Le collectif «NO PUB NO PRISON» a placardé dans la nuit du 2 au 3 décembre des centaines d’affiches dans les rues et stations de métro bruxelloises pour dénoncer un système carcéral nocif et obsolète ainsi que leur colère face au projet de construction d’une maxi-prison à Haren.
Les chiffres témoignent d’un système carcéral défaillant : alors que l’enfermement devrait être la peine ultime, le dernier recours, 40% des personnes actuellement en prison sont en détention préventive (et n’ont donc pas encore été jugées). Quant au taux de récidive après un passage en prison, il est supérieur à 50%. En manquant d’offrir un suivi psychologique adéquat (les délais d’attente pour rencontrer un·e psychologue dépassent un an dans certaines prisons), en faisant l’économie d’un vrai travail de réinsertion, la prison organise l’exclusion et la violente désocialisation des individus qui passent entre ses murs. Le taux de récidive exorbitant est la preuve lancinante d’une logique carcérale obsolète et nocive non seulement pour les détenu·e·s, mais pour l’ensemble de la société.
Depuis 2008, le Masterplan est annoncé et se met en place. La mise à exécution des courtes peines d’emprisonnement est matière acquise. Le renforcement de la sévérité pénale se consolide d’années en années. Ainsi, 13 projets d’extension et de construction de prisons ont été effectués ces dernières années ou sont actuellement en cours, parmi lesquels le projet de maxi-prison prévu à Haren, Le taux de détention préventive est grandissant et les peines s’alourdissent pour les détenus.
Remis en question sur tous les axes du système carcéral, la Belgique et plus précisément notre ministre de la Justice, Koen Geens, n’entend pas les critiques venant de toute part avec des revendications variées mais laissant transparaître un malaise grandissant plus profond et commun à toutes ces plaintes. La Cour européenne des droits de l’homme réprimande la Belgique années après années pour le non-respect des conditions de détentions pour les problèmes liés à la surpopulation, ainsi que les grèves des matons invoquant le manque de moyens structurels n’ayant eu aucun aboutissement.
Des instances juridiques aux travailleurs de terrains ainsi que les incarcérés eux-mêmes expriment le non-sens du système actuel. Par exemple, avec la démission des experts de la Commission de réforme du Code pénal et des rébellions des incarcérés pour dénoncer le manque de moyens structurels.
Avant d’avancer tête baissée dans une dynamique plus répressive et incarcératrice, le système carcéral actuel doit questionner sur le fonds de son fonctionnement. Pourtant, Mr Geens, ne traite que la surface des problèmes : réduire la surpopulation carcérale et construire des prisons « plus humaines ». Pourtant, les rapports des instances nationales et internationales sont unanimes : plus on construit, plus on enferme. Le Comité de Prévention contre la Torture estime en effet que « le seul moyen fiable de réduire le surpeuplement consiste à adopter des politiques destinées à limiter ou à modérer le nombre de personnes en détention », la première priorité devant être « de veiller à ce que l’emprisonnement soit véritablement la sanction ultime ».
Le projet de construction de la maxi-prison à Haren est le symbole du non-sens carcéral et doit être d’urgence dénoncée :
Au niveau environnemental, il s’agit de 19 hectares de terres arables, d’une biodiversité hors du commun et d’une source qui sont mis en danger pour laisser place à du béton, le tout sur une commune déjà très morcelée en matière urbanistique entre l’OTAN, le dépôt STIB, atelier Infrabel, …
Au niveau judiciaire, plusieurs points sont à dénoncer. Une population de 300-400 détenus maximum permet de garder une dimension humaine et présente une meilleure efficacité aux niveaux des coûts au sein de l’établissement. Celle de Haren se retrouve avec 1190 détenus. Second point, le syndicat des magistrats a déjà dénoncé le problème de distance entre ce projet d’établissement et le Palais de Justice, marquant par la même occasion le problème constant de repousser la précarité du centre vers l’extérieur de Bruxelles. Enfin, cette construction se fait sous forme d’un PPP (Partenariat public-privé), dont l’Angleterre et la France dernièrement n’ont pas manqué d’arrêter ce type de contrat étant donné son manque de rentabilité aux profits des acteurs privés.
Au niveau démocratique : pas de consultation citoyenne pour la mise en place de projet qui coutera plus de 3 milliards d’euros sur 25 ans. Le tout sans que le contrat liant la Régie des Bâtiments et Cafasso (le Consortium signataire privé) n’ait pu être livré de manière publique à nos parlementaires autant que nos citoyens, et ce à maintes reprises.
Par cette action, le collectif entend dénoncer l’absence pathologique de réflexion sur le sens de la prison et l’enfermement comme solution à tous les maux, l’absence de volonté gouvernementale de mettre en place des réformes structurelles et l’opacité des décisions liées à la construction de la maxi-prison à Haren.
La prison exclut, elle renforce les inégalités, elle précarise, elle déshumanise. Le message porté par le collectif est le suivant : STOP à un système carcéral dépassé et dangereux. STOP aux logiques d’exclusion et aux politiques répressives. STOP au projet de maxi prison de Haren.
Le collectif «NO PUB NO PRISON»