S’approprier la finance pour ne pas la porter au pouvoir suprême.

Table des matières du dossier général
Emmanuel Macron, le félon forcené en marche. Arrêtons-le !

ÉPISODE I : Prostitué chez Rothschild – Détaché à l’Elysée

Chapitre I : 🔴NOUVEAU ! Macron est un évadé fiscal. Il n’a RIEN DÉCLARÉ de ses revenus tirés de la transaction Nestlé-Pfizer à 9 milliards
Chapitre II : S’approprier la finance pour ne pas la porter au pouvoir suprême.

EPISODE I – Prostitué chez Rothschild – Détaché à l’Elysée
CHAPITRE II

Nous avons commencé par le chapitre I intitulé « Nouveau ! Macron est un évadé fiscal. Il n’a rien déclaré du tout des revenus tirés de la transaction Nestlé-Pfizer à 9 milliards ». Nous voulions ainsi faire précéder ce chapitre II, au caractère plus général, par une information inédite démontrant à quel point cette non appropriation peut conduire : faire accéder au pouvoir suprême un évadé fiscal.

« Les citoyens doivent s’approprier le débat sur la finance, sans complexe ! Face aux crises financières, c’est aux citoyens qu’il revient de prendre le relais des politiques et de s’approprier le débat sur la finance. Depuis une vingtaine d’années, la finance est devenue pour la plupart d’entre eux  un monde impénétrable, d’une complexité infinie. Ou du moins le croient-ils. Les choses sont beaucoup plus simples que tout ce que l’on a bien voulu leur expliquer ».

C’est l’injonction que prononçait Jean-Michel Naulot[1] en conclusion de son livre « Crise Financière. Pourquoi les gouvernements ne font rien », publié en octobre 2013. Pourtant pas un gauchiste militant, couteau entre les dents, Monsieur Naulot : non, un Banquier pendant plusieurs décennies qui fut aussi membre du Collège de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) de 2003 à 2013.

Depuis, cette injonction n’a de cesse d’être toujours plus pertinente alors que, 11 années après, viennent des Etats-Unis, du Royaume-Uni ainsi que du tout récent rapport de Mario Draghi, commandé par la Présidente de la Commission Européenne – Ursula Van Der Leyen –  les assertions selon lesquelles les quelques mesures de régulation financière mises en œuvre depuis la crise financière de 2007-2008 seraient devenues des obstacles au développement de l’économie : un appel à une sorte de contre-réforme de la part d’« Experts » dont certains ont précipité la planète entière dans une crise financière et économique qui a plombé la dette publique des Etats puisque ces derniers, et donc leurs citoyens, ont dû procéder au sauvetage des banques.

« Rattraper le retard sur les Etats-Unis ne doit pas conduire à les suivre dans leur folie financière »
A cet égard, notons la réaction de ce même Jean-Michel Naulot[2] soulignant « que rattraper le retard sur les Etats-Unis ne doit pas conduire à les suivre dans leur folie financière ». Mais il n’y a pas de limite pour les partisans de la financiarisation à outrance du monde économique, quitte à ce que la finance surpuissante franchisse un nouveau cap, celui de la finance autoritaire, pour reprendre les termes utilisés par Marlène Benquet[3] (que nous recevions chez POUR.PRESS le 02 mars 2022 dans le cadre des Rencontres de POUR et ATTAC) et Théo Bourgeron dans leur livre « La Finance autoritaire. Vers la fin du néolibéralisme».

La petite musique de la dérégulation financière se propage, quitte à utiliser les arguments les plus spécieux
C’est tellement compliqué la finance que le citoyen lambda doit faire confiance à ceux qui savent, aveuglément ! Les marchés sont inquiets entend-t-on à tout bout de champ, mais les citoyens – eux – ne doivent pas l’être ; les marchés vont les protéger, ils ne doivent pas en douter. Et la petite musique de la dérégulation financière se propage, quitte à utiliser les arguments les plus spécieux allant jusqu’à prétendre qu’elle s’impose pour que la finance en place ait les mains libres pour sauver la planète ! N’entend-t-on pas E. Macron déclarer qu’il faut « une pause réglementaire européenne » sur le climat.[4]

Le cas Macron symbolise à l’extrême ce que provoque le désintérêt pour la finance
Le cas Macron symbolise à l’extrême ce que provoque le désintérêt pour la finance, tant de la part de citoyens électeurs que de trop nombreux responsables politiques. Jeune, énarque, inspecteur des finances, puis banquier – pas n’importe quel banquier, banquier d’affaires – autant de caractéristiques qui suffisaient, selon les médias dominants, à lui ouvrir les portes de l’Elysée en 2017, déjà entre-ouvertes dès 2012 lorsqu’il accède à la fonction de Secrétaire Général adjoint de la Présidence de la République chargé des questions économiques et financières. Et pourtant son activité de banquier, si elle avait été quelque peu questionnée avant qu’il ne soit porté au pouvoir suprême, aurait dû l’empêcher d’y accéder.

