Vedettes
Le Brésil et l’Argentine présentent des plateaux incroyables, des totaux de talents qui font pâlir toute la concurrence, mais ce ne sont pas de vrais assemblages, ni des combinatoires intelligentes qui permettent de dérouter des défenses organisée. La tendance des entraîneurs est tout bêtement de se laisser entraîner par les joueurs réputés les plus décisifs dans leur formation.
Devant la Croatie, l’Argentine attendait que Messi trouve l’occasion de placer l’un ou l’autre des ses dribbles. Mais il fallait aller le chercher. On a appris qu’il n’est pas de vedette si celle-ci n’a pas un entourage habitué à jouer collectif en tablant sur son atout au meilleur moment. Les Croates, fantastiques roublards, footballeurs affûtés, organisés, sont parvenus à priver la vedette adverse de toute alimentation, au point de lui faire apparaître des attitudes de chien battu, de combattant résigné, et d’inspirer jusqu’à la pitié mondiale.
A l’émission spéciale foot de la principale télé argentine, les présentateurs ont opté pour un commentaire sobre de la prestation nationale : une minute de silence (réelle!).
Les Croates disposent de vedettes moins péremptoires à qui n’est jamais venue l’idée d’être à elles seules les clés du succès. Une bonne équipe, outre sa combinatoire astucieuse, doit être capable de faire mal jouer l’adversaire. Il faut des personnalités pour réussir cela, ne jamais avoir froid aux yeux. Et le moins qu’on puisse écrire, c’est que les Croates ont l’expérience, le tonus et le sens collectif pour glacer l’adversaire. A suivre encore et encore, Modric, petit format du Real Madrd, Mandzukic, grand format de la Juve Turin, et Rakitic, l’expérimenté de Barcelone, etc, etc. Qualifiés, ils sont soudés pour encore briller.
Au troisième match, l’Argentine passe à la dernière minute et le Nigeria rate l’exploit de très peu.
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Le Brésil, dont on attend tout, ne donne rien. Il est qualifié après deux matchs seulement, suite à une pauvre démonstration et grâce à une chance qui ne se représentera pas. Tout tourne autour de Neymar, dans les commentaires du moins, car ça ne tourne pas pour Neymar sur les terrains.
Ici, la vedette est rendue faussement indispensable par un environnement « total » qui le juge indispensable. Mais une vedette sur qui on braque les spots quand elle n’est que moyenne est une vedette qui pâlit. Riche de toutes les qualités possibles présentes dans le foot, le Brésil pourrait aligner beaucoup d’autres joueurs en attaque, mais voilà, la parole et la décision est au peuple qui attend comme un messie. Il risque de la payer cher.
Le Brésil passe par la petite porte.
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Vedette talentueuse s’il en est, Cristiano Ronaldo a fait un match époustouflant, d’entrée contre l’Espagne. Force, talent, sens collectif, tout est parti en sa faveur dans ce Mondial. La planète l’a de suite placé au sommet de la Terre, et c’est vrai qu’on n’a plus imaginé autre place pour lui que la première.
Puis vient la troisième rencontre contre l’Iran. Un Iran étonnant qui ne s’en laisse pas conter, dispute chaque phase avec courage. Ronaldo ne reproduit pas ses prestations du début, il sent en lui que son statut d’hyper-vedette retombe et commet une faute qui aurait du être considérée comme irréparable, méritant l’exclusion. Après conciliabules, l’arbitre donne un carton jaune seulement, grosse tache sur le déroulement de la compétition.
Le Portugal s’en sort par la petite porte.
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C’est un truisme de prétendre qu’un match se gagne en équipe, et qu’une équipe ne se construit pas autour d’un seul homme. Si ce seul homme entend être indispensable, c’est en complément des autres et pas en unique solution.
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Pour la Belgique, ce type de réflexion n’est pas inutile Il faut encore trouver une place à De Bruyne qui semble toujours apprécier ses qualités propres sans aimer ses partenaires. Ce n’est pas le cas de Hazard qui est bien servi parce qu’il sert bien. Et il faut faire attention à Lukaku qui n’est pas là pour être tout seul meilleur buteur mais est aligné pour que son équipe gagne.
Autre « cas » : la France. Le jugement porté en France sur l’équipe de France est qu’elle ne compte QUE des vedettes. Depuis le début, on voit des attaquants ne pas se trouver ou se marcher sur les pieds. A une journaliste qui posait la question futée « que reste-t-il à faire pour être champions du monde ? », on répondra « sortir du vedettariat ».
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A noter, le nombre incroyable de parties se jouant par des buts décisifs en toute fin de match. Il s’en faut souvent de très peu pour basculer du rien au tout, de l’oubli à la lumière du tour suivant.
Gérard Lambert
