Mozambique : une guerre “Total” ?

ANNEXE 3

Le scandale Ematum[1]

Suspension des aides, soit 467 millions $ pour 2016
Au printemps 2016, le FMI, la Banque mondiale et les autorités du Royaume-Uni font état d’une dette d’1,4 milliard $, que les autorités mozambicaines ont cachée au monde. Celles-ci admettront alors avoir contracté au moins trois emprunts de 850, 622 et 535 millions $, en 2013 et 2014 pour financer l’achat d’embarcations militaires et de matériel de protection maritime, ainsi que d’infrastructures portuaires et de matériel de pêche. Du coup, les pays et institutions contribuant (à 25%) au budget du Mozambique annoncent la suspension de leurs aides, soit 467 millions $ pour 2016. Ce qui représente 12% du budget national) et plonge le pays « dans sa plus grave crise depuis la fin de la guerre civile en1992 »[2]. Le metical perdra plus de 80% de sa valeur face au $, l’inflation atteint en septembre 24,9% et la dette atteint les 86% au lieu de 42 % en 2012.

Effondrement de la croissance
A la mi-septembre, le FMI, auquel le Mozambique avait adhéré en 1987, annonce la reprise des discussions avec les autorités mozambicaines. Christine Lagarde « souligne la nécessité d’un audit indépendant et international des entreprises subventionnées » par la dette dissimulée. Le président Nyusi doit « courber l’échine »[3] et son ministre de l’Économie reconnaît, dans « une présentation soignée […] d’une honnêteté brutale, destinée aux créanciers réunis à Londres », précise Le Monde, que le Mozambique n’est plus en mesure d’honorer sa dette, qui a atteint les 130% du PIB, contre 86% en 2015. Un pays qui, cinq ans plus tôt, était un pays courtisé, bénéficiant de taux de croissance de 7%. Au point que le FMI avait annulé une partie de sa dette en 2005-2006, suivi par la Chine l’année suivante. Maputo se voit forcé de trouver 800 millions $ par an pour ses remboursements d’ici à 2021. Les perspectives de croissance du Mozambique, estimées à 3,7% en 2016, se sont effondrées au niveau de celles de l’année 2000.

 

Magouilles


By Paul Delmotte

Professeur de Politique internationale, d'Histoire contemporaine et titulaire d'un cours sur le Monde arabe à l'IHECS, animé un séminaire sur le conflit israélo-palestinien à l'ULB. Retraité en 2014.