Où l’on comprend pourquoi, que l’on soit Français ou pas, et que l’on se positionne ou non sur la sortie du nucléaire, il faut s’intéresser à ce qui se passe en France, en ce moment, autour du projet de poubelle nucléaire de Bure. La lutte anti-nucléaire constitue un baromètre de la démocratie sur lequel nous devrions tous avoir les yeux rivés.
Une vague de répressions sans précédent s’abat depuis plusieurs mois sur les opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, dans le département de la Meuse, en France. Celle-ci s’est renforcée, il y a une semaine, avec la perquisition de dix lieux de vie, et le placement en garde à vue de plusieurs opposants, ainsi que d’un de leurs avocats, Maître Ambroselli. Ce dernier a depuis lors été remis en liberté, et a pu récupérer tout son matériel saisi par la police la semaine dernière, après que la juge des libertés et de la détention ait fait annuler la perquisition qui a eu lieu en son domicile et bureau, au regard de « la violation cumulée » des principes de libre exercice de la profession d’avocat, de respect du secret professionnel et des droits de la défense. Malgré cela, 4 opposants à CIGÉO ont été mis en examen, 2 autres ont le statut de témoin assisté, et surtout : 7 personnes engagées depuis longtemps dans la lutte ont pour interdiction de communiquer entre elles.
Selon le procureur de Bar-le-Duc, Olivier Glady, cette vague de perquisitions et d’arrestations intervient dans le cadre d’une enquête pour « association de malfaiteurs » lancée « dans le cadre d’une commission rogatoire d’un juge d’instruction portant sur trois faits commis en 2017 » : le départ d’un incendie volontaire commis en juin dans l’hôtel-restaurant du laboratoire CIGEO (acronyme de centre industriel de stockage géologique), des dégradations commises sur un autre de ses bâtiments, et la manifestation illégale du 15 août 2017.
Transformer une lutte collective en « association de malfaiteurs »
Le fait que cette vaste et soudaine opération intervienne quelques jours à peine après une mobilisation qui a rassemblé au moins 3.000 personnes dans les rues de Bar-le-Duc, le 16 juin dernier, tient-il pour autant du hasard ? Comment ne pas y voir, une tentative à peine masquée et quasi avouée d’isoler et transformer cette lutte collective en « association de malfaiteurs » ?
Comment ne pas voir, dans ce qui se passe autour de Bure depuis 2015, une répétition de l’affaire Tarnac, soit une succession de perquisitions et d’arrestations, à grands renforts de communication, visant à marginaliser la lutte en la caricaturant, et en manipulant l’opinion publique ?
Voilà ce qui se répète, sans cesse, depuis des mois, autour de ceux qui osent exprimer, sous diverses formes, le rejet du projet d’enfouir à 500 mètres sous terre, à Bure, les déchets radioactifs les plus dangereux de France.
Le 22 février dernier, déjà, les autorités de l’Etat français ont orchestré un véritable cirque médiatique pour annoncer l’évacuation du Bois Lejuc, à Bure, mobilisant 500 gendarmes mobiles pour en extirper « une quinzaine d’opposants ». « Occupation illégale », « Retour à l’Etat de droit », ont alors clamé devant la presse le Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, la Préfète de la Meuse Muriel Nguyen, et le secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique Sébastien Lecornu, oubliant que si cette forêt était occupée par les militants en août 2016, c’est suite à une acquisition par l’ANDRA qui fait toujours l’objet d’une contestation juridique, et aux travaux que l’agence y menait bel et bien illégalement, ainsi qu’un recours a pu le démontrer. On assistait ce jour-là à l’émergence de stratégies de communication qui depuis lors n’ont cessé d’être à nouveau utilisées. La gendarmerie a fourni ses propres vidéos de l’opération à la presse, qui les a largement répercutées. Le lendemain matin, pourtant, une journaliste de Reporterre a pu démontrer grâce à son incursion dans le bois, qu’en dépit des gigantesques moyens mobilisés par les forces de l’ordre, il s’agissait avant tout d’un coup de communication, puisque que des arbres y étaient toujours occupés.
