Depuis que Biden a remplacé Trump, les principaux gouvernements de la planète disent vouloir respecter la limite de 1,5°C de réchauffement décidée à Paris. Tout va bien? Non, car « zéro émissions nettes en 2050 » ce n’est pas « zéro émissions »! En vérité, au-delà des effets d’annonce, les engagements des gouvernements sont totalement insuffisants pour arrêter la catastrophe climatique. De plus, les moyens qu’ils comptent employer relèvent du greenwashing: plantations industrielles d’arbres, commerce des droits d’émissions, stockage géologique du carbone, centrales nucléaires, géoingénierie… Nous refusons ces moyens et le néocolonialisme climatique qui va avec. Nous ne voulons pas de solutions d’apprentis-sorciers mais une vraie réduction radicale des émissions. Pour l’imposer, il est grand temps de déconfiner les luttes pour le climat.
Il est grand temps de les déconfiner en particulier en Belgique, où la Vivaldi qui a remplacé Michel-Jambon a déclaré vouloir confirmer la sortie du nucléaire en 2025. Tout va bien? Non, car en reportant sa décision définitive à novembre 2021, le gouvernement a enclenché une reprise du lobbying en faveur de la prolongation des centrales nucléaires. Une tempête de déclarations provenant de cette industrie et de ses partisans sème l’inquiétude quant aux conséquences de la sortie du nucléaire sur les émissions de CO
, sur les prix, sur l’emploi et sur la sécurité de l’approvisionnement en courant.
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Huit sites de construction de nouvelles centrales
Le comble est que, sous prétexte d’assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité, le gouvernement se prépare à payer des entreprises privées pour qu’elles entretiennent des centrales au gaz qui fonctionneront quelques jours par an (quand il n’y aura pas assez d’énergie renouvelable)… et augmenteront les émissions de CO
2. Attirés par cette manne d’argent public, des géants de l’énergie (Engie, RWE, Luminus) envisagent huit sites de construction de nouvelles centrales, notamment à Manage, Roux et Seraing. La ministre dit que les exploitants de ces centrales devront s’engager « à long terme » à respecter la « neutralité carbone ». Entre-temps, elle affirme que le CO
2 émis sera « compensé » ou stocké. Mais nous ne voulons ni de cette compensation ni de ce stockage. Nous voulons autre chose que ce choix entre la peste atomique et le choléra du greenwashing.
Mêler savamment le vrai et le faux
Le fond du débat énergétique est trop souvent occulté par les arguments d’autorité des experts. D’un côté les nucléocrates prétendent que la combinaison atome-renouvelables est nécessaire pour sauver le climat. De l’autre, les partisans du capitalisme vert prétendent qu’il n’y a pas moyen de sortir du nucléaire sans utiliser le gaz. De coûteuses campagnes publicitaires achèvent de mêler savamment le vrai et le faux de sorte que la population ne sait plus à quoi s’en tenir.
Face à cet accaparement, « Komité centrales » veut en premier rétablir quelques vérités :
-non, nous ne devons pas absolument prolonger de 10 ou 20 ans Tihange 3 et Doel 4 pour éviter des pénuries de courant ;
-non, le nucléaire n’est pas une énergie propre, ni sans risque, et il est incompatible avec les énergies renouvelables ;
-non, la fermeture des centrales ne mettra pas 8000 personnes au chômage ;
-non, il n’est pas indispensable de remplacer les centrales nucléaires par des centrales fossiles qui émettront du CO2.
Le Manifeste que nous éditons, et que nous adapterons et complèterons au fil de notre action, vise à donner l’information indispensable à un débat honnête sur notre avenir énergétique.
