POUR participe à l’élaboration collective d’un monde meilleur
La crise sanitaire que nous devons tous affronter par la grâce du coronavirus nous pousse tous à réfléchir à quelle devra être, demain, l’organisation de nos sociétés pour ne pas poursuivre comme des moutons l’actuelle logique suicidaire. Dans cette perspective, POUR souhaite publier des textes et vidéos qui inaugurent cette réflexion à la suite de notre texte sur les leçons que nous devrons retenir collectivement. Nous vous proposons ainsi quotidiennement les billets que Paul Hermant, actif dans le collectif des Actrices et acteurs des temps présents[1] écrit régulièrement. Voici le 5ème épisode de ses « Corona carnets ». A.A. |
J’avais mal compris, l’autre jour, pour les librairies. Elles sont bel et bien fermées. Par librairies, il fallait entendre « buralistes » ou « marchands de journaux ». Et vendeurs de billets de Lotto. La centralité du livre, limitée à la tête de gondole, voilà.
Stéphane disait tout à l’heure : « Désormais, chaque jour vaut un an ». Je relis mes premières notes, ce que je disais du travail auquel on envoyait les gens, chair à production, bouche à consommation. Cette disposition intenable n’a pas tenu. Depuis les annonces du renforcement du confinement, c’est-à-dire il y a un peu plus de 24 heures, il n’était décidément plus possible de prétexter de l’essentialité de la marchandise et je n’ai plus vu les ouvriers de la construction manger leurs tartines assis en rond à midi. Les patrons voyous désormais sont ceux qui ne respectent pas les règles de la distanciation sociale. Je relis deux fois ce que je viens d’écrire pour être certain de bien me comprendre.
Pour le reste, les 750 milliards européens promis pour soutenir l’économie des conséquences de l’épidémie sont-ils à ajouter ou à retrancher des 1.000 milliards (en 10 ans) prévus pour le Green deal ? Les effets environnementaux des réductions d’activités en Europe sont déjà visibles. Cela va donc si vite. C’est bien qu’on se rende compte.
Les 1.500 ouvriers qui quittent leur poste à la Sonaca ne sont pas satisfaits du montant mensuel que leur réserve le chômage technique, 30% de salaire en moins. Ils revendiquent un appoint du patronat et un juste retour des ristournes accordées par l’ONSS. Cela va donc si vite. C’est bien qu’on se rende compte.
Pour le reste, la Chambre a voté la confiance au nouveau gouvernement avant d’accorder aussi les pouvoirs spéciaux. On les dit contingentés à la situation. Moi je dis : est-ce que l’explosion financière qui suivra la crise sanitaire sera la continuation de la situation par d’autres moyens ?
Pour le reste, l’hôpital Saint-Pierre, centre de référence pour le Covid-19, lance une collecte publique pour l’achat d’une dizaine de respirateurs.
Pour le reste, la banque alimentaire fait un appel aux dons.
Pour le reste, personne n’apporte plus de nourriture à la plateforme citoyenne.
L’hôpital, la banque et la plateforme.
Ceci n’est pas un confinement, c’est une lisière.
Paul Hermant – 20 mars 2020
Corona carnets
Jour 2 – Le piège |
[1] Les Acteurs des temps Présents sont nés à la fin de l’année 2013 d’une ce entre des métallurgistes et des fermiers peut sembler assez singulière, mais c’est pourtant ce front commun inédit entre métallos de la MWB et agriculteurs de la FUGEA qui a contaminé d’autres secteurs sociaux, culturels ou économiques comme les artistes, les allocataires sociaux, le monde académique ou le secteur associatif. Les politiques néolibérales, portées alorrestructuration de trop chez Arcelor Mittal et d’un trop plein de cessations d’activités de fermes en Wallonie. A priori, cette allians par un gouvernement fédéral de coalition, et leurs conséquences en termes de logiques d’austérité et d’appauvrissements de toutes sortes étaient au cœur de la création des Acteurs des temps Présents. Elles le sont toujours aujourd’hui.