Digital au travail, quid des travailleurs ?

Il y a 20 ans, on parlait de programmes informatiques. Il a 10 ans, on n’a plus parlé que d’algorithmes. Pour ce qui est du monde du travail, on craignait l’automation, la robotisation, la numérisation des tâches. Aujourd’hui, bien que cela soit la poursuite de la même logique de remplacement des savoir-faire humains par des dispositifs utilisant l’informatique, on emploie un seul terme : intelligence artificielle. Évidemment, c’est bien plus « vendeur » pour ceux qui imaginent les gains de productivité et les profits qui seront générés par ces dispositifs.

Face à ce « devenir-homme » des machines et au « devenir-machine » des hommes, bien des questions se posent. C’est la question « Digital au travail, quid des travailleurs ? » que Gabrielle Lefèvre a développée dans un article paru sur le site de notre confrère Entre les lignes. Ce sont des débuts de réponses que le CAL (Centre d’Action Laïque) tentera bientôt d’esquisser lors de son 32ème colloque sous-titré « Quel sera le travail demain ? ».

POUR relaie avec intérêt ces deux interrogations essentielles pour notre avenir commun.

AA – 10 février 2020

Le robot agricole de pointe, fabriqué par Sitia, permet d’alléger la pénibilité du travail, de réduire l’usage des herbicides et d’employer moins de travailleurs. Photo © Sitia

Digital au travail, quid des travailleurs ?

Selon une étude de Manpower Group auprès de 20.000 employeurs dans 42 pays, 87% de ceux-ci ne vont pas réduire leurs effectifs de travailleurs mais plutôt engager, en raison de l’automatisation car « les robots exécutent des tâches mais n’exercent pas un emploi ».[1]

Plus encore, l’automatisation nécessite la création de nombreux postes à pourvoir, précise la revue Perspective de Proximus. Agoria estime qu’en Belgique il y aurait 584.000 postes vacants non pourvus d’ici à 2030, soit 1 sur 10. Il faut donc impérativement reconvertir 310.000 chômeurs et travailleurs, c’est-à-dire les former pendant plusieurs mois afin qu’ils soient à niveau de la transformation digitale. Et les travailleurs qui gardent leur poste devront eux-aussi passer au recyclage obligatoire. Le slogan est « Activez ! » : activer les personnes sans emploi, encourager la migration économique, travailler plus et plus longtemps, adapter les formations à la demande.

Voilà qui ressemble à la transformation progressive d’êtres humains en robots.