Je suis une femme…

1ère partie

Comment se débarrasser des relents toujours actifs de la domination masculine à la fois sociale, culturelle et économique qui, depuis la nuit des temps, infériorise les femmes en les associant à l’impureté, à l’irrationnalité, à l’incapacité de réfléchir et gouverner… et j’en passe ?

Certains courants particulièrement rebelles, notamment venus des USA, ont proposé de supprimer les différences sexuelles et imaginé une société unisexe qui relègue l’état de « nature féminine », sorte d’universalisme qui ne satisfait pas la conscience vécue de la différence qui fonde les luttes pour l’égalité.

Une autre approche, mieux acceptée et devenue évidente, entend la féminité comme résultat d’une construction sociale nommée « le genre ». En effet, les normes qui président aux relations entre les hommes et les femmes ont été créées par les premiers pour cimenter l’hégémonie d’un système social inventé qui privilégie la fonction de reproduction sociale soutenues par le patriarcat. Voilà installée dans la vie privée une domination masculine qui va s’étendre à l’ensemble de la société.

Qui êtes-vous ?

Alain Touraine[1] a exposé dans son ouvrage Le monde des femmes, une recherche à partir d’une enquête de terrain auprès des femmes en partant de la question « Qui êtes-vous ? », alors que « les hommes continuent à parler si souvent des femmes comme d’un objet de désir ».

Le travail de cet éminent sociologue construit sur la base de 60 entretiens lui a apporté ce qu’il cherchait, « la confirmation que les femmes, à la différence de celles qui parlent sur elles ou pour elles, ne croient pas à la nécessaire disparition de l’identité féminine, ne se considèrent pas comme des victimes, quand bien même elles ont subi des injustices ou des violences et, on s’en convaincra vite, portent en elles des projets positifs, le désir de vivre une existence transformée par elles-mêmes. »