffrages exprimés. L’examen de ce listes conduit à conclure qu’une majorité de ces 2,4 millions de citoyens constitue un réservoir de voix potentielles pour l’extrême droite (Alliance Rurale
etc.).
Enfin, n’oublions pas les 717.000 personnes qui ont voté aux élections européennes et ont déposé un bulletin blanc ou nul. Ils représentent 2,8% des votants dont le NFP aura aussi besoin aux législatives.
Le moindre écart en la matière sera fatal et se concrétisera soit par une élimination dès les premier tour, soit par une qualification au second tour en troisième position prélude à une défaite. Pour l’éviter, il faut sortir de ces querelles de pouvoir entre appareils politiques qui désespèrent les votants et découragent les abstentionnistes. A cet égard, on rappellera ce tweet de Raphaël Glucksmann posté le 24 juin en fin de journée sur le réseau social X :
La campagne des élections législatives a commencé, après le dépôt des candidatures le 17 juin et se terminera le 28 juin. Elle avait été précédée de la création du NFP dès le lendemain des élections européennes du 09 juin, suivie d’une négociation sur la répartition des circonscriptions et du programme. D’aucuns ont fait remarquer pour l’occasion qu’une fois l’accord intervenu sur les circonscriptions, il a été beaucoup plus facile de conclure l’accord sur le programme. Tout électeur potentiel, peu familier avec les affrontements entre appareils politiques, ne peut être qu’abasourdi face à une telle déclaration qui laisse entendre que, pendant une campagne exceptionnellement courte de 12 jours, on décide après 8 jours de « se concentrer » sur le véritable enjeu, par ailleurs personnifié au lieu d’être nommé, c’est-à-dire faire échouer l’extrême droite.
Les électeurs du NFP devront faire fi de tels propos relayés à foison par les médias dominants et ils devront voter sans état d’âme – qu’ils soient pour la France Insoumise, les Ecolos ou le Parti Communiste – pour les candidats qui sont dans la ligne de Glucksmann dans les circonscriptions où c’est un socialiste qui représente le NFP, la même règle de discipline radicale de vote devant prévaloir pour les circonscriptions dévolues à la France Insoumise, à Ecolo ou au PC.
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Les leçons de l’histoire pour nous rappeler que des alliances imprévues peuvent produire en très peu de temps des résultats considérables et pérennes.
L’historien Johann Chapoutot les a rappelées il y a peu, brillamment[5].
« Face à l’attaque du 06 février 1934 contre la Chambre des Députés, un vaste mouvement social fait de militants socialistes et communistes et des syndicats a imposé l’union. Les appareils de ces gauches que l’on croyait irréconciliables, fracturées par les scissions de 1919-1921 entre léninistes et socialistes, ont suivi et ont conclu un accord de gouvernement ».
Les électeurs doivent se souvenir que tous les acquis sociaux qui leur semblent naturels aujourd’hui ont été arrachés contre l’extrême droite et la droite.
Il s’en est suivi la victoire aux municipales de 1935 et aux législatives de 1936. Johann Chapoutot nous fait mesurer les efforts consentis alors par les communistes pour s’allier aux partis bourgeois et aux radicaux pour marcher avec les « bolcheviks ». En réussissant l’union sacrée, Johann Chapoutot nous rappelle qu’ils ont ainsi évité à la France de 1936
« une droite qui ne jurait que par l’austérité, l’ordre et, déjà, la solution autoritaire » et
« nous ont légué des acquis sociaux qui permettent, encore aujourd’hui, de vivre une vie humaine et cette dignité conquise par les urnes, par les grèves, par le rapport de force avec un patronat séduit par la solution nazie et admirateur de Hitler ».
Les électeurs des partis d’extrême droite (et les autres aussi) doivent se souvenir que tous les acquis sociaux qui leur semblent naturels aujourd’hui ont été arrachés contre l’extrême droite et la droite.
Le Rassemblement National est l’héritier d’un parti, le Front National, comptant parmi ses fondateurs des anciens Waffen-SS.
Sur le fond, rien n’a véritablement changé au sein du RN/FN sauf à se laisser prendre à ces multiples opérations de marketing
Il ne faut pas l’oublier ! Le Front National (FN) est fondé le 27 octobre 1972 par Pierre Bousquet et Jean-Marie Le Pen qui en devient le Président. Pierre Bousquet est un ancien Waffen-SS au sein de la Division Charlemagne, il deviendra le premier trésorier du FN. Léon Gaultier, également ancien Waffen-SS figure aussi parmi ses fondateurs ainsi que Roger Holeindre, membre important de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) au moment de la guerre d’Algérie. Il faudrait des pages pour décrire comment Jean-Marie Le Pen est l’incarnation de l’extrême droite en France depuis, relayé par sa fille Marine qui a changé le nom du parti en Rassemblement National le 01 juin 2018 dans le cadre de sa stratégie de dédiabolisation. Sur le fond, rien n’a véritablement changé au sein du RN/FN sauf à se laisser prendre à ces multiples opérations de marketing en respectabilité abondamment et complaisamment relayées par les médias dominants.
