Opération Macron réussie ?

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Ce prochain jeudi 21 avril 2022,

POUR accueille

Eric STEMMELEN

Sur le thème : « A trois jours du second tour des élections présidentielles françaises, une seconde Opération Macron réussie ?»

Docteur en économie, statisticien, directeur d’études de l’important institut de sondage Sofres (1991 à 1994), directeur de la Recherche et des Etudes de France Télévisions, puis directeur des Programmes et de la Programmation de France 2 (1994 à 2009), Eric Stemmelen est aussi auteur. Il disposait de toutes les armes pour écrire  « Opération Macron. Chronique d’un tranquille coup d’État », préface de Gérard Mordillat, prologue de François Ruffin, publié en juin 2019 par les Éditions du Cerisier en Belgique. Bien qu’ayant adressé son manuscrit dès janvier 2018 aux éditeurs français, Eric Stemmelen s’était vu opposer un silence de plomb, Macron ayant été élu en mai 2017. Cinq années après, à seulement trois jours du second tour des élections présidentielles françaises, Eric Stemmelen nous parlera des résultats du premier tour qui se sera déroulé le 10 avril 2022 et sera certainement en mesure de nous dire pourquoi une seconde opération Macron pourrait être en passe de réussir et en quoi elle différerait alors de la première. La fascisation du discours politique et médiatique en France y sera très certainement traitée.

Compétence et légitimité, Eric Stemmelen en dispose  pour écrire que les citoyens français ont été en 2016-2017 « les témoins d’une fraude monstrueuse », unique dans l’histoire électorale française. En effet, « pendant deux ans, tous les médias ont offert au candidat Macron un espace publicitaire gratuit, qui équivaut à des dizaines et des dizaines de millions d’euros de publicité rédactionnelle, renforcée par la publicité comparative, tout aussi gratuite, que constituent les divers articles et reportages démolissant systématiquement certains de ses concurrents ».Si une telle manne avait dû être payée par le candidat Macron, il lui aurait fallu débourser largement plus d’une centaine de millions selon l’évaluation effectuée par Eric Stemmelen qui précise que ces frais-là ne sont pas comptabilisés dans les comptes de campagne et sont dix fois supérieurs à ceux « de ses deux adversaires réels ». Pour mémoire, le coût de la campagne officielle de Macron s’est élevé à 16,8 millions d’euros. Ne s’arrêtant pas là, Eric Stemmelen démasque en virtuose « ceux qui confondent étude d’opinion et propagande idéologique ». Il nous apprend ainsi que l’institut de sondage Odoxa a été créé le 25 août 2014, la veille de la nomination de Macron comme Ministre de l’Economie  et que l’un de ses deux fondateurs ne craint pas de déclarer « nous assumons une éditorialisation dans l’analyse de nos résultats afin de proposer à nos clients non pas des chiffres, mais une réponse ». C’est à ce tout nouvel institut que France Inter, L’Express et la presse quotidienne régionale achètent, moins de deux mois après sa création, un baromètre politique. il agrémente son impitoyable chronique  de données et faits économiques passés sous silence par les médias dominants, y compris les médias publics pas moins enclins que les médias privés à glorifier, dès 2012, un personnage qui  n’aura toujours pas de programme à moins de trois mois de l’échéance présidentielle d’avril 2017.

Les mots utilisés par les professionnels de la communication sont épinglés par Eric Stemmelen qui nous rappelle qu’ils sont, dans ces cas, assassins en citant le philologue Viktor Klemperer : « Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelque temps l’effet toxique se fait sentir ».

Rien n’échappe non plus à ce pouvoir médiatique et économique sans partage que Eric Stemmelen définit ainsi : « l’hégémonie culturelle  a atteint de nos jours une sorte de perfection. Non contente de distiller ses « vérités évidentes » à toute heure et en tout lieu, elle laisse filtrer sur ses propres supports  quelques remontrances, certes très édulcorées. Ces piqûres légères jouent le rôle de vaccins, injectés aux lecteurs à petites doses afin qu’ils croient que la liberté d’expression existe encore. Ainsi ils ne chercheront pas ailleurs et ne seront pas contaminés par une véritable et profonde réprobation du discours dominant ».

En 2010, Eric Stemmelen publiait « La religion des seigneurs » proposant une nouvelle histoire des débuts du christianisme. En 2014, il publiait « Partage ou naufrage, Economie politique du 20ème siècle ». (Michalon Editions)