A l’exception des très légitimes interpellations nées de son énigmatique  première déclaration d’intérêts et de patrimoine auprès de la HATVP (Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique) effectuée en 2014 relativement à ses revenus perçus dans le cadre de ses activités au sein du Groupe Rothschild, que sait-on précisément de la banque dans laquelle il a fait son entrée en septembre 2008  pour la quitter le 15 mai 2012 ?

Pour, le même jour, en « traversant la rue » rejoindre François Hollande, tout juste élu Président de la République, qu’il avait conseillé aussi discrètement qu’assidûment pendant sa campagne électorale sous le regard bienveillant de son employeur qui n’a pas semblé le moins du monde effarouché par la fameuse déclaration du Bourget du 22 janvier 2012, selon laquelle le candidat F. Hollande à la Présidence de la République faisait de la finance son adversaire en déclarant :

“Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance”.

Et pour cause ! L’Employeur en question savait à quoi s’en tenir, lui qui trouvait parfait de voir son associé-gérant, qu’il payait à prix d’or, passer son temps à conseiller un candidat à l’élection présidentielle.

Le Parti Socialiste Français a fourni l’avant-garde de la libéralisation internationale en matière financière
Ne pas s’approprier la finance a toujours des conséquences graves pour le citoyen et électeur potentiel. Entres autres, celle par exemple d’oublier que le Parti Socialiste Français a fourni l’avant-garde de la libéralisation internationale en matière financière mais aussi commerciale, comme l’a démontré Rawi Abdelal[5] dans son livre (version originale en anglais non traduite) paru en 2007 intitulé « Capital Rules : The construction of Global Finance », ce que Benjamin Bürbaumer (que nous recevions chez POUR.PRESS le 19 septembre  2024 dans le cadre des Rencontres[6] de POUR et ATTAC) nous rappelle fort opportunément dans son passionnant livre «Chine/Etats-Unis, le capitalisme contre la mondialisation », lequel traite notamment de manière limpide « du privilège exorbitant du dollar », autre question financière majeure dont il faut s’emparer.

Alors que la crise financière 2007-2008 a dévasté toutes les économies et que les Etats ont dû venir au secours des banques, on aurait pu s’attendre à ce que le jeune E. Macron, devenu Inspecteur des Finances à sa sortie de l’ENA et exerçant cette fonction de 2004 à 2008, trouve là le moyen de témoigner de son sens de l’Etat- dont il est alors débiteur à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros au titre de ses frais d’études- en plein chaos financier, en se mettant à sa disposition. Eh bien non, il a fait l’inverse et au lieu de se mettre au service de l’Etat, il s’est mis au service d’une banque d’affaires en se mettant « en disponibilité » pour aller s’enrichir plutôt que de se consacrer, par exemple, à la régulation financière ! Tout un symbole alors que son entrée au sein du groupe Rothschild s’effectue précisément 10 jours avant la chute de Lehman Brothers.

A noter d’ailleurs que cette mise en disponibilité[7], « déclarée » comme telle par E. Macron lui-même, aurait dû donner lieu à un arrêté ministériel de disponibilité publié au Journal Officiel et dans les bulletins officiels des Ministères, resté pourtant introuvable selon le média Marianne. Cela aurait pourtant dû être le cas selon le Président Adjoint de la section du contentieux du Conseil d’Etat et membre de la Commission de déontologie de la fonction publique, Monsieur Jacques Arrighi de Casanova, lequel déclare :

« il est absolument impossible de quitter l’Inspection des Finances pour partir dans le privé sans qu’un arrêté soit publié au Journal Officiel ».

Critiqué pour ne pas avoir remboursé ses  études (on parle de « la pantoufle » dans le jargon de la haute fonction publique) au moment où il filait chez Rothschild en 2008, Emmanuel Macron – alors devenu Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique depuis le 26 août 2014 – avait déclaré le 16 octobre 2014 à France Inter :

« J’ai quitté l’Etat pendant quatre ans, je suis revenu, j’ai été mis en disponibilité et j’ai réintégré la fonction qui était la mienne ».

Le Cabinet du Ministre s’en était alors allé à sa rescousse en indiquant qu’il n’y avait là rien d’anormal, le Corps de l’Inspection des Finances ne publiant pas les arrêtés ministériels concernant la carrière de ses membres.