La voix des intellectuels dont les principes personnels les font préférer l’extrême droite ou l’abstention au vote NFP.
« Ils peuvent se permettre de porter haut leurs principes personnels, car ce ne seront pas eux qui seront visés par la répression d’Etat, mais les immigrés, les trop basanés, les syndicalistes, les résistants »
Voilà ce qu’écrit un autre intellectuel David Muhlmann[6] dans une tribune pourtant fort critique pour LFI[7], mais considérant que le danger essentiel reste l’extrême droite. Il faut, écrit-il, « savoir distinguer l’objectif principal des enjeux secondaires et personne aujourd’hui n’est de trop pour barrer la route au RN ».
Que dire de plus ?
Le prétendu extrémisme du programme économique du NFP.
L’évolution du référentiel droite/gauche vers la droite est d’une telle ampleur que quiconque était qualifié de gauche il y a une trentaine d’années sur l’échiquier politique se retrouve invariablement être qualifié d’extrême gauche
L’évolution du référentiel droite/gauche vers la droite est d’une telle ampleur que quiconque était qualifié de gauche il y a une trentaine d’années sur l’échiquier politique se retrouve invariablement être qualifié d’extrême gauche.
Et pourtant, qu’a-t-il de si révolutionnaire le programme adopté par le NFP ? Il s’agit d’un compromis entre les différentes composantes du NFP soutenu par des économistes de renom (Thomas Piketty et bien d’autres), dont on ne peut prétendre qu’ils soient d’extrême gauche.
Le programme commun de la gauche de 1972 était beaucoup plus radical
Il n’est pas inutile de rappeler que le programme commun de la gauche de 1972 qui a conduit à la victoire de Mitterrand en 1981 et à ses
« 110 propositions pour la France » était beaucoup plus radical, y compris par rapport à celui de la France Insoumise. Se souvient-on, 43 années après, de la retraite à 60 ans, des nationalisations, des investissements dans les services publics, de l’impôt sur la fortune, de la cinquième semaine de congés payés, de la revalorisation du smic, de l’indexation des salaires sur les prix, de la création d’un ministère du temps libre etc. ?
Les thuriféraires du néolibéralisme et de la Macronie, dans les médias publics et privés (à titre d’exemple, Dominique Seux éditorialiste chaque matin sur France Inter depuis plus de 16 années tout en étant Directeur délégué du quotidien Les Echos propriété du milliardaire Bernard Arnault et Nicolas Doze sur BFM TV) se gardent bien de rappeler que plus de 90% des 110 propositions du candidat Mitterrand ont été mises en œuvre et ne mettent en avant que le tournant de 1983 en oubliant de préciser qu’il résulte de la conversion de la gauche à l’économie de marché et à l’Europe.
Les milieux d’affaires ne voient pas du tout d’un mauvais œil l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite
Les milieux d’affaires ne voient pas du tout d’un mauvais œil l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Bien au contraire. Ils ne sont en effet pas dupes, eux, de l’énorme supercherie par laquelle elle fait en sorte de se faire passer comme ayant des préoccupations sociales. Son hostilité et son mépris pour les syndicats, ses votes à l’assemblée nationale, au sénat et au parlement européen, son appartenance au parlement européen à un groupe qui, de fait, démasque ses tromperies en matière économique, sociale et fiscale. Et puis, les milieux d’affaires ne peuvent qu’être satisfaits de voir arriver au pouvoir des anti-écologistes. Le masque commence d’ailleurs à se craqueler et Jordan Bardella a commencé le rétropédalage sur les mesures d’apparence sociale. Le programme économique de l’extrême droite n’est guère différent de celui de E. Macron : baisser les impôts de production, réduire les cotisations sociales pour augmenter les salaires nets, simplifier les normes etc. Et même privatiser l’audiovisuel public ! Les milliardaires pourront encore mieux faire entendre leurs voix.
Patrick Martin, le patron du Medef, la principale confédération patronale a exprimé, de manière indirecte, sa préférence en déclarant[8] :
« Le programme du Rassemblement National est dangereux pour l’économie française, la croissance et l’emploi ; celui du Nouveau Front Populaire l’est tout autant, voire plus ».
L’historien Johann Chapoutot nous rafraîchit la mémoire dans la chronique évoquée plus avant :
« Les nazis, dans les années 30 étaient vus comme des partenaires politiques et économiques de premier choix : ils avaient détruit la gauche la plus ancienne et la mieux organisée du monde, avaient relancé les fondamentaux de l’économie allemande par des commandes d’armement massives et avaient fait de l’Allemagne une zone optimale d’investissement , où tous les capitaux se pressaient, tandis que Le Point ou le JDD de l’époque rêvaient de décrocher une interview de ce fameux Chancelier Hitler ».
Lors du « grand oral » organisé par le patronat le 20 juin dernier, auquel sont passés les principaux responsables de parti, les chefs d’entreprise ont hué le programme du NFP, défendu par Manuel Bompard (LFI) et Boris Vallaud (PS) mais ont écouté religieusement J. Bardella et E. Ciotti qui défendaient celui de l’extrême droite[9].