Le 3 mars 2018, lors d’une manifestation en réaction à cette évacuation, -un événement rendu « illégal » lui aussi par les autorités-, les différentes composantes de la lutte réaffirmaient d’une voix commune leur ferme intention de ne pas laisser l’Etat diviser leur mouvement entre une opposition dite « légale » et une autre qui ne le serait pas. « Il n’y a pas d’un côté le manifestant masqué sur la barricade et de l’autre le citoyen pétitionnaire devant son écran mais la construction d’un mouvement ouvert à tous ceux qui refusent la résignation devant un projet imposé d’en haut », avaient déjà clamé plus de 80 associations , dans un texte commun publié en juin 2016, au début de l’occupation du bois Lejuc.
Depuis le 16 juin, nous assistons à une réitération en force de la combinaison de ces stratégies de manipulation et de division. Ce jour-là, au moins 3.000 citoyens venant de toute la France mais aussi de Belgique et d’Allemagne ont pris part à la manifestation contre le projet CIGEO organisée à Bar-le-Duc. La mobilisation était originale dans sa forme, largement pacifique et transgénérationnelle. Il y avait énormément de familles. Bure était à Bar, le Bois Lejuc a envahi la ville, et n’en déplaise à ceux qui n’aiment pas la forêt, c’est son atmosphère, déterminée mais joyeuse, qui régnait. C’est pourtant une image de chaos qu’en ont donné de nombreux médias, reprenant le récit des autorités : il n’y aurait eu que 1.000 participants, parmi lesquels 150 black blocs auraient fait « dégénérer la manifestation ». Une caricature qui ne correspond pas à la réalité constatée sur place par nombre de témoins, et dont attestent photos et vidéos depuis lors : non seulement l’estimation chiffrée de la participation par les organisateurs était raisonnable, puisque la foule remplissait tout le Boulevard de La Rochelle, mais bien que des vitrines aient été brisées et des façades taguées, cette mobilisation fut avant tout et jusqu’au bout joyeuse et solidaire.
Il s’agit donc une fois de plus d’une façon de réduire une vaste contestation populaire à une série de dégradations, qualifiées d’actes de violence au même titre que s’il s’était agi de coups et blessures volontaires sur des personnes.
L’instrumentalisation de la « violence », ou comment diviser pour régner
Diviser pour régner, la méthode est aussi vieille que le monde, et revient en force en France, sous le règne macronien, pour écraser toutes les voix de contestation. Cette méthode utilisée par le gouvernement vis à-vis de la lutte anti-nucléaire ne diffère pas de celle mise en œuvre pour tenter d’étouffer d’autres mouvements sociaux : aux lendemains des manifestations du premier mai, Gérard Collomb déclarait que « si on veut garder demain le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être complices de ce qui se passe. » Un comble, pour celui qui en 2008, se souvenait en ces termes de son mai 68 : « Pour beaucoup de jeunes, c’était d’abord une période marquée par un sentiment de plénitude, de joie profonde, où chacun sortait des sentiers apparemment tracés de sa propre vie pour se retrouver dans une volonté collective d’être ensemble pour changer le monde ».
Que ce « soixante-huitard réformiste » demande aux Français de s’opposer aux casseurs dans les manifestations, et menace de leur enlever sans cela le droit de manifester, c’est d’abord de l’ingratitude: « oublier » qu’en 68, comme dans d’autres luttes, si certains n’avaient pas osé lancer des pavés, la voix de ceux qui “voulaient changer le monde” n’aurait sans doute pas été entendue. Le monde dirigé par les soixante-huitards s’éloigne chaque jour des slogans qu’ils ont scandé et affiché sur leurs calicots et affiches à l’époque. « Jouir sans entraves », « Les frontières on s’en fout », « Il est interdit d’interdire », « Sous les pavés la plage » : tout cela, c’était pour eux, pas pour les jeunes d’aujourd’hui… Ils en ont néanmoins conservé un, qu’ils réinterprètent au premier degré à présent: « Sois jeune et tais-toi ! » Le message a le mérite d’être clair : on n’est plus loin du moment où on invitera les citoyens à dénoncer les incivilités, ni de celui où on leur signifiera qu’il est préférable qu’ils manifestent uniquement chez eux devant leur télé.