Le leurre du capitalisme vert
On nous dit que la politique du gouvernement est la seule réaliste dans le rapport de forces actuel, qu’elle est à la fois écologique, prudente et sociale. Nous pensons qu’il n’en est rien. Cette politique s’inscrit dans la continuité du productivisme, du consumérisme et de l’inégalité sociale. Elle laisse l’énergie aux mains du privé sans faire payer les multinationales qui nous ont exposé·e·s à la fois à la peste nucléaire et au choléra fossile, pour leur profit. Remplacer le nucléaire par le gaz s’inscrit dans le leurre de la croissance infinie, le leurre du capitalisme vert et du « Green Deal européen » conçu pour alimenter la soif de profit des multinationales et les goûts de luxe des plus riches. Dans ce cadre, l’inégalité sociale ne fera que croître.
D’un côté, les plus riches consomment douze fois plus d’électricité que les gens modestes ; de l’autre, un ménage sur cinq (21,2%) vivait en 2016 dans la précarité énergétique, et on comptait en 2019 quelque 111.000 compteurs à budget.[1] Il est évident que ces phénomènes vont s’amplifier suite à la pandémie de coronavirus.
Une autre politique – sociale et écologique – est possible, nécessaire et urgente. Pour sortir à la fois du nucléaire et du gaz, nous plaidons pour la diminution des besoins en électricité par l’arrêt des productions absurdes (et de l’hyperconsommation qui en découle) et l’augmentation de l’efficience dans l’utilisation du courant, dans un esprit de justice sociale.
Il n’y a pas de planète B, mais une autre politique est possible. « Si, par exemple, on appliquait le temps de travail dégagé par l’interdiction de l’industrie nucléaire, de la fabrication du plastique, la suppression de la publicité, etc. à un reboisement maximal et une résurrection des sols, non seulement on ne diminuerait en rien le ‘bien-être’ (tout en abaissant pourtant le PNB), mais on tendrait vers une croissance (celle des ressources et de la qualité) qui n’aurait rien de classiquement économique », affirmait Françoise d’Eaubonne (1920-2005).
Une autre politique énergétique, climatique et sociale
Vivre bien sobrement, toutes et tous
Nous voulons une autre politique énergétique, climatique et sociale que celle héritée du nucléaire et des fossiles. Nous voulons que l’énergie soit un bien commun. Nous voulons partager les richesses, le travail et le temps, et vivre bien sobrement, toutes et tous. Nous voulons prendre soin de la Terre, des humains et des non humains, dans la joie, pour nous et pour nos enfants.
Articuler les luttes sociales, écologiques, féministes, décoloniales
L’impulsion pour cette autre politique ne peut venir que d’une conscientisation et d’une mobilisation forte dans la population. Par ce manifeste, porté par des associations, des groupes d’action et des organisations, nous appelons à reprendre la mobilisation contre le nucléaire et son monde fossile. Nous entendons aussi contribuer activement à articuler les luttes sociales, écologiques, féministes, décoloniales contre l’adversaire commun. Ensemble, mettons en échec ceux qui veulent nous soumettre à la dictature des « experts » pour maintenir le système qui détruit à la fois l’humain et le reste de la nature. Ensemble, tissons nos liens, attelons-nous à construire de nouveaux rapports de forces au service de l’émancipation.
Faire bouger les lignes
Le 2 décembre 2018, 100.000 personnes dans les rues de Bruxelles ont commencé à faire bouger les lignes. Reprenons le combat pour le climat et radicalisons-le pour qu’elles bougent vraiment. Le 20 juin prochain, nous nous rassemblerons à Manage, pour enterrer symboliquement le nucléaire et dire non aux nouvelles centrales à gaz. Pour le climat, pour le vivant, pour un avenir digne d’être vécu: en avant, c’est maintenant!
Komités centrales est une coalition d’organisations et d’individus soutenue par ADES, Association culturelle Joseph Jacquemotte (ACJJ), ATTAC Wallonie-Bruxelles, Extinction Rebellion Mons / Borinage, Jeunes organisés & combatifs (JOC), Formation Léon Lesoil (FLL), Gauche anticapitaliste, Local autogéré du Borinage (LAB), Mouvement Demain, Namur se bouge pour le climat, POUR, Students for Climate Liège, Tournai se bouge pour le climat.
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