Le banquier d’affaires Matthieu Pigasse, qui ne peut être soupçonné de gauchisme et qui appelle à voter NFP, déclare[10] que le courage n’est pas la vertu la mieux partagée au sein du monde des affaires et qu’il y a une nécessité absolue à mettre en œuvre une nouvelle politique économique, en prônant la hausse du SMIC et des salaires en général ainsi que plus de redistribution. Il conclut ceci :
« il n’y a pas de peur financière ou économique à avoir en cas de victoire du NFP et que c’est même l’inverse… ».
Le chantage à la peur n’a pas de cesse
Le prétendu extrémisme du programme économique du NFP ressemble à s’y méprendre à ce que l’on entend systématiquement quand la gauche se rassemble. Souvenons-nous : en 1981 les chars soviétiques allaient arriver sur les Champs Elysées nous annonçait la droite ! Quant aux congés payés gagnés en 1936, les ouvriers n’allaient pas rentrer de la plage ! Le chantage à la peur n’a pas de cesse.
Les médias mainstream à l’assaut du NFP.
Les prochaines législatives donnent lieu à un déchaînement sans précédent contre la gauche. Ce sont aussi les premières élections pour lesquelles l’empire médiatique d’extrême droite du milliardaire Bolloré est aussi puissant. La chaîne de télévision en continu CNews, sur laquelle sont branchés bien souvent les écrans des cafés des villages de France, déverse ad nauseam des propos inimaginables il y a seulement quelques années. A tel point que même la très frileuse Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) s’en préoccupe.
L’audiovisuel public joue aussi son rôle dans cette dérive vers l’extrême droite, en virant de ses antennes des humoristes considérés comme gauchistes
La montée en puissance des médias Bolloré a ceci d’intéressant qu’elle rompt la pensée unique dispensée par la plupart des autres, distillée au fil du temps de manière anesthésiante et insidieuse et consistant à présenter, sans le dire expressément, les choix politiques du pouvoir en place comme étant, d’évidence, le seuls raisonnables et donc les seuls possibles. Face aux records d’audience des médias Bolloré, la réaction des autres est elle aussi diablement intéressante : ils ne promeuvent pas le débat d‘idées, mais au contraire, au nom de la quête en parts de marché, renforcent le poids ahurissant de l’extrême droite dans le paysage médiatique en multipliant le recours à des journalistes, éditorialistes clairement positionnés à l‘extrême droite. Dans le même temps, ils imposent des thèmes destinés à diviser la gauche comme l’antisémitisme et le choix du futur Premier Ministre, autant de moyens qui démontrent leur préférence pour l’extrême droite dans un cadre où la macronie serait vouée à l’échec. L’audiovisuel public joue aussi son rôle dans cette dérive vers l’extrême droite, en virant de ses antennes des humoristes considérés comme gauchistes.
Des raisons d’espérer.
Les jeunes ont voté majoritairement pour ce qui est devenu le Nouveau Front Populaire
Elles tiennent à des faits peu ou pas visibilisés.
[11]
1-Les jeunes ont voté majoritairement pour ce qui est devenu le Nouveau Front Populaire.
A 51,0% pour les 18-24 ans , à 44% pour les 25-34 ans, soit 47,3% pour les 18-34 ans
Pour ces mêmes classes d’âge , l’extrême droite (RN + Reconquête) a réalisé respectivement 27% et 34%, soit 30,8% pour les 18-34 ans.
2-Les jeunes ont massivement rejeté la majorité présidentielle.
Quand la majorité présidentielle réalise globalement un score de 14,6%, elle ne recueille que 8% chez les 18-24 ans et 7% chez les 25-34 ans, soit 7,4% pour les 18-34 ans.
3-Les jeunes mettent LR sous la barre des 5%.
Chez les 18-34 ans, LR se situe à 4,4% (6% chez les 18-24 ans et 3,0% chez les 25-34 ans).
4-Un éventuel bloc majorité présidentielle-LR reste très minoritaire chez les jeunes.
11,8% seulement chez les 18-34 ans (14% chez les 18-24 ans et 10% chez les 25-34 ans).
Le Nouveau Front Populaire est majoritaire au sien des foyers aux revenus mensuels les plus modestes
5- Le Nouveau Front Populaire est majoritaire au sien des foyers aux revenus mensuels les plus modestes.
38% contre 32% pour le RN pour les moins de 1.250 €
33% contre 35% pour le RN pour la tranche 1.250 à 2.000 €
Des éléments sociologiques à prendre en compte pour combattre efficacement l’abstention
1-Les tranches d’âge les plus favorables pour les grands blocs.
– Les 18-24 ans pour le NFP : 51,00% contre 31,6% au global
-Les 50-59 ans pour l’extrême droite : 47% contre 36,9% au global
-Les 70 ans et plus pour Renaissance : 24% contre 14,6% au global
-Les 70 ans et plus pour LR : 12% contre 7,2% au global
-Les 70ans et plus pour une éventuelle coalition Renaissance-LR : 36% contre 21,8% au global
2-Les tranches d’âge les moins favorables pour les grands blocs.
