ENQUÊTE SUR UN SCANDALE AUX DROITS DE SUCCESSION
ÉVASION FISCALE – L’affaire Verbruggen – Épisode 11/11
On ne vous avait pas tout dit. Ahurissant, des dossiers ont disparu.
-En 2007, le plaignant Luc Verbruggen, Maître Emmanuel de Wilde d’Estmael et Maître Robert De Baerdemaeker représentant les cinq héritiers anti-droits d’enregistrement absents, comparaissent en audience en présence de la juge d’instruction Silviana Verstrecken. C’est alors qu’à l’ouverture de l’audience, la Présidente annonce que le dossier Verbruggen a disparu. Luc Verbruggen a quelques difficultés à faire acter cette disparition. Se retournant vers la juge d’instruction, celle-ci lui confirme également que le dossier s’est envolé. A l’époque, le dossier faisait déjà un mètre de haut. Il a finalement été retrouvé. Ce jour-là, il semble bien qu’il ait été utile qu’il se soit volatilisé pour empêcher l’audience de se tenir au nom du principe constant de « gagner du temps ».
Des déclarations de magistrats et d’avocat sidérantes. Morceaux choisis.
Un avocat (de l’intérêt) général, Jean-Francois Godebille, qui explique dans son réquisitoire (verbal) qu’une fausse déclaration de succession n’est pas un faux en écriture, ne peut que troubler ceux qui lisent la formule qui précède leur signature sur une déclaration de succession : ils penseront que le « sincère et véritable » n’est qu’accessoire.
Un avocat des héritiers rebelles aux droits de succession qui défend depuis l’origine l’incroyable thèse selon laquelle c’est la mère au foyer sans profession qui a constitué la fortune, mais qui en appel précise que si la Cour devait conclure que ce n’est pas le cas, il faudrait alors qu’elle considère que ce ne sont pas les enfants qui ont volé la succession, mais que c’est la maman décédée bien avant cette audience de Cour d’appel !
Fiasco judiciaire.
12 avril 2002 : Robert Verbruggen laisse à ses héritiers une fortune colossale.
8 octobre 2020 : Sa succession n’est toujours pas liquidée. L’Etat belge n’a toujours pas perçu un centime sur les droits de succession.
Plus de dix-huit années se sont écoulées pendant lesquelles l’un des héritiers, Luc Verbruggen, se bat pour faire émerger la vérité. Cela l’a conduit à la ruine et la justice est toujours impuissante, à moins qu’elle ne regarde ailleurs.
Pas d’hypocrisie ! Il s’agit d’une évasion successorale à schéma classique. Alors passivité , complaisance ou complicité de la part de ceux qui ont la responsabilité de la combattre?
Saisir les pièces à conviction permettant de valoriser la succession. Dès demain !
Suite à une instruction qui avait bien démarré, des perquisitions rondement menées dès le 13 mai 2003 avaient permis de disposer de pièces à conviction qui par après ont été écartées au nom du secret professionnel brandi avec force et véhémence par une cohorte de Bâtonniers en fonction ou ex-Bâtonniers. Dix-sept années après, personne ne peut penser sérieusement qu’administration fiscale et justice réunies ne puissent obtenir que toutes les données comptables et sociales des sociétés constituant la succession ne puissent être obtenues. L’administration fiscale s’est constituée partie civile le 29 avril 2008 et a procédé à une saisie conservatoire de 25 millions d’euros le 8 août 2012, cependant qu’une autre saisie conservatoire était effectuée le 24 janvier 2014 sur la succession de la mère à hauteur de 6,6 millions d’euros ; depuis, les saisies conservatoires ont systématiquement été renouvelées, mais sans plus d’autres actions. Pourquoi ? En attendant, ce sont les finances de la région Bruxelloise qui voient passer sous leur nez un magot dont il est impensable qu’elles ne puissent pas s’en saisir dans les plus brefs délais ; c’est d’autant plus impératif en ces temps de finances publiques mises à mal par la pandémie Covid 19. Alors, administration régionale, fédérale et justice, rassurez vos administrés, ces millions d’euros doivent rentrer demain.
Le gang des cinq héritiers fait obstruction et la justice regarde ailleurs.
-Entre le premier expert judiciaire et le cinquième (oui le cinquième !) en fonction, il s’est écoulé de nombreuses années pendant lesquelles tous se sont heurtés à une obstruction absolue de la part du gang des cinq héritiers et rien n’a été fait, n’est fait pour les contraindre.
