Une prison construite par des évadés… fiscaux

Le cas de la prison de Haren, en Belgique

Ceux qui devraient y être détenus, pour cause de pillage de l’État, sont aussi ceux qui sont unanimement choisis par les gouvernants, ayant la charge de veiller à ses intérêts, pour concevoir, construire, financer et gérer une prison qu’ils réservent à d’autres. Cette infamie criminelle procède de la combinaison de trois scandales monumentaux :
-les gouvernants disposent de toutes les informations qui attestent des pratiques d’évasion fiscale à grande échelle des principaux partenaires qu’ils ont choisis sans que cela n’influe le moins du monde sur leurs choix.
-le scandale lui-même s’exécute dans le cadre d’un partenariat public-privé(PPP)1 totalement déséquilibré au profit du privé, donc des évadés en question.
– le partenariat public-privé résulte lui-même de normes comptables imposées par la Commission Européenne qui ont, entre autres, pour conséquence de créer une discrimination comptable entre public et privé, au détriment du public.

Premier scandale : confier à des évadés fiscaux -connus comme tels sur la planète entière- le projet de la prison de Haren.

Un premier scandale est de confier à des évadés fiscaux(connus comme tels sur la planète entière) le projet de la prison de Haren : c’est en mai 2013 que le consortium du nom de Cafasso a été choisi par le gouvernement fédéral pour gérer dans sa globalité le projet de la prison de Haren2.Cafasso regroupe plusieurs entreprises multinationales dont les plus importantes sont notamment MacquarieCorporate Holdings Pty Limited, société de droit australien(voir l’encadré 1) et PPP Infrastructure Investment B.V. société de droit néerlandais (voir l’encadré 2). Ces deux multinationales sont les plus actives dans l’opposition qu’elles mènent contre les adversaires du projet.

Encadré 1 – Macquarie un empire tentaculaire

Macquarie est un géant financier mondial actif dans de nombreux secteurs : industrie minière, conseil, banque, chemins de fer, réseaux d’électricité et aussi dans celui des prisons. Il construit actuellement en Australie la plus grande prison du pays et agit en tant que conseiller financier et commercial pour la construction de la seule prison de haute sécurité en Nouvelle- Zélande. Macquarie est mouillée jusqu’au cou dans les scandales des Offshoreleaks révélé en 2013, des Luxleaks révélé en 2014, des Panama Papers révélé en 2016 et enfin des Paradise Papers révélé en 2017. Il a ainsi été établi qu’outre le Luxembourg elle détenait une multitude de filiales dans des paradis fiscaux : Iles Vierges britanniques, Bahamas, Bermudes, Ile de Man, Ile Maurice, Aruba, Malte, Samoa, Hong Kong. PwC, l’un des quatre plus grands fiscotrafiquants mondiaux (avec Deloitte, EY et KPMG), était en première ligne dans le scandale des Luxleaks et il demeure à ce jour le commissaire aux comptes de Macquarie. La mauvaise réputation de cette dernière est universelle, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis où elle s’est illustrée notamment dans le cadre de la privatisation de certains services publics lui permettant d’en tirer de gigantesques bénéfices tout en les affaiblissant et les dégradant. Ce n’est donc pas pour rien (et l’on ne liste pas là tous les scandales dans lesquels Macquarie est impliquée) que Macquarie est surnommée dans le monde des affaires « the vampire kangaroo » (le kangourou vampire) mais aussi « the millionairefactory » (l’usine à millionnaires).