– Les 70 ans et plus pour le NFP : 23,00% contre 31,6% au global
-Les 18-24 ans pour l’extrême droite : 27% contre 36,9% au global
-Les 25-34 ans pour Renaissance : 7% contre 14,6% au global
-Les 25-34 ans pour LR : 3% contre 7,2% au global
-Les 25-34 ans pour une éventuelle coalition Renaissance-LR : 10% contre 21,8% au global
La nécessaire appréciation des rapports de force par classe d’âge au sein du NFP.
Impossible de s’en passer pour convaincre.
1-Les 18-24 ans placent LFI en tête de tous les partis et dans l’ordre suivant.
-LFI : 33%
-RN : 25%
-Les Ecologistes : 10%
-Renaissance : 8%
-Autres : 8%
-LR : 6%
-PS : 5%
-PCF : 3%
-Reconquête : 2%
Le Nouveau Front Populaire est à 51%.
Le PS est très faible, les Ecologistes réalisent le double du score du PS et le PC dépasse tout juste Reconquête.
2-Les 18-34 ans placent largement LFI en tête de tous les partis de gauche (Nouveau Front Populaire) et le situent juste derrière le RN.
-RN : 27,7%
-LFI : 26,0%
-Autres : 10,1%
-Les Ecologistes : 9,5%
-PS : 8,7%
-Renaissance : 7,5%
-LR : 4,4%
-Reconquête : 3,1%
-PCF : 3%
Le Nouveau Front Populaire est à 47,2%.
Le PS est toujours très en deçà de sa performance globale de 13,8%.
3- LFI devance légèrement le PS chez les 18-69 ans. Ce sont les 70ans et plus qui inversent significativement le rapport de force entre les deux partis.
|
18-69 ans |
70 ans et plus |
Total |
LFI |
12,7% |
3,0% |
9,9% |
PS |
12,6% |
16,0% |
13,8% |
Les Ecolos |
6,8% |
2,0% |
5,5% |
PC |
2,5% |
2,0% |
2,4% |
|
|
|
|
Total NFP |
34,6% |
23,0% |
31,6% |
4- Les tranches d’âge les plus favorables pour les partis
-Les 18-24 ans pour LFI : 33,0% contre 9,9% au global
-Les 70 ans et plus pour le PS : 16% contre 13,8% au total (idem pour les 60-69 ans) contre 13,8% au global
-Les 18-24 ans pour les Ecologistes : 10,0% contre 5,5% au global
-Les 50-59 ans pour le RN : 40% contre 31,4% au global
-Les plus de 70 ans pour Reconquête : 8% contre 5,5% au global
-Les plus de 70 ans pour Renaissance : 24% contre 14,6% au global
-Les plus de 70 ans pour LR : 12% contre 7,2% au global.
Rien de significatif pour le PC (3% ou 2% quelles que soient les tranches d’âge).
5- Les tranches d’âge les moins favorables pour les partis
-Les 70 ans et plus pour LFI : 3% contre 9,9% au global
-Les 18-24 ans pour le PS : 5% contre 13,8% au total
-Les 70 ans et plus pour les Ecologistes : 2,0% contre 5,5% au global
-Les 18-24 ans pour le RN : 25% contre 31,4% au global
-Les 18-24 ans pour Reconquête : 2% contre 5,5% au global
-Les 25-34 ans pour Renaissance : 7% contre 14,6% au global (8% pour les 18-24 ans)
-Les 25-34 ans pour LR : 3% contre 7,2% au global.
Rien de significatif pour le PC (3% ou 2% quelles que soient les tranches d’âge).
L’appréciation de l’abstention par classe d’âge.
Pour combattre efficacement l’abstention dès le premier tour, il est important de mesurer l’écart entre le poids que représente chaque classe d’âge dans le total des inscrits et le poids qu’elles représentent dans les suffrages exprimés.
|
Poids des inscrits |
Taux d’abstention |
Poids des suffrages exprimés |
Différentiel inscrits v exprimés |
% sur/sous- représentation |
18-24 ans |
11,1% |
60% |
8,6% |
(2,5) |
(22,5%) |
25-34 ans |
14,6% |
65% |
10% |
(4,6) |
(31,5%) |
35-49 ans |
22,5% |
55% |
19,6% |
(2,9) |
(12,9%) |
50-59 ans |
16,5% |
49% |
16,3% |
(0,2) |
(1,2%) |
60-69 ans |
15,3% |
39% |
18,1% |
+2,8 |
+18,3% |
70 ans et plus |
20,0% |
29% |
27,4% |
+7,4 |
+37% |
|
|
|
|
|
|
Total |
100% |
48,5% |
100% |
0 |
Sans objet |
La classe d’âge 60-69 ans et les plus de 70 ans sont respectivement sur-représentées dans les suffrages exprimés de 18,3% et 37% par rapport à leur poids dans les inscrits, à cause de leur taux d’abstention très inférieur aux autres classes d’âge. Elles votent en moyenne à droite de l’échiquier politique.