C’est aussi de la mauvaise foi, à moins qu’il ne s’agisse de cynisme: il y a eu au cours des manifestations des derniers mois un nombre important d’interpellations arbitraires, parfois même réalisées en masse, ou plutôt ramassées en nasse, qui ne débouchent au final que sur une poignée de comparutions immédiates (voir à ce sujet l’interview de Jérémie Assous, avocat de la défense dans le procès Tarnac, sur Thinkerview). Priver de liberté, même temporairement, 200 personnes comme à la suite du 1er mai, alors qu’il n’y a pas eu de blessé grave, ni d’arme, ni de débordement constituant une menace pour les autres manifestants ou les journalistes par exemple qui étaient présents, s’apparente à une manœuvre destinée à criminaliser les luttes sociales. C’est ce qui se passe aussi à Bure ou à Notre-Dame-des-Landes, et qui n’aura pas échappé, notamment, à l’eurodéputé Philippe Lamberts, lorsqu’il a interpellé Emmanuel Macron au sujet de sa politique répressive, au Parlement européen de Strasbourg, le 17 avril dernier : « Vous dites vouloir la taxe carbone, la fin du glyphosate, la fin des voitures diesel, bravo ! Mais vous restez en même temps un ardent promoteur des traités actuels de libre échange et pire encore du nucléaire. (…) Vous avez eu le courage de mettre un terme à ce projet insensé d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, mais c’est pour dans la foulée écraser dans la violence les projets de celles et ceux qui inventent depuis des années une manière différente de vivre ». Empêcher l’invention de manières différentes de vivre, et maintenir l’illusion de vivre en démocratie en faisant taire toute pensée critique vis-à-vis du système capitaliste, c’est bien de cela qu’il est question, à Bure comme dans d’autres luttes…
Il est symptomatique de constater que sous prétexte que les actes de contestation les plus radicaux soient commis par une mouvance dite « d’ultra-gauche anarcho-autonome », on leur réserve un traitement bien différent, tant du point de vue répressif que médiatique, que celui qu’on a pu donner à d’autres manifestants (cheminots, marins-pêcheurs, etc.) : le droit pénal français et les méthodes policières se sont durcis ces dernières années à l’encontre particulière des activistes « anarcho-autonomes », leur conférant un régime d’exception. Pourquoi donner une importance médiatique disproportionnée à ces faits, et à leur répression ? Tout simplement parce que les black blocs mettent le doigt dans la plaie. Une plaie béante, que l’Etat veut ignorer et cacher à tout prix. Le système capitaliste fait de moins en moins consensus. Pour le prolonger, il faut faire taire ses contestations, et diaboliser ceux qui les portent de la façon la plus active.
Nucléaire et démocratie, capitalisme et pensée critique : mariages impossibles
Ceux qui comme Gérard Collomb appellent à se dresser contre « les casseurs » ou les « black blocs », s’évertuent à faire croire aux citoyens qu’ils vivent encore en démocratie. Nombre d’historiens, sociologues et politologues ont pourtant déjà tiré la sonnette d’alarme et expliqué comment, au cours du vingtième siècle, en même temps que la démocratie progressait, les élites gouvernantes et celles des entreprises ont œuvré à déployer leur propagande « dans le but de maintenir leur pouvoir à l’abri de la démocratie » (Alex Carrey, Taking the risk out of Democracy, 1995).
En fustigeant la violence des black blocs, ces élites tentent de dresser un paravent devant la violence bien réelle du monde qu’ils ont contribué à créer, et dont elles profitent. Elles s’emparent de chaque vitrine brisée et de chaque façade taguée, pour organiser le brouillard médiatique qui cache la violence de leurs projets, et les maintient au pouvoir.
