A la recherche de l’Europe sociale oubliée

Carte blanche

En 2024, l’Institut d’études européennes de l’ULB (IEE-ULB) a soixante ans ! Pour scander cette année anniversaire et très « européenne », il convie ses membres à réfléchir à des questions fondatrices de l’intégration européenne en 1964 et toujours d’actualité en 2024. Cette semaine : La question de l’Europe sociale, expression nébuleuse s’il en est, est à l’agenda des débats européens depuis les origines de la construction européenne. Cette carte blanche vise à mettre en lumière les premiers projets de politique sociale, les esquisses d’une Europe sociale oubliée.

L’histoire des échecs de l’Europe sociale révèle la nature des premières institutions européennes et leurs incapacités à être un véritable terrain fertile pour de politiques sociales européennes ambitieuses. En regardant l’échec d’un statut européen du mineur, c’est toutes les ambiguïtés d’un projet européen qui oscille entre solidarité et compétition entre citoyens et travailleurs européens.

Les premières institutions européennes sont désarmées dans le registre social.
Le 4 juillet 1964, une vingtaine de milliers d’ouvriers mineurs se réunissent à Dortmund pour revendiquer la création d’une Europe sociale. Pour la première fois, une manifestation européenne rassemblant des citoyens des six Etats membres s’organise pour que la Communauté européenne devienne un acteur institutionnel capable de mettre en place une véritable politique sociale. Ambitieuses dans les intentions de solidarité et d’amélioration des conditions d’existence, les premières institutions européennes sont désarmées dans le registre social. La nébuleuse expression « Europe sociale » posait ses premiers jalons. Mirage ou oxymore, cette idée d’un espace européen de solidarité avait néanmoins porté les élans de nombreux militants européistes depuis 1944.