Les classes d’âge 18-24 ans, 25-34 ans et 35-49 ans sont respectivement sous-représentées dans les suffrages exprimés de 22,5%, 31,5% et 12,9%, à cause de leur taux d’abstention très supérieur aux classes d’âge plus élevées. Elles sont en moyenne plus orientées à gauche.
Seule la classe d’âge 50-59 ans enregistre une faible différence entre son poids dans les inscrits et son poids dans les suffrages exprimés.
L’importance de l’abstention empêche dramatiquement qu’1 inscrit sur les listes électorales égale 1 voix exprimée. En moyenne, 1 inscrit égale 0,775 voix exprimée.
Chez les plus de 70 ans, 1 inscrit se transforme en 1,37 voix exprimée.
Chez les 18-24 ans, 1 inscrit se transforme en 0,775 voix exprimée.
L’importance des autres listes passée sous silence.
Elles sont au nombre de 30 et représentent 9,7% des suffrages exprimés. C’est chez les 25-34 ans et 35-49 ans qu’elles recueillent le plus de suffrages : respectivement 12% et 13%.
Sept listes dépassent le seuil des 100.000 voix et réalisent ensemble 87,4% des suffrages exprimés, au nombre de 2.380.075.
La liste Alliance Rurale recueille 582.901 voix, soit 2,35% des suffrages exprimés, quasiment à égalité avec le Parti communiste qui est à 2,36%. Elle est notamment constituée de représentants de chasseurs. Il y a fort à parier que ces voix iront soit vers l’extrême droite soit vers LR ou la macronie lors des prochaines législatives.
La liste « Parti animaliste » recueille 582.901 voix, soit 2,0% des suffrages, pas si éloignée du Parti Communiste mais à la présence médiatique quasi nulle. Ses électeurs ne devraient pas rallier le camp de l’extrême droite.
La liste « L’Europe, ça suffit » , conduite par Florian Philippot, ex-bras droit de Marine Le Pen a réalisé 0,93% des suffrages exprimés soit 229.190 voix, autant de voix qui ont toutes les chances de se rallier à l’extrême droite.
La liste « Ecologie au centre » a réalisé 316.136 voix soit 1,28% des suffrages exprimés. Ses électeurs ont un profil typiquement macro-compatible.
La liste Asselineau-Frexit a réalisé 253.036 voix soit 1,02% des suffrages. Ses électeurs iront vraisemblablement vers l’extrême droite.
La liste Ecologie positive & Territoires a réalisé 104.904 voix soit 0,21% des suffrages. Ses électeurs iraient plutôt vers NFP ?
La liste Lutte ouvrière, le camp des travailleurs a réalisé 121.281 voix soit 0,49% des suffrages exprimés. Ses électeurs iraient plutôt vers NFP, sauf à ce qu’ils s’abstiennent.
Le scrutin majoritaire à 2 tours et ses pièges à déjouer.
Ils sont multiples. Nous n’en retiendrons que quelques-uns.
1-Les effets pervers du découpage des circonscriptions.
Il s’agit d’un découpage électoral et non d’un découpage administratif. C’est ainsi qu’il existe 577 circonscriptions pour 18 régions, 101 départements, 4.055 cantons (sous division des départements) et 34.955 communes.
Les 577 circonscriptions se répartissent comme suit : 539 en métropole, 27 en outre-mer et 11 dans le reste du monde, pour représenter les Français établis hors de France.
Ce découpage vise en principe à ce que chaque député représente à peu près le même nombre de citoyens
Ce découpage vise en principe à ce que chaque député représente à peu près le même nombre de citoyens. Selon l’Insee, chacune des circonscriptions de la France métropolitaine représente en moyenne 120.000 habitants, mais cette moyenne cache des disparités qui peuvent être considérables : 62.753 habitants dans le Cantal contre 167.177 habitants pour la 5
ème circonscription de la Loire-Atlantique.
Le département de Seine-Saint-Denis qui compte près de 1.800.000 habitants est découpé en 12 circonscriptions, soit en moyenne près de 150.000 habitants par circonscription, largement au-dessus de la moyenne de 120.000 habitants (+25%).
Des circonscriptions comme l’Ariège 1 (69.672 habitants), Jura 2 (76.627 habitants), Lozère (76.604) , Territoire de Belfort 1 et 2 (71.010 et 70.308) se situent à l’opposé de ce que l’on constate en Seine-Saint-Denis.
Les circonscriptions suivantes battent tous les records : Wallis et Futuna 11.558 habitants, St Barthélémy/St Martin 42.778 habitants , St Pierre-et-Miquelon 5.974 habitants.
Ces opérations de redécoupage ne sont jamais neutres et reflètent souvent une volonté politique
Le dernier redécoupage des circonscriptions (à la charge du Ministre de l’Intérieur) remonte à 2010, faisant suite à l’ordonnance du 29 juillet 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Ces opérations de redécoupage ne sont jamais neutres et reflètent souvent une volonté politique de donner un avantage au pouvoir en place, d’où l’expression charcutage souvent utilisée au lieu de redécoupage.