Faut-il rappeler les formes que prend cette violence masquée ? L’exemple de Bure est là aussi éloquent. Là, mais aussi dans le reste de la Meuse et jusqu’en Haute-Marne, la plupart des projets culturels, les salles de village, mais aussi les infrastructures publiques comme les mairies, les écoles, les voiries locales bénéficient d’une manne nucléaire difficile à refuser. 30millions € par an pour chacun de ces départements. Depuis 2000, le GIP, groupement d’intérêt public chargé de l’accompagnement économique du projet CIGEO (et financé par les principaux acteurs de la filière nucléaire) a permis de déverser plus d’1 milliard € dans la région. « Il n’y a ni justice ni liberté possible lorsque l’argent est toujours roi », a écrit Albert Camus. Le territoire meusien en est une démonstration vivante.
Faut-il rappeler aussi que le choix de la Meuse pour le stockage des pires rebuts nucléaires de la France (10.000 m3 de déchet hautement radioactif, dits de haute activité (HA) et 70 000m3 de déchets de moyenne activité à vie longue (MA- VL)) ne tient pas tant de la qualité de son sous-sol argileux supposé garantir « un rôle de barrière géologique », que de sa faible démographie et de l’esprit de résignation qui y règne depuis la Première Guerre mondiale ? Que c’est pour cette raison que cet emplacement a été choisi alors que théoriquement, il pourrait se faire en Ile-de-France, où la même couche géologique se trouve… sous le siège-même de l’ANDRA, à Chatenay-Malabry. Claude Kaiser, ancien maire et aujourd’hui conseiller municipal d’un village voisin, rappelle régulièrement à juste titre qu’à la fin des années 1990, au cabinet du Premier Ministre Lionel Jospin, où il était reçu avec l’association des élus opposés au projet, sa conseillère leur a dit : « Mettez-nous 10.000 personnes dans la rue et là, on pourra peut-être commencer à discuter ». Lorsque les élus lui ont répondu qu’il était difficile voire impossible de mobiliser autant de monde en Meuse, celle-ci a alors rétorqué que c’était « bien pour ça que la Meuse a été́ choisie ».
Faut-il rappeler enfin que ce projet n’est dicté que par la volonté de se débarrasser à moindre coût de ces déchets ingérables, et de prolonger ainsi artificiellement une industrie pourtant économiquement moribonde, en prévoyant à terme que ce soient les riverains des installations de stockage qui en deviennent, seuls, les gardiens ? Pour tenter de faire face à l’impossibilité de maintenir la mémoire d’un stockage qui restera dangereux pour des dizaines et même des centaines de milliers d’années, soit des périodes de temps d’ordre géologique, qui imposent de pouvoir communiquer non pas avec les générations futures mais avec les civilisations futures, la France (comme les autres pays producteurs de déchets radioactifs) mise à la fois sur l’oubli, et sur un principe méconnu du grand public, s’inspirant en cela d’un consensus international : le projet COWAM-2, réseau européen de réflexion sur la gouvernance à long terme de la gestion des déchets radioactifs, préconise de créer des liens durables entre les installations de stockage et les populations des territoires qui les accueillent… En clair, il s’agit d’espérer un oubli total de ces installations, et de parier que personne ne veuille un jour y pénétrer pour une raison ou pour une autre, mais de tenter de modérer le risque que cet oubli n’intervienne pas rapidement après l’abandon des installations dans quelques siècles, et surtout de faire taire les inquiétudes et protestations de ceux qui actuellement mesurent ce risque, et refusent de le faire courir à ceux qui vivent là aujourd’hui et vivront là dans des lendemains plus ou moins lointains. Cette stratégie aux allures schizophréniques, un jeu d’apprenti-sorcier, vise avant tout à faire accepter à la population des pays producteurs de déchets qu’une solution acceptable existe pour leur gestion, alors qu’il n’en est rien à ce jour.