-Pourquoi la justice a-t-elle été jusqu’à présent incapable d’imposer les mesures coercitives adéquates ? C’est tout simplement incompréhensible et proprement révoltant pour qui fait confiance à la justice de son pays.
-Comment les juges qui ont la décision entre leurs mains peuvent-ils justifier de regarder le temps s’écouler et le gang des héritiers continuer à narguer non seulement la partie adverse mais aussi ceux, mandatés par elle, qui doivent valoriser la succession ?
-La justice attend-t-elle un expert qui se pliera aux incroyables exigences du gang qui, en résumé, explique en filigrane à l’expert actuel et aux quatre autres qui l’ont précédé tout ce qu’il ne faut pas investiguer afin de lui permettre d’obtenir le rapport conforme à ce qu’il veut, la justice pouvant alors fermer les yeux à bon compte sous le couvert d’un rapport d’expert ?
-Comment les juges ne peuvent-ils pas conclure que ce que le gang cache, c’est tout simplement la vérité ?
-Comment la justice peut-elle faire fi du fait que l’Etat, partie à la cause, dont ils sont les fonctionnaires, est bafoué ?
-Comment et pourquoi la justice en est-elle arrivée là ?
-Qu’attendez -vous, Mesdames et Messieurs les juges pour exiger que tout ce dont l’expert a besoin pour valoriser cette succession soit mis sur la table ? Vous disposez des moyens pour convertir votre exigence en réalité. En ne le faisant pas jusqu’à présent, tout citoyen responsable conclura que vous portez une très lourde responsabilité.
Pourquoi juger à Bruxelles de la gigantesque succession du plus gros notaire bruxellois de l’époque ?
Verbruggen, c’est plus d’un siècle de notariat à Bruxelles. La famille Verbruggen, c’est Bruxelles depuis toujours et une très forte présence dans les métiers du droit et du chiffre. Pourquoi cette affaire n’a-t-elle pas été dépaysée ? Pourquoi la décision prise par les juges pour la désignation des notaires judiciaires consistant à nommer des notaires de Namur et non pas de Bruxelles, eu égard à ce passé notarial de la famille Verbruggen, n’a-t-elle pas été prise pour l’instruction pénale et le procès correctionnel qui s’en est suivi ? Pourquoi les Bâtonniers concernés n’ont-ils pas agi de manière aussi déterminée sur cet aspect- là ,qu’ils l’ont fait pour le prétendu secret professionnel ?
Les politiques doivent s’emparer du dossier Verbruggen.
Les enjeux sont considérables pour les finances publiques, celle de la Région Bruxellois en l’occurrence, même si c’est l’Etat fédéral qui assure les opérations de recouvrement. Comment renoncer à plusieurs dizaines de millions d’euros de recettes fiscales alors que pour les percevoir, il ne suffit que d’agir ?
L’affaire Wackergom.
Elle a fait irruption soudainement au cours de notre enquête. Ce que nous avons pu collecter comme informations à ce stade conduit à une incompréhension totale quant aux décisions de la justice belge et à l’absence complète d’initiative prise pour entrer en contact avec la justice Sénégalaise. Il y a eu mort d’homme. Il y a un père et une mère âgés et dévastés qui, avec leurs enfants, veulent connaître la vérité. Les deux affaires sont nécessairement intriqués compte tenu de l’existence de l’ex-juge d’instruction Silviana Verstrecken dans les deux dossiers. Continuer à suivre de près l’affaire Verbruggen, c’est donc aussi continuer à suivre de près l’affaire Wackergom.
Quelques réflexions :
-Les Ordres professionnels et leur déontologie.
-Secret professionnel de l’avocat et évasion fiscale.
L’affaire Verbruggen nous montre à quel point l’invocation abusive du secret professionnel a été catastrophique pour la collectivité et celui qui a osé se mettre en travers. Le législateur a donc un rôle déterminant à jouer pour empêcher que ce secret professionnel et la réglementation qui l’entoure, constitue une néfaste opportunité pour les organisateurs de l’évasion fiscale. Et comme l’on connaît le poids des lobbies qui vont jusqu’à tenir la plume de certains législateurs, la pression citoyenne doit être vigilante et forte pour le contrecarrer.
-Les effets pervers des honoraires sur le résultat, pour les avocats.
