Fujimorisme

Histoire américaine

Dans ce numéro d’Histoire américaine, nous revenons sur la décennie au cours de laquelle Alberto Fujimori, élu président du Pérou en 1990, a gouverné. Le 6 juin, lors du second tour des élections présidentielles, les Péruviens devront choisir entre Pedro Castillo, candidat du parti de gauche Pérou Libre, et Keiko Fujimori, candidate de la droite autoritaire Force populaire, et fille d’Alberto Fujimori. Sa victoire éventuelle ouvrirait un gouvernement néo-fujimoriste.

Fujimori, rappelons-le, a été élu en 1990. En 1992, il a dissous le parlement par la force, soutenu par les militaires. En 1993, il a imposé une nouvelle constitution, en vigueur jusqu’à aujourd’hui. Fujimori a été réélu en 1995, et élu une troisième fois en 2000, mais cette fois, il n’a pas fait long feu. Accablé par la découverte des escadrons de la mort et les impressionnants scandales de corruption, Fujimori s’est enfui au Japon d’où il a envoyé sa démission.

Nous avons été inspirés par le documentaire “El viento de todas partes“, de Naella Producciones, soutenu par le gouvernement canadien.

 

Le Pérou dans les années 1980

En 1985, Alain Garcia remporte les élections. C’est la première victoire de l’Action révolutionnaire pour la révolution américaine, l’APRA, qui avait été empêchée de gouverner jusque-là. Tout a bien commencé : il a réussi à relancer la production nationale et à obtenir une croissance économique de 10% en 1986, à réduire l’inflation et, à contre-courant, à limiter le remboursement de la dette à 10% des exportations, ce qui signifiait une rupture avec le FMI. Sans emprunt, Garcia émet de la monnaie, car le Pérou entre en hyper inflation : 1 722% en 1988, 2 775% en 1989 et 854% en 1990.

En 1987, García a tenté de nationaliser les banques, ce qui a provoqué une forte opposition de la droite. L’écrivain Vargas Llosa est devenu la force motrice du Frente Democrático, un parti néolibéral, défenseur tenace des banques privées.

La guérilla du Sentier Lumineux s’intensifie
Dans le même temps, en 1986-87, la guérilla du Sentier Lumineux s’intensifie, avec des attaques de plus en plus nombreuses contre les infrastructures, l’armée, et même contre les paysans et les dirigeants syndicaux. Cela a conduit les militaires à former des escadrons de la mort et à perpétrer des massacres, qu’Alain Garcia n’a pas pu ou voulu contrôler.