Plus que jamais, il faut remettre la violence dont on accuse aujourd’hui les opposants au projet CIGEO en perspective de celle qui se trouve en face: celle de la colonisation d’un territoire et des esprits de ceux qui l’habitent, que ce soit par la force, les stratégies de communication, ou l’argent. Et se rappeler que si d’autres luttes (y compris anti-nucléaires, comme celle de Plogoff) ont été remportées, c’est parce qu’elles ont pu compter sur la complémentarité des pratiques de contestation, pour contrer la machine de l’Etat.
« Le nucléaire et la démocratie n’ont pas d’atomes crochus »
C’est pour toutes ces raisons que la lutte anti-nucléaire, et celle contre le projet CIGEO en particulier, constitue un baromètre de la démocratie sur lequel nous devrions tous avoir les yeux rivés. Ce que nous apprend la répression à son encontre, c’est que si l’on n’y prend garde, dans d’autres domaines aussi « (…) la rue protestataire n’est pas à l’abri de découvrir que le droit pénal peut (…) constituer le moyen de faire en sorte que désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoive ».
C’est parce que « le nucléaire et la démocratie n’ont pas d’atomes crochus », comme osent l’écrire Jean-Claude André (directeur de recherches au CNRS), Ariane Métais (productrice de films documentaires) et Barbara Redlingshöfer (Ingénieur à l’INRA), que ce qui se passe aujourd’hui autour de la question de l’enfouissement des déchets nucléaires (à Bure ou ailleurs) devrait tous nous préoccuper. « En réalité, ce qu’on étudie depuis 1995 sur le secteur de Bure, ce n’est pas le sous- sol. C’est vous et nous. C’est notre capacité à résister… ». Dans l’ouvrage collectif L’opposition citoyenne au projet Cigeo (Editions L’Harmattan, 2017), Corinne François, membre du Collectif Bure Stop, rappelle ce constat établi par élu lors d’une réunion publique en 2008. Selon le géographe Pierre Ginet, directeur de cette publication, « le secteur du nucléaire révèle ainsi, c’est notre hypothèse, un conflit opposant une aristocratie technique, politique et financière qui décide, communique et revendique sa légitimité à une population priée de se cantonner au rôle de consommateurs et d’électeurs invités à reconduire les membres d’une classe politique qui leur adresse la maréchaussée lorsqu’ils se rassemblent pour la questionner, comme c’est le cas à Bure où un projet d’enfouissement de déchets nucléaires de moyenne et haute activité est envisagé ». Alors qu’un lieu de stockage de déchets nucléaires devrait être le plus stable possible, hors temps et hors monde, à savoir en dehors de l’emprise de la société́, du politique et du temps, la question qui émerge est celle de la compatibilité du monde nucléaire avec la démocratie ou même la politique, qui ont toutes deux besoin de changements permanents. Dans un rapport de 1958 (Questions de santé mentale que pose l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques. Rapport Technique, n°151, OMS, Genève, 1958), l’organisation mondiale de la santé estimait que « du point de vue de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude »… À cette heure, heureusement, cette génération ne semble pas encore être née.
Cette semaine, plus de 150 personnalités du monde journalistique, culturel, juridique, académique, artistique, politique ou militant (parmi lesquels Cyril Dion, La Parisienne libérée, Frédéric Lordon, Guillaume Meurice, Bouli Lanners, Marion Hänsel et bien d’autres) ont manifesté leur solidarité vis-à-vis des opposants anti-nucléaires sur lesquels la répression de l’État français s’abat en ce moment. Leur tribune, intitulée « Avec Bure, nous sommes toutes et tous des malfaiteurs ! », exige l’abandon des poursuites contre les opposant(e)s et la fin des opérations d’intimidation. Publié sur Mediapart, Reporterre, Lundi Matin, Politis et Basta, elle peut être soutenue par l’ajout de nouvelles signatures sur Change. Tous ceux qui s’opposent à cette répression se sont rassemblés un peu partout en France et ailleurs.
Ceux qui luttent aujourd’hui contre l’enfouissement des déchets radioactifs ne se dressent pas seulement contre leur possible oubli et ses conséquences. Ils se battent parce qu’ils pensent que chaque jour qui passe nous offre la possibilité d’écrire notre futur dans la dignité.
Isabelle Masson-Loodts