Corona carnets – Jour 12 – Le fusil

POUR participe à l’élaboration collective d’un monde meilleur

La crise sanitaire que nous devons tous affronter par la grâce du coronavirus nous pousse à réfléchir à quelle devra être, demain, l’organisation de nos sociétés pour ne pas poursuivre comme des moutons l’actuelle logique suicidaire. Dans cette perspective, POUR souhaite publier  textes et vidéos qui illustrent quelles seront les leçons que nous devrons retenir collectivement pour que « le jour d’après » ne ressemble pas aux « jours d’avant ». Voici le 12ème épisode des Corona carnets, ces billets que Paul Hermant, actif dans le collectif des Actrices et acteurs des temps présents[1], nous propose chaque jour

A.A.

Jour 12 – Le fusil

 

Le jour de déconfinement, c’est pas festif, c’est manif. Je lance le slogan. Je le pose ici. Il faut se préparer à un jour d’après qui soit une suite, pas une fin.

Ce qui continue de sourdre des salles d’hôpitaux est terrible. Non pas seulement pour ce qui concerne la gravité de la situation sanitaire et la souffrance que l’on peut y percevoir, mais aussi pour les conditions de travail épouvantables qui sont faites aux soignantes et aux soignants et pour la prise de risque insensée à quoi l’indigence néolibérale les oblige. La situation est la même pour ce qui se passe en dehors de l’hôpital, là où les premières lignes dispensent encore, quand elles le peuvent et quand cela est possible, soins ou services. Les nettoyeurs de Fukushima ou de Tchernobyl, est-ce que c’était vraiment autre chose dans l’esprit ?

On lit ici et là que l’État est bel et bien à la manœuvre, qu’il montre par là qu’il existe encore, que le néolibéralisme n’a pas eu sa peau, mais c’est faux. Ce n’est pas l’État qui est là, ce sont ses soutiers, ses sous-mariniers, ses sous-fifres auxquels la ministre de ressort a encore une fois claqué la porte du refinancement au nez. Il faut imaginer un instant l’implacabilité de ce que je viens d’écrire, la ministre de la santé (petit «s» toujours) refusant de revoir ses comptes devant des gens fatigués et peut-être malades mais en tout cas déjà sacrifiés, nettoyeurs nettoyés, dégraissés. Aucune charité pour l’hôpital, mais des balles pour l’ambulance. Nous devrons repartir avec cela aussi.