La disparité des populations entre circonscriptions se compose en outre avec la disparité du nombre d’électeurs inscrits résultant du plus ou moins grand nombre de mineurs ou d’étrangers qui y vivent.
Ce point prend d’autant plus d’importance au regard de la nécessité de recueillir les voix de 12,5% des inscrits pour se maintenir au second tour. Ainsi, pour se maintenir au second tour de la 3ème circonscription de Vendée, il faut 16.851 voix contre 631 à St-Pierre- et -Miquelon !
2-Le seuil des 12,5% des inscrits pour se maintenir au second tour
A noter que si un seul candidat remplit cette condition, le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages après lui peut se maintenir au second tour, même s’il ne parvient pas à ce seuil de 12,5%. Mais dans le cas où aucun candidat ne remplit cette condition de seuil, les deux candidats arrivés en tête peuvent se maintenir au second tour. Concrètement, les deux premiers arrivés au 1er tour sont automatiquement présents au 2e.
Aux européennes, les suffrages exprimés n’ont atteint que 50,05% des inscrits. A taux de suffrages exprimés identique au 1er tour des législatives, il faudra atteindre près de 25% (24,97%) des suffrages exprimés pour se maintenir au second tour.
Au global, les scores réalisés par les partis aux élections européennes par rapport aux suffrages exprimés étaient les suivants :
Par parti |
% inscrits |
% suffrages exprimés |
|
|
|
RN |
15,70% |
31,37% |
Renaissance |
7,31% |
14,60% |
PS |
6,92% |
13,83% |
LFI |
4,95% |
9,89% |
LR |
3,63% |
7,25% |
Les Ecologistes |
2,75% |
5,50% |
Reconquête |
2,74% |
5,47% |
PC |
1,18% |
2,36% |
|
45,18 |
90,24 |
Par coalition |
|
|
|
|
|
Extrême droite |
18,44% |
36,84% |
NFP |
15,80% |
31,58% |
Renaissance |
7,31% |
14,60% |
LR |
3,63% |
7,25% |
|
|
|
Renaissance + LR |
10,94 |
21,85% |
Plus la participation augmentera aux législatives par rapport aux européennes, plus ce seuil de 12,5% pour être qualifié au second tour sera atteignable, multipliant ainsi la possibilité de la qualification de 3 candidats au second tour (voire de 4) ce qui peut être favorable à l’extrême droite. D’où la nécessité pour le NFP de mobiliser au maximum dès le 1er tour.
Le taux de participation aux législatives va-t-il augmenter par rapport aux européennes ?
Aux élections européennes, ils étaient 49,5 millions à être inscrits sur les listes électorales. Près de 24 millions d’entre eux se sont abstenus, soit 48,51% des inscrits. 717.000 ont voté blanc ou nul. Ils ne sont donc que 24,8 millions à s’être exprimés soit 50% des inscrits.
Le taux d’abstention est certes très important, mais c’est le plus faible depuis les élections européennes de 1999
Le taux d’abstention est certes très important, mais c’est le plus faible depuis les élections européennes de 1999 (49,88% en 2019, 57,57% en 2014, 59,37% en 2009, 57,24% en 2004 et 53,24% en 1999). Les élections précédentes avaient donné lieu aux taux d’abstention suivants : 47,24% en 1994, 51,2% en 1989, 51,2% en 1989, 43,28% en 1984 et 39,29% en 1979.
A quoi faut-il s’attendre le 30 juin prochain (second tour le 07 juillet) à l’occasion du premier tour des élections législatives ? Les deux dernières élections législatives, qui ont suivi l’élection de Emmanuel Macron en 2017 puis en 2022, dans le cadre d’un affrontement avec Marine Le Pen, ont donné lieu au premier tour à des taux d’abstention supérieurs : 52,49% en 2022 et 51,30% en 2017. Il s’agit d’un différentiel significatif qui, s’il se vérifiait le 30 juin prochain, représente de 1,38 à 1,97 millions de votants en moins. Dans la mesure où la menace d’un succès du RN (majorité absolue ou pas) apparaît comme étant encore à ce jour le scénario le plus vraisemblable, la référence à ces législatives, dans le cadre d’un second tour quasi-joué d’avance et particulièrement démobilisateur pour bon nombre d’électeurs, n’est sans doute pas adéquat. En 2007, le taux d’abstention n’était que de 39,6% (35,6% en 2002). En 1997, les législatives déclenchées suite à la dissolution décidée par Chirac ayant conduit à la nomination de Jospin comme Premier Ministre avaient donné lieu à un taux d’abstention de 32,00%. Pour mémoire, les élections présidentielles, toujours beaucoup plus mobilisatrices, ont vu l’abstention s’élever au premier tour à 26,31% en 2022, 22,23% en 2017 et 20,52% en 2012.