C’est en effet invraisemblable qu’on puisse se mettre au service d’une banque d’affaires tout en ne rompant pas le lien contractuel existant avec l’Etat
Le citoyen lambda ne manquera pas de s’étonner – c’est en effet invraisemblable – qu’on puisse se mettre, dans de telles conditions, au service d’une banque d’affaires tout en ne rompant pas le lien contractuel existant avec l’Etat, sans rembourser simultanément, en outre, sa dette de frais d’études envers ce dernier. A titre d’information, E. Macron et tous les anciens élèves de l’ENA comme lui, doivent verser, en cas de rupture de leur engagement[8], un somme égale à deux fois le traitement net perçu durant les 12 derniers mois de service, ce qui représente, dans son cas, plusieurs dizaines de milliers d’euros (son traitement de l’époque, inconnu, ne permet pas de l’évaluer précisément).

Voilà donc un sujet où l’évidence devrait s’imposer d’elle-même, mais où l’ambiguïté s’installe : une constante, comme  le « en même temps » chez E. Macron, qui ne craint pas d’encourager les jeunes à devenir milliardaires[9] tout en expliquant que ce ne sera pas son cas, ayant fait le choix – lui -, de se consacrer à la conduite de son peuple, après s’être présenté comme le moins fortuné des candidats à la Présidence de la République de 2017 (mais Poutou a quand même été le seul à le battre sur ce plan-là) après avoir expliqué sans ciller à la HATVP (Haute autorité pour la Transparence de la Vie Publique) qu’il était quasiment sorti fauché après avoir passé 4 années chez Rothschild, dont les 2 dernières aux plus hautes fonctions.

Une autre affaire que nous allons traiter dans un autre chapitre de ce premier épisode « Prostitué chez Rothschild, Détaché à l’Elysée ».

 

Christian Savestre


[1] Editions du Seuil, sous-titré « Un banquier sort du silence ». Jean-Michel Naulot a ensuite publié « Eviter l’effondrement », sous -titré « Les banquiers nous préparent une catastrophe financière pire que la précédente » paru en janvier 2017, chez le même éditeur.

[2] Le Monde du 20 septembre 2024.

[3] Lien donnant accès à la vidéo complète et à la vidéo résumée de la Rencontre avec Marlène Benquet :

https://pour.press/la-finance-autoritaire-vers-la-fin-du-neoliberalisme-3/

[4] https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/05/12/industrie-macron-appelle-a-une-pause-dans-la-reglementation-environnementale-europeenne_6173001_823448.html

[5]  Rawi Abdela est économiste, Professeur à la Harvard Business School. Son ouvrage est publié par les Editions « Harvard University Press ». Dans un article publié en 2005 intitulé Le consensus de Paris : la France et les règles de la finance mondiale (Critique internationale, no. 28 (juillet/septembre 2005): 87–115) il démontre que la dérégulation des marchés financiers a été principalement faite par des personnalités françaises, notamment Jacques Delors (président de la Commission européenne de 1985 à 1995), Michel Camdessus (président du FMI de 1987 à 2000) et Henri Chavranski (président du Comité des mouvements de capitaux et des transactions invisibles (CMIT) de l’OCDE de 1982 à 1994). Selon lui, « c’est le consensus de Paris et non le consensus de Washington, qui est avant tout responsable de l’organisation financière mondiale telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire centrée sur des économies dont les codes libéraux constituent le socle institutionnel de la mobilité des capitaux.

[6] https://pour.press/chine-etats-unis-le-capitalisme-contre-la-mondialisation-avec-benjamin-burbaumer/

Extrait : https://pour.press/chine-etats-unis-le-capitalisme-contre-la-mondialisation-avec-benjamin-burbaumer/

[7] Mediapart  du 26 octobre 2014: https://www.mediapart.fr/journal/france/261014/quand-macron-etait-fonctionnaire-et-banquier-la-fois

[8] Engagement qu’ils ont signé en application de l’article 50 quinquies du décret du 10 janvier 2002.

[9] https://www.youtube.com/watch?v=roJpZftZvFE  (vidéo jeune milliardaire)

 


By Christian Savestre

Journaliste chez POUR et référent pour les questions d’économie politique chez POUR et ATTAC Bruxelles 2, Christian Savestre est spécialiste de l’évasion fiscale et des grands cabinets d'audit et de stratégie. À la différence de beaucoup, il aborde cette thématique sous un angle résolument politique, à rebours des coutumières minuties techniques qui n’aboutissent souvent qu’à marchander le poids de nos chaînes (sic). A rebours (encore !) des approches traditionnelles qui se concentrent sur les gros fraudeurs, il analyse en profondeur les organisateurs de cette évasion fiscale (les Big Four et ceux qui les suivent), dont il connait bien les méthodes, pour les avoir longuement côtoyés dans sa carrière professionnelle. Christian a sorti de nombreux dossiers d’enquête. Ses analyses sont minutieuses et ses démonstrations implacables. (Surtout, ne lui parlez pas d’optimisation fiscale ! Elle est tout aussi illégitime que l’évasion fiscale ! )