Cette affaire porte sur un si phénoménal enjeu que le mode de rémunération des avocats fondé sur le résultat entraîne nécessairement des effets pervers auxquels le législateur devrait penser, notamment en matière d’évasion fiscale où les enjeux sont toujours très importants. Restreindre les possibilités d’honoraires sur le résultat pour les avocats fiscalistes pourrait très certainement contribuer à compenser les effets négatifs d’un élargissement du secret professionnel et à diminuer le nombre de candidats à l’organisation de l’évasion fiscale.
-L’entre-soi.
L’enquête nous montre que l’entre-soi est aussi spectaculairement présent chez les experts judiciaires, en tous les cas chez ceux qui sont nommés par le Tribunal de Commerce de Bruxelles. La création d’une sorte de hit-parade des mandataires judiciaires dans les domaines juridiques, comptables et financiers mérite incontestablement d’être effectué.
La justice et celui qui n’a plus les moyens d’être défendu par un avocat.
Luc Verbruggen clame depuis des années, sur son site et ailleurs, qu’il demande « que les actifs de la succession soient remis à leur juste valeur et à leur juste place ». Y parviendra-t-il ?
Christian Savestre
Après l’enquête.POUR.PRESS va continuer à suivre de très près l’évolution de l’affaire Verbruggen, maintenant indissociable de l’affaire Wackergom. C’est la fin de l’enquête que nous vous avions annoncée. Ce n’est pas la fin de la couverture par notre média numérique de l’affaire, ça n’est que le début. D’ores et déjà nous sommes en mesure de vous confirmer qu’une vidéo sera publiée à court terme sur notre site numérique ainsi que sur tous les réseaux sociaux sur lesquels POUR.PRESS, dont notamment sa page Facebook qui compte 143.000 abonnés. Cette affaire Verbruggen symbolise parfaitement ce que notre média combat et cela, sous de nombreuses facettes. Raison de plus pour continuer. Nous précisons aux lecteurs qui voudraient aller plus avant qu’ils ont tout loisir de se rendre sur le site suivant : https://verbruggengate.wordpress.com/. Ils pourront y retrouver tous les détails des conclusions, plaidoiries et autres arrêts qui nous ont permis de raconter cette incroyable histoire. Ce site existe depuis des années et est consulté par plusieurs milliers de personnes, dont les avocats du gang des cinq héritiers. Nous avons lu, étudié, analysé des milliers de pages de conclusions, d’arrêts, de rapports d’experts et comprenons que nombre de lecteurs soient rebutés par les quelques extraits d’arrêt dont nous avons jugé bon qu’ils soient publiés dans notre enquête. A ceux, mais aussi aux autres, qui pourraient être désespérés de l’aridité et de la raideur de ce langage juridique des arrêts , nous ne résistons pas à l’idée de vous communiquer l’exemple d’un arrêt qui démontre que la justice est à même de se départir de cette raideur qui plombe le moral des plus optimistes. Malgré la gravité du dossier, l’humour doit être au rendez-vous. En récompense de votre fidélité, le voici cet arrêt et merci pour votre lecture : C’est à Sallèdes dans le Puy-de-Dôme qu’une querelle de voisinage entraîne le sieur Rougier et les époux Roche devant la cour d’appel de Riom, le premier reprochant aux seconds de posséder un poulailler dont l’odeur et le bruit l’incommodent. Rougier avait obtenu du tribunal qu’il soit détruit, mais, en ce 7 septembre 1995, la cour d’appel va inverser la décision, et la rédiger en ces termes : “Attendu que la poule est un animal anodin et stupide, au point que nul n’est encore parvenu à la dresser, pas même un cirque chinois ; que son voisinage comporte beaucoup de silence, quelques tendres gloussements et des caquètements qui vont du joyeux au serein en passant par l’affolé ; que ce paisible voisinage n’a jamais importuné que ceux qui, pour d’autres motifs, nourrissent du courroux à l’égard des propriétaires de ces gallinacés ; attendu que la cour ne jugera pas que le bateau importune le marin, la farine le boulanger, le violon le chef d’orchestre, et la poule un habitant de Sallèdes… La cour déboute le sieur Rougier et le condamne aux dépends, c’est-à-dire, à rembourser les frais de justice dans lesquels il a entraîné ses voisins malgré eux.” N’attendez pas que les magistrats de l’affaire Verbruggen adoptent ce style pour nous lire ! Merci et à bientôt. POUR.PRESS Vous pouvez retrouver tous les épisodes de l’enquête sur notre site web Vous pouvez également télécharger le dossier complet en version PDF
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