On peut s’attendre à une diminution significative de l’abstention par rapport aux dernières élections européennes et voir passer cette dernière de 48,51% à une fourchette comprise entre 40% et 32%
Malgré la durée exceptionnellement courte de la campagne et ses dates de premier et second tour peu favorables à la mobilisation (vacances, examens, événements sportifs multiples, période préolympique etc.), l’on peut néanmoins s’attendre à une diminution significative de l’abstention par rapport aux dernières élections européennes et voir passer cette dernière de 48,51% à une fourchette comprise entre 40% et 32% soit un nombre de votants supplémentaires compris entre 4,2 et 8,2 millions ce qui est considérable ! Et qui peut donner lieu à des bouleversements tout aussi considérables selon que tel ou tel camp d’abstentionnistes décide de voter.
Le profil par classe d’âge des abstentionnistes et celui de ceux qui ont voté sont deux raisons d’espérer pour le NPP en cas de mobilisation réussie des abstentionnistes dès le premier tour.
Le 09 juin dernier, ce sont les plus jeunes qui se sont le plus abstenus (les 18-24 ans se sont moins abstenus que les 25-34 ans)
Le 09 juin dernier, ce sont les plus jeunes qui se sont le plus abstenus, même si parmi eux, une surprise est à noter. En effet, les 18-24 ans se sont moins abstenus que les 25-34 ans : 60% contre 65%. Le taux d’abstention diminue ensuite systématiquement pour les classes d’âge suivantes : % pour les 35-49 ans, 49% pour les 50-59 ans, 39% pour les 60-69 ans et 29% pour les 70 ans et plus.
Pour qui ont voté les classes d’âge les plus abstentionnistes ?
Les 18-24 ans ont voté à 51% pour les partis composant le Nouveau Front Populaire créé suite au raz de marée de l’extrême droite, contre 27,0% pour l’extrême droite (25% pour le RN et 2,0% pour Reconquête). Les 51% se répartissent entre 33% pour La France Insoumise, 3% pour le PCF, 10% pour les Ecologistes et 5% pour le PS[12].
Les 25-34 ans ont voté à 44,0% pour les partis composant le Nouveau Front Populaire créé suite au raz de marée de l’extrême droite, contre 34,0% pour l’extrême droite (30% pour le RN et 4,0% pour Reconquête). Les 44% se répartissent entre 20% pour La France Insoumise, 3% pour le PCF, 9% pour les Ecologistes et 12% pour le PS.
Les 35-49 ans ont voté à 34,0% pour les partis composant le Nouveau Front Populaire créé suite au raz de marée de l’extrême droite, contre 38,0% pour l’extrême droite (34% pour le RN et 4,0% pour Reconquête). Les 34% se répartissent entre 11% pour La France Insoumise, 2% pour le PCF, 9% pour les Ecologistes et 12% pour le PS.
Plus on vieillit, moins on vote pour le Nouveau Front Populaire, plus on vote pour l’extrême droite et pour Renaissance
Plus on vieillit, moins on vote pour le Nouveau Front Populaire, plus on vote pour l’extrême droite et pour Renaissance
Les 50-59 ans ont voté à 27,0% pour les partis composant le Nouveau Front Populaire créé suite au raz de marée de l’extrême droite, contre 47,0% pour l’extrême droite (40% pour le RN et 7,0% pour Reconquête). Les 27% se répartissent entre 7% pour La France Insoumise, 2% pour le PCF, 4% pour les Ecologistes et 14% pour le PS.
Les 60-69 ans ont voté à 29,0% pour les partis composant le Nouveau Front Populaire créé suite au raz de marée de l’extrême droite, contre 39,0% pour l’extrême droite (34% pour le RN et 5,0% pour Reconquête). Les 29% se répartissent entre 6% pour La France Insoumise, 3% pour le PCF, 4% pour les Ecologistes et 16% pour le PS.
Les 70 ans et plus ont voté à 23,0% pour les partis composant le Nouveau Front Populaire créé suite au raz de marée de l’extrême droite, contre 34,0% pour l’extrême droite (26% pour le RN et 8,0% pour Reconquête). Les 23% se répartissent entre 3% pour La France Insoumise, 2% pour le PCF, 2% pour les Ecologistes et 16% pour le PS.
Il y a plus de jeunes de 18-34 ans à convaincre d’aller voter que de plus de 70 ans.
S’abstenir aux législatives au premier tour comme au second tour (mais le premier tour est déterminant), c’est très clairement donner les clés du pouvoir à l’extrême droite
Dans une telle configuration, s’abstenir aux législatives au premier tour comme au second tour (mais le premier tour est déterminant), c’est très clairement donner les clés du pouvoir à l’extrême droite.
Ne pas se tromper de combat !
