Carte blanche
Pour les écologistes, l’Union Européenne doit mettre fin à l’usage du glyphosate et la Belgique doit voter contre le renouvellement.
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Interdit à la vente pour les particuliers belges depuis 2018 et pour les professionnels bruxellois depuis 2016, le glyphosate est principalement utilisé en agriculture. Si le glyphosate préoccupe tant les professionnels de la santé que le monde naturaliste, c’est parce que cette substance se retrouve aujourd’hui dans nos sols, nos eaux de surface, même nos corps, avec des conséquences néfastes.
Le glyphosate est aujourd’hui au centre des débats parce qu’au niveau européen se repose la question de sa prolongation. Alors que de nombreuses voix s’y étaient opposées, l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate a été difficilement renouvelée en 2017 pour 5 ans, envoyant un signal clair quant au besoin de trouver des alternatives. En 2020, l’Union Européenne s’est dotée d’un Pacte Vert et d’une stratégie biodiversité prévoyant une diminution de 50% des pesticides d’ici 2030. Une ambition confirmée à la COP15 de Montréal. La proposition actuelle de prolongation pour 10 ans est donc particulièrement interpellante. Pourquoi la Commission ne profite-t-elle pas de la sortie planifiée du glyphosate pour rencontrer ses ambitions ?
Les écologistes refusent cette prolongation dangereuse et inutile
Pour les écologistes, cette prolongation serait une aberration. Le glyphosate présente de nombreux dangers, potentiels ou avérés, pour notre santé et notre environnement et n’est pas nécessaire pour assurer à l’ensemble des Européens une alimentation saine, locale et sans pesticides d’ici 2050 (INSERM).
Sur l’aspect santé, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le glyphosate cancérigène probable en 2015 et le Conseil Supérieur pour la Santé a formulé en 2020 la recommandation d’en sortir « au plus vite » au vu des risques élevés pour la santé et l’environnement. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) considère quant à elle comme incertains les risques du glyphosate pour les consommateurs par le biais de l’alimentation ainsi que sa neurotoxicité et sa clastogénicité (qui peut mener à des cancers).
Et des études, non-prises en compte dans le processus qui a mené à la proposition de prolongation du glyphosate, soulignent de nombreux liens avec le développement de cancers ou de maladies neurologiques comme Parkinson ou Alzheimer. Au vu des nombreuses questions qui subsistent, nous nous devons de protéger notre santé au nom du principe de précaution.
En ce qui concerne l’environnement, un risque élevé à long terme pour les mammifères a été identifié par l’EFSA. Et d’autres études indépendantes pointent de nombreux risques pour la biodiversité. La nocivité du glyphosate est ainsi à la fois directe (il perturbe par exemple le système immunitaire des abeilles) et indirecte (il détruit ou contamine les ressources alimentaires d’un grand nombre d’espèces).
Par ailleurs, l’absence de certaines études dans le rapport de l’EFSA pousse les écologistes à exprimer leurs sérieuses réserves sur le processus de documentation de l’agence ainsi que leurs craintes quant au poids des lobbys dans la procédure. N’oublions pas que lors du renouvellement en 2017, de nombreuses études déterminantes dans la décision de prolonger l’autorisation du glyphosate ont été rédigées dans l’ombre par Monsanto afin de semer la confusion sur la nocivité de son produit. Cette fois-ci encore, des scientifiques pointent que plusieurs fabricants de pesticides auraient soustrait aux autorités européennes des résultats défavorables de tests de toxicité pour le cerveau en développement.
La Belgique et l’Union Européenne peuvent faire mieux
Pour y arriver, il faut changer de modèle agricole et orienter nos fermes vers un modèle agroécologique. Nous sommes conscients du changement important que cette avancée représente pour le monde agricole. Des alternatives existent et sont de plus en plus mises en avant par de nouvelles générations d’agriculteurs et agricultrices qui font le choix d’une agriculture bio.
Diverses techniques mécaniques (telles que le fauchage, le paillage, les cultures intercalaires…) sont autant de moyens de se passer d’intrants chimiques et d’évoluer vers une agriculture plus respectueuse de la santé des agriculteurs, des citoyens et de la nature. Investissons dans la recherche et l’expérimentation ainsi que dans un soutien technique et financier pour accompagner dès maintenant les agriculteurs et agricultrices dans cette transition aussi inéluctable que bénéfique. Pour les écologistes comme pour une large majorité des citoyens européens, la réponse est claire : l’Union Européenne doit mettre fin à l’usage du glyphosate et la Belgique doit voter contre le renouvellement.
Collectif Écolo
Séverine de Laveleye (députée fédérale) ; Saskia Bricmont (députée européenne) ; Hélène Ryckmans (députée wallonne) ; Ingrid Parmentier (députée bruxelloise) ; Thomas Naessens (député bruxellois)