Esclavage, colonialisme et musique

La destruction des arts africains, selon qu’il s’agisse des œuvres et techniques plastiques ou musicales, connut des sorts bien différents au cours des histoires de la traite, de la colonisation et de l’impérialisme postcolonial selon les pays colonisateurs, les missions et les populations dominées. Les œuvres plastiques furent tantôt détruites par les missionnaires sous prétexte de fétichisme ou d’idolâtrie, tantôt spoliées pour être revendues à des collectionneurs d’arts « primitifs »

Les cultures musicales (comme les langues et les autres moyens de communiquer) tels les tambours furent interdits dans les pays esclavagistes d’Amérique, avec des rigueurs qui variaient selon les religions des maîtres.
Les musiques et ceux qui en jouaient sur place ne purent être détruits ni vendus avant les techniques d’enregistrement et la musique, contrairement aux œuvres plastiques, on ne trouvait pas de demande chez des spéculateurs potentiels. Les cultures musicales (comme les langues et les autres moyens de communiquer) tels les tambours furent interdits dans les pays esclavagistes d’Amérique, avec des rigueurs qui variaient selon les religions des maîtres. La plupart des pays catholiques les toléraient mais les pays protestants interdirent les tambours. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à Trinidad, les Afro-Américains récupérèrent les fûts de gasoil laissés sur les plages par l’US Navy au cours de la guerre 40 pour créer des steeldrums ou steel pans et constituer des orchestres de percussions métalliques, les célèbres steel bands. Ces bidons sont sectionnés et la face inférieure est emboutie puis martelée pour y réaliser un ensemble de facettes produisant chacune un son de cloche réglée selon une gamme tempérée.

Le mélange forcé d’individus d’origines différentes obligea ceux-ci à parler la langue des maîtres et à chanter leurs hymnes ou à créer de toutes pièces des cultures et des musiques nouvelles qui étaient, au départ, des formes de dialectes des cultures des maîtres locaux. Les thèmes de jazz étaient souvent empruntés à des succès de la culture dominante mais « retravaillés » avec des développements improvisés sur de nouveaux rythmes comme le swing en Amérique du Nord et le cinquillo à Cuba.