Il s’agit d’abord et avant tout de faire échec à ceux qui rejettent l’autre, qui prônent le repli sur soi, qui veulent instaurer une société de la peur
Il s’agit d’abord et avant tout de faire échec à ceux qui rejettent l’autre, qui prônent le repli sur soi, qui veulent instaurer une société de la peur, de la défiance, du contrôle en abusant d’électeurs qui ne savent plus à quel saint se vouer tant ils ont été trompés, maltraités et même insultés par 7 années de Macron au pouvoir. Pour ce faire, ils avancent masqués pour tromper, eux-aussi, ceux qui les auront élus et qui seront leurs premières victimes. Le patronat ne s’y trompe pas, lui qui a bien compris que l’extrême droite était adversaire du progrès social et de la lutte pour sauver la planète et plus généralement le vivant. Ils multiplient les supercheries et se présentent même comme d’ardents partisans de la lutte contre l’antisémitisme, eux dont le parti d’origine compte des anciens Waffen-SS parmi ses fondateurs. Ils manipulent tous les points de repère les plus établis pour parvenir à leurs fins. Se sachant en difficulté chez les plus jeunes, ils n’hésitent pas à annoncer qu’ils supprimeront l’impôt sur le revenu des personnes physiques pour les moins de trente ans quel que soit leur revenu. A la question de savoir si les hauts revenus allaient faire partie de cette exemption, la réponse a fusé
[13] :
« oui, évidemment, même les traders, on a besoin des plus valeureux ». Les premiers de cordée de l’extrême droite et ceux de Macron, encore un point commun économique.
E. Macron leur a montré le chemin. Ils continueront à favoriser les classes privilégiées et pourront compter sur la Constitution pour gouverner à coups de 49-3 et de conseils de défense où l’on traite de sujets que l’on ne veut pas discuter à l’assemblée nationale. Voter pour des candidats macronistes ou de droite non encore ralliés à l’extrême droite, c’est en fait servir de marchepied à l’extrême droite en provoquant des triangulaires au second tour qui se concluront par la victoire de l’extrême droite.
C’est au premier tour que tout se jouera
Pour la gauche, l’heure n’est donc pas à la manifestation des divergences alors qu’il s’agit de résister coûte que coûte contre une prise de pouvoir funeste de l’extrême droite. Les candidatures dissidentes de députés sortants qui ne se sont pas vus réinvestis par leur propre parti sont mortelles et leur sort est bien dérisoire par rapport à l’enjeu. Toutes les énergies doivent se concentrer sur les abstentionnistes afin que le premier tour installe un nouveau rapport de force. Le système électoral étant ce qu’il est, c’est au premier tour que tout se jouera et le 30 juin au soir ne devra pas ressembler à celui du 21 avril 2002 qui avait vu les abstentionnistes manifester contre l’arrivée de Le Pen père en seconde position derrière Chirac, éliminant ainsi L. Jospin.
Une fois arrivée au pouvoir, l’extrême droite s’y cramponne
Les abstentionnistes et ceux qui préfèrent le ni-ni plutôt que le vote pour le NFP ne doivent pas se laisser aller à penser que donner le pouvoir à l’extrême droite n’a pas de caractère de gravité dans la mesure où arrivée au pouvoir, elle démontrera sa nullité (« argument » souvent couplé avec celui consistant à dire, « après tout, on ne les a jamais essayés »).
En 1933, l’écrasante majorité des Allemands rejetait la guerre
L’histoire, à nouveau, est là pour nous rappeler qu’une fois arrivée au pouvoir, l’extrême droite non seulement s’y cramponne, mais fait tout, absolument tout pour y rester avec l’appui des médias aux ordres. Les année 30, puis celles de la deuxième guerre mondiale en témoignent. Et tout cela, malheureusement, passe aux oubliettes au point que plus personne ne se souvient, comme nous le rappelle l’historien Johann Chapoutot, qu’en 1933 encore, l’écrasante majorité des Allemands rejetait la guerre.
Christian Savestre
[1] Rassemblement National (RN) 31,4% + Reconquête (Zemmour et Maréchal) 5,5%
[2] 3 candidats en compétition au second tour à l’issue d’un premier tour qui impose de recueillir au premier tour au moins 12,5% des inscrits.
[3] Liste composée de notables ruraux favorables à la chasse, longtemps courtisés par E. Macron.
[4] Liste conduite par F. Philippot, ex-membre important du RN, souverainiste aux préoccupation sociales , pour certaines catégories de la population, incompatibles avec l’ultra libéralisme de Marine Le Pen.
[5] Chronique du 11 juin 2024 dans Libération.
[6] David Muhlmann, auteur de plusieurs ouvrages dont, notamment : « Capitalisme et colonisation mentale », « Lénine en son temps, la politique du moment opportun», « Où va la France de Macron ».
[7] Marianne du 19 juin 2024.
[8] Le Figaro du 20 juin 2024
[9] Le Canard enchaîné du 26 juin 2024
[10] France Info, 20 juin 2024
[11] Tous les éléments statistiques, sur lesquels ces données et commentaires sont établis, sont issus d’une enquête IPSOS réalisée à propos des élections européennes du 09 juin 2024. Cette enquête réalisée auprès d’un échantillon de 8.923 personnes traite des thèmes suivants : comprendre le vote des français, sociologie des électorats et profil des abstentionnistes, sociologie de l’abstention, contexte national et enjeux en vue de l‘élection présidentielle de 2027.
[12] PS et Place Publique conduits par Raphaël Gluksmann.
[13] BfmTv, émission du soir